Chères lectrices, chers lecteurs,
Je m’appelle Vivien. Je vous souhaite une très belle année 2025 ! Quand tant invite à la morosité, je vous souhaite de trouver les rayons de soleil, les moments de plaisir et des instants de partage qui feront de 2025 une année d’épanouissement.
Je reprends du service pour vous partager mes 9 tendances du sens pour 2025. Certaines relèvent de la prévision, d’autres d’interrogations. C’est une lecture personnelle et donc subjective et incomplète. N’hésitez pas à me partager les autres ou à les indiquer dans les commentaires.
Voici les 9 idées :
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
Metronomy est un groupe assez génial, en exploration constante, au point d’avoir signé sur un label qui leur va bien, Ninja Tune (avis aux connaisseurs). L’an dernier, ils ont sorti leur premier single chez eux avec le rappeur Pan Amsterdam. Une pop jazzy légèrement funky hyper réussie !
1. L’impossible évolution du rapport au bureau ?
Retour au bureau à 100% ou raidissement des politiques de télétravail, la tendance est claire. De nombreux exemples sont rapportés par la presse dans les grandes entreprises, qui amènent également de plus petites structures à emboîter le pas : “C’est vrai que c’est compliqué chez nous aussi le télétravail, non ?”.
Cette tendance devrait s’accentuer en 2025 à l’aune de plusieurs indicateurs. Tout d’abord, les entreprises trouvent de bonnes raisons pour justifier la fin d’une parenthèse enchantée : le lien social s’est distendu, la productivité est en berne, l’innovation et la collaboration sont freinées etc. Bonnes ou mauvaises raisons, ces décisions sont souvent très descendantes, car rares sont les salariés a voté des deux mains la fin du télétravail ou d’un régime flexible, comme le rappelle un nouveau sondage de Yougov. Il y a bon gré mal gré une question de pouvoir, de reprendre le contrôle.
Ensuite, le monde de l’entreprise n’a pas cherché à repenser le rapport au bureau et au présentiel. On est resté dans le paradigme qu’il était normal de venir au bureau comme avant le Covid où personne ne se posait la question de venir ou non. Pourtant, les choses ont changé et les perceptions ont évolué : l’open space est un endroit infernal et insupportable pour travailler et se concentrer, les salles de réunion manquent alors que les calls se sont multipliés et qu’on ne mesure pas l’intensité de sa voix avec un casque, les petites incivilités des collègues hérissent encore plus le poil (toilettes sales, tasses qui trainent, frigos mal rangées etc.), les temps de transports sont fatigants et plombent le moral, il n’y a pas assez de place pour manger etcetera.
Donc, comme peu de réflexions ont été menés sur l’organisation des bureaux, des espaces communs, le management, et plus globalement ce qui fait qu’on vient au bureau, on reprend les réflexes d’avant, parce que c’était plus simple et qu’on avait toujours fait comme ça et que ça semblait marcher.
2. Quelle pause pour la réglementation extra-financière ?
2024 a initié un mouvement de bascule sur les sujets environnementaux. Une sorte de backlash semble infuser dans la société. Dans le monde de l’entreprise, cela a conduit à un recul sur les réglementations extra-financières.
Nombre de politiques et d’organisations ont profité des conclusions du rapport Draghi appelant à une simplification normative pour demander l’allègement des réglementations européennes relatives au développement durable, dont la CSRD et la CSDDD (sur le devoir de vigilance). En France, certaines organisations professionnelles, dont le M-ETI et la CPME, ont soutenu la position tenue par Michel Barnier quand il était en poste de prévoir un “moratoire” sur la CSRD. On se souvient également des propos d’Emmanuel Macron exhortant à une pause réglementaire sur l’environnement.
Rappelons que la CSRD n’a été transposée que dans 18 Etats membres malgré une deadline fixée au 6 juillet dernier. Manquent à l’appel notamment l’Allemagne et l’Espagne.
Il est très probable que certains dispositifs de la CSRD soient revisités, ainsi que sur la CSDDD et sur la taxonomie. Une procédure législative devrait commencer fin février avec l’objectif de les “simplifier”. Comment cela se matérialisera-t-il ? Difficile à prévoir exactement. La Commission européenne n’envisage pas de révision importante, mais le terreau semble toutefois fertile pour des ajustements significatifs.
