#61 Décryptage de la société à mission Ma Boussole Aidants
(temps de lecture: 5 minutes)
Chère lectrice, cher lecteur,
Ravi de vous retrouver pour ce 61e décryptage de mission. Le vote a été serré avec une égalité. Par choix tout à fait arbitraire et pragmatisme, c’est le décryptage de la mission de Ma Boussole Aidants que vous allez découvrir.
De manière transparente, Abc&co n’a pas répondu à ma demande de me fournir l’ensemble de sa mission et ne communique que sur sa raison d’être (cf. mon édito de la semaine dernière).
Avant de passer au décryptage, je vous propose de voter pour le décryptage de la société à mission de la semaine prochaine entre Tenergie, développeur et producteur français d’énergies renouvelables, et MV Group, entreprise spécialisée dans le marketing digital. Là, c’est bon : j’ai les missions complètes !
Le son du décryptage
J’y ai pensé d’un coup ! Mais bien sûr “Help!” des Beatles. On ne se lasse jamais d’un tel morceau et je suis certain que vous ne l’avez pas écouté depuis très longtemps. Incontournable !
Le décryptage
Ce décryptage est assez particulier à plusieurs égards. Tout d’abord, Ma Boussole Aidants ne vient pas de passer société à mission il y a quelques semaines ou mois, mais j’ai eu un mal fou (vraiment !) à trouver les raisons d’être et objectifs de nouvelles sociétés à mission, probablement dû à la période estivale où les entreprises communiquent moins.
Ensuite, Ma Boussole Aidants est officiellement née à mission en octobre 2020, mais avec une particularité essentielle : c’est une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Petit rappel sur ce que c’est. Il y a quelques Scop à mission, mais c’est un autre modèle de coopérative. En revanche, je n’ai pas d’autre SCIC en tête — corrigez-moi si je me trompe.
Le projet est né du constat que les ressources publiques à destination des aidants diminuait, alors que le nombre d’aidants augmentait. On compterait environ 8 millions de personnes aidant des proches fragilisés par la maladie, l’accident, la vieillesse ou le handicap.
L’entreprise est née sous l’égide de la fédération AGIRC-ARRCO et KLESIA—elle-même société à mission—pour répondre à ce besoin.
Passons au décryptage.
La raison d’être :
Améliorer le quotidien des couples aidants/aidés
Avant de la décrypter, notez que Ma Boussole Aidants communique également sur une autre raison d’être : “Contribuer de façon coopérative à une meilleure information et orientation de proximité des aidants et de leurs proches grâce à la mise en visibilité du tissu d’acteurs mobilisés dans les territoires”. Je ne la retiens pas, car ce n’est pas celle qui est dans les statuts. En tout cas, cela peut créer une certaine confusion.
La raison d’être est très courte et va à l’essentiel. On comprend toutefois l’ambition de l’entreprise tournée autour de ce couple aidants/aidés, leurs conditions de vie et leurs relations au quotidien. On comprend moins l’activité, qui est une plateforme d’informations pour les aidants. L’autre “raison d’être” est plus claire.
Conseil : que vous optiez pour une raison d'être brève ou plus longue, il est important qu'elle soit claire, notamment pour informer sur l'activité de l'entreprise.Comme vous le savez si vous me lisez depuis quelques temps, je suis souvent sceptique des raisons d’être trop synthétiques. Elles sont faciles à mémoriser, mais peuvent être trop vagues ou éthérées. Ce n’est pas vraiment le cas ici. Sans la refondre (même si je le propose plus bas), cette raison d’être pourrait être un peu étoffée pour gagner en clarté, mais elle offre un cadre suffisamment énergisant, inspirant et relié à l’activité pour être une raison d’être boussole - pardonnez le jeu de mots.
Les objectifs
Le développement et l’animation d’une plateforme d’information permettant de recenser les solutions de proximité, les aides ainsi que les droits pour les aidants et leurs proches.
On peut difficilement qualifier cet enjeu comme un objectif de mission : c’est davantage une description du métier de Ma Boussole Aidants.
La mobilisation et l’animation de communautés d’acteurs impliqués dans l’aide aux aidants.
L’objectif est clair, ciblé, bien formulé et complémentaire de la raison d’être et du métier de l’entreprise. Il est aisé de trouver des indicateurs. Seul hic : cet objectif est un moyen, pas une fin.
La participation à la construction de nouvelles solutions en faveur des écosystèmes de l’aide aux aidants.
C’est un objectif complémentaire de la raison d’être et il participe à la logique d’amélioration continue portée par la société à mission. Il aurait mérité d’être un peu plus clair : de quel type de solutions parle-t-on ? Et le terme “d’écosystèmes de l’aide aux aidants” n’est pas très compréhensible.
La communication et la participation aux politiques publiques concernant l’aide aux aidants
La logique de plaidoyer est un objectif assez fréquent chez les entreprises. Si l’enjeu global est clair, Ma Boussole Aidants aurait pu davantage spécifier la finalité de ce type d’actions : par exemple, la communication, à quelle fin ? Vers qui ? Il faudra le spécifier dans les objectifs opérationnels.
Au global :
✅ La raison d’être est certes brève, mais elle peut servir de boussole dans le développement de l’entreprise.
✅ Il y a une assez bonne complémentarité entre la raison d’être et les objectifs, bien que les objectifs relèvent presque davantage d’une description de l’activité que d’objectifs de mission.
📶 La raison d’être mériterait d’être plus explicite. L’autre “raison d’être” est plus descriptive, mais également plus claire. Un mélange des deux pourrait être une option.
📶 Un élément m’étonne dans la mission. La raison d’être évoque les couples aidants/aidés, mais aucun objectif ne parle des aidés. Certes, l’activité est centrée sur les aidants et on peut considérer que des aidants mieux informés bénéficient aux aidés, mais cette absence de mentions et d’objectifs fait qu’il y a un décalage. Elle pourrait par exemple travailler avec des partenaires dont l’action se porte sur les aidés.
📶 La mission de Ma Boussole Aidant relève beaucoup du quoi faire, mais moins du comment et pourquoi. Cela ressemble donc à une description des actions de l’entreprise, mais pas forcément de ses ambitions : pourquoi impliquer une communauté par exemple ? A quelles fins ?
Cela vient peut-être de la raison d’être. Au bout du compte, pourquoi améliorer le quotidien des couples aidants/aidés ? Pour la société, qu’est-ce que cela apporte ? Quel est le besoin sociétal auquel l’entreprise souhaite répondre ? C’est probablement pousser plus loin la réflexion que l’entreprise et ses partenaires fondateurs ont eu au départ (mais c’est toujours difficile quand on est en création). Avec plus de sociétaires aujourd’hui et plus de recul, cela pourrait valoir le coup.
Cet exercice d’analyse se veut pédagogique pour toute entreprise souhaitant devenir société à mission ou en cours de transformation. Je m’évertue à être critique MAIS constructif.
Vous pouvez retrouver toutes les missions déjà analysées ici et mes 16 conseils pour passer société à mission ici.
Et si besoin, je suis à disposition pour échanger avec l’entreprise analysée.
Merci de votre lecture ! Alors, que pensez-vous de ce format ?
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A demain pour la missive traditionnelle,
Vivien.