#30 Etes-vous des "transféreurs" ?
Aigle passe à mission et le fait savoir ; 86% d'entre vous êtes des transféreurs ; un rayon B Corp dans nos supermarchés ; la mission et la RSE
Bonjour,
Newsletter plus courte cette semaine ! Mes responsabilités managériales me mobilisent pas mal ces temps-ci. Donc pas d’édito.
Au sommaire :
Aigle passe à mission et le fait savoir !
Quand les fusions amènent à sanctuariser la mission
Un rayon B Corp dans vos supermarchés, c’est pour bientôt ?
Coalition globale autour d’un set de normes RSE
Les transféreurs, vous connaissez ? Ils sont partout
Passer à mission : la boussole pour les labels RSE
Et si vous trouvez que c’est trop court, n’hésitez pas à lire l’interview du mois de Jean-Pierre Richard, DG d’ESII, si ce n’est pas déjà fait. A retrouver ici.
Du côté des entreprises
AIGLE PREND SON ENVOL. Il y a un moment que je vous ai parlé des ambitions d’Aigle pour passer société à mission et B Corp. C’est désormais officiel, Aigle est passée société à mission. J’avais également pas mal insisté dans une missive sur l’importance de communiquer : Aigle l’a très bien compris. Allez jeter un coup d’œil à leur site. Certains pourront penser que c’est “too much”. En réalité, Aigle a beaucoup plus de ressources humaines et financières à consacrer à une campagne de communication sur le passage à mission que la très grosse majorité des sociétés à mission actuelles et elle a une culture retail et B2C qui l’amène naturellement à favoriser cet effort de communication. Personnellement, je trouve que c’est très bien fait. La DG d’Aigle Sandrine Conseiller a en outre très bien saisi l’intérêt du personal branding et d’incarner ces sujets. En témoigne ce post largement relayé sur LinkedIn.
Pour avoir un peu creusé le cas d’Aigle, ce n’est pas juste un écran de fumée. Cela se ressent dans leur raison d’être et les objectifs : “Permettre à chacun de vivre pleinement des expériences sans laisser d’autres empreintes que celles de ses pas”. Je la trouve inspirante, ancrée dans l’univers de marque de l’entreprise et elle offre la possibilité d’ouvrir pas mal de chantiers pour l’entreprise.
La focale porte clairement sur l’environnement avec la référence aux empreintes et rappelle l’univers outdoor prôné par Aigle. L’engagement est attendu d’une neutralité carbone, si la seule empreinte est effectivement celle des pas.
En tout cas, les objectifs portent tous dans cette direction. Il s’agit de concevoir des produits durables, de sélectionner des fournisseurs sur la bases des critères du Global Compact de l’ONU, d’encourager les comportements écologiques au travail, de sensibiliser à l’économie circulaire et à la protection de l’environnement et de soutenir des initiatives en faveur de l’environnement. Ils sont ainsi conformes à la mission et à beaucoup d’actions déjà menées par Aigle. Quelques engagements plus concrets sont relayés sur LinkedIn, tels qu’un partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux pour la sauvegarde des aigles, une réduction des émission des GES de 46% d’ici 2030 ou la promotion de leur initiative Second Souffle qui favorise l’économie circulaire avec la récupération de vêtements et la vente de vêtements de seconde main.
Dans la raison d’être, on y parle également d’expériences : une référence très probable au pivot que les entreprises prennent de plus en plus. Il ne suffit pas de vendre des produits ou des services ; il faut offrir des expériences. L’experience economy n’est pas nouvelle, mais quand elle est mise au service de l’impact, c’est très bénéfique !
J’aurais juste utilisé l’écriture inclusive pour le “chacun”. Oui, je suis tatillon… Et je ne perçois pas l’utilité du “pleinement”. Tatillon encore ? Oui, mais sur une phrase courte, chaque mot compte et son utilisation, s’il a effectivement un sens, doit être compréhensible par tout le monde.
UN RAYON B CORP. Vous vous souvenez, il y a quelques années, les supermarchés avaient un petit rayon bio. C’était avant que ces produits soient mélangés à leurs homologues conventionnels. Et si demain, les supermarchés commençaient à avoir des rayons B Corp ? Nous n’y sommes pas encore, mais quelques initiatives émergent. Je vous en parlais il y a quelques semaines pour une initiative aux Etats-Unis, qui restait très locale.
C’est désormais Ocado Retail au Royaume-Uni qui franchit le pas. Ce supermarché en ligne offre une section B Corp qui réunit plus de 1000 produits de 35 marques. Ce qui est intéressant, c’est qu’Ocado n’est pas elle-même B Corp, mais promeut un état d’esprit compatible. Je ne serais pas surpris que cela commence à émerger ci et là surtout dans les pays anglo-saxons, où les B Corps sont majoritairement implantées.
En effet, le secteur agroalimentaire semble être un des principaux pourvoyeurs de certifications et cela ne fera qu’augmenter avec les attentes consommateurs allant dans ce sens. En plus, Al Gore a déclaré début février encourager les entreprises B Corp. Quel soutien ! Très peu de marques françaises ont encore franchi le pas, mais un mouvement commence à prendre forme. Tendance à suivre…
LA MISSION EN MAJUSCULE. Le groupe Shift, cabinet lyonnais spécialisé dans le conseil en innovation, a annoncé le rachat d’Alcée, cabinet parisien de conseil en gestion de projets et de formation méthodologique. Cette opération permet au groupe de passer à l’échelon national et de viser un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros d’ici 2025. Dans le même temps, l’ambition est de passer société à mission.