3. La restructuration de la finance durable
On devrait assister à une modification substantielle du paysage dans la finance durable. Tout d’abord, la SFDR, la réglementation qui régule le secteur, devrait connaître d’importantes modifications en 2025, à commencer par une meilleure catégorisation des fonds, afin d’améliorer la lisibilité et la transparence des activités menées. Aujourd’hui, les lignes sont assez troubles, ce qui permet à certains fonds d’être catégorisés ESG sans être au même niveau que d’autres.
Ensuite, un rebranding conséquent devrait modifier le paysage des fonds. En application d’une réglementation européenne visant à limiter le greenwashing, des fonds ne respectant pas certains critères bien définis ne pourront plus utilisés des termes, tels que “ESG” ou “impact” dans leur dénomination.
Cela ne signifie toutefois pas que l’on va connaître un “verdissement” de la finance ou une hausse des fonds ESG. Ca a progressé en 2024, mais assez faiblement. Surtout, il est peu probable que le marché puisse s’appuyer sur les acteurs américains.
4. La biodiversité, nouvel enjeu de structuration
Il est envisageable que 2025 soit une première année clé pour le reporting sur la biodiversité et les investissements dans les solutions fondées sur la nature. Jusqu’à présent, l’absence d’indicateur aussi évident que l’empreinte carbone, ainsi que l’insuffisance de données fiables ont freiné l’engagement des entreprises dans ce domaine.
Toutefois, de nombreuses initiatives cherchent à contrer cet état de fait, telles que la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD). De même, le niveau d’alerte, dans tous les sens du terme, s’est accru ces dernières années, que ce soit en raison de soucis d’approvisionnement en matière première (souvent lié au réchauffement climatique), du franchissement de limites planétaires ou de rencontres internationales sur le sujet, même si la COP16 a été assez décevante. Par ailleurs, un peu plus de 500 entreprises dans le monde commencent un reporting volontaire sur la biodiversité, ce qui va nécessairement nourrir le débat.
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5. Les ricochets des Etats-Unis ?
Outre-Atlantique, pas une semaine ne passe sans des annonces décevantes, voire perturbantes concernant la RSE. McDonalds, Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) et Walmart reculent sur leurs politiques d’inclusion et de diversité, Unilever supprime son département RSE pour le mettre sous la coupe de la communication, Coca-Cola rabote sans un mot ses ambitions environnementales, BlackRock, volontariste sur l’ESG il y a quelques années, fait machine arrière.
On a du mal à imaginer un tel rétropédalage en Europe, mais les appels au frein, voire à l’assouplissement réglementaire, s’accentuent. Je ne serais pas surpris qu’on entende de plus en plus de voix parler de “wokisme” en entreprise (devenu étrangement synonyme de “bienpensance”)… On peut difficilement imaginer qu’avec un tiers de Français votant à l’extrême droite (ainsi que bon nombre d’électeurs bien à droite), ces discours absurdes mais corrosifs ne trouvent pas attache dans pas mal d’organisations.
On peut ainsi s’attendre à ce que ces sujets patinent et que beaucoup de sociétés se limitent au réglementaire (CSRD oblige, si on ne rouvre pas le dossier…), voire désinvestissent, parce que la pression retombe et qu’elles ne perçoivent de toute manière pas de ROI business positif—forcément, c’est plus difficile à trouver quand on ne le cherche pas vraiment.
6. Le retour du militantisme du bon sens ?
Dans cette même lignée, il est très probable que les entreprises engagées soient face à un choix : le “greenhushing”, à savoir maintenir leurs efforts, mais n’en faire aucune mention par crainte de toute forme de retour de bâton (“arrêtez de nous bassiner avec ces trucs !” d’un côté ou “vos efforts sont cosmétiques !” de l’autre), ou maintenir leurs efforts ainsi qu’une posture volontaire. Dans ce deuxième cas, les dirigeants de ces entreprises deviendraient presque des militants du bon sens dans un environnement où les sujets de RSE sont plus accessoires, voire décriés.
Si cela venait à se confirmer, j’espère que les réflexions internes conduiront ces entreprises et leurs dirigeants