Je crois vraiment que les fusions vont être des occasions parfaites pour annoncer des passages en société à mission. Forcément, c’est le moment où on revoit les statuts… On peut faire une pierre deux coups. Idem pour les opérations de levée de fonds par exemple.
COALITION GLOBALE. Je m’étais dit que j’allais regarder ce qui sortait du forum de Davos et j’ai oublié… Et pourtant, il y a eu des annonces. A commencer par celle-ci : l’engagement de 61 grands groupes en faveur de metrics liés au stakeholder capitalism.
Ce jeu de metrics construit par le World Economic Forum et l’International Business Council réunit 21 grands items (et 34 autres plus fins) qui s’articulent autour de l’environnement, de l’humain, de la gouvernance et de la prospérité. Le résultat de ces travaux avait été publié en septembre. A l’occasion du forum, 61 dirigeants ont signé un engagement de les respecter, dont IBM, Mastercard, Nestlé, Siemens, Total ou Unilver. C’est toujours intéressant de voir ces engagements de principe. Reste à ce qu’ils se traduisent en pratique.
La citation de la semaine
L'investissement [de devenir entreprise à mission] en vaut-il la peine ?
C’est vrai que cela représente du travail et que, d’un point de vue purement économique, c’est un investissement car on mobilise des ressources. Mais cela paie côté communication et marketing. Depuis que nous sommes une société à mission, notre marque employeur s’est renforcée et nous recevons beaucoup plus de candidatures. Cela nous a également permis de créer une marque commerciale engagée, et de vendre plus et mieux car c’est une attente de nos clients, aussi bien en BtoC qu’en BtoB. Certains nous disent même qu’ils préfèrent travailler avec nous parce que nous sommes une entreprise à mission et que ça leur parle. (Pierre Dubuc, CEO et co-fondateur d'OpenClassrooms, dans un entretien avec la CCI)
Du côté des idées
86%. C’est le pourcentage de “transféreurs” en entreprise. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête ADEME et A4MT auprès de salariés français. Un.e transféreur.e, qu’est-ce que c’est ? C’est un.e salarié.e qui importe des éco-gestes dans l’entreprise et cherche à faire évoluer le fonctionnement de l’organisation ou qui importe des éco-gestes de son entreprise dans son domicile. Les comportements les plus fréquents concernent la réduction ou la valorisation des déchets (42%), les économies d’énergie (37%) et la réduction de l’impact du numérique sur l’environnement (33%). Qui n’a pas déjà pesté contre un.e collègue qui envoie une pièce jointe de 4MO à dix personnes, dont huit ne l’ouvriront jamais ? Qui ne sait jamais dit que le tri était devenu une habitude chez nous, donc pourquoi pas dans l’entreprise ? Qui n’a jamais râlé parce que des collègues laissent leurs écrans d’ordinateur allumés quand ils quittent le bureau ? Je suis rassuré : je ne suis pas tout seul…
Néanmoins, que 86 % des salariés s’estiment être des transféreurs, je me permets d’émettre un petit doute… Quand on regarde dans le détail, c’est un peu plus nuancé.
Mais il est clair que c’est un élément qui compte de plus en plus dans les entreprises. Les ignorer serait une erreur au risque d’abîmer sa marque employeur. Surtout, ce sont des comportement vertueux qui montrent justement un engagement des collaborateurs vis-à-vis de leur entreprise, donc pourquoi ne pas surfer sur une dynamique positive ?
LA MISSION EN ÉCLAIREUSE. Octavie Véricel, que les lecteurs réguliers de La Machine à sens, commence à connaître a publié une analyse intéressante sur le blog de la nouvelle association des entreprises à mission de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces clients lui remontent souvent que la qualité de société à mission ne sert pas à grand chose par rapport aux labels RSE par exemple.
Son argument prend le contre-pied. Elle estime que passer à mission peut être une boussole pour déterminer quels labels sont pertinent pour l’entreprise. Je trouve que c’est assez malin comme approche. En effet, nombreux sont les chefs d’entreprise à déclarer ne plus savoir s’y retrouver sur les labels, les normes, les certifications, les notations etc. Pourquoi pas partir de sa mission pour tracer sa feuille de route !
C’est vrai que c’est plus simple pour une entreprise qui n’est pas déjà multi-certifiée.
REX SUR LES COMITÉS A MISSION. La Communauté des entreprises à mission organise un webinaire le 3 mars sur les comités de mission avec des témoignages de Danone, Rocher et la MAIF. Il viendra alimenter la réflexion évoquée la semaine dernière. Merci Manon de l’info !
Mon son de la semaine
Cela vient longtemps que je ne m’étais plus enthousiasmé pour un morceau de Kings of Leon. Leur nouveau single “Echoing” y arrive ! Belle prouesse !
C’est tout pour cette semaine. Merci de votre lecture ! N’hésitez pas à me faire vos commentaires, retours, recommandations par email ou via LinkedIn. Et partagez cette newsletter auprès de votre réseau. Je suis sûr que deux personnes que vous connaissez pourraient être intéressées.
A vendredi prochain,
Vivien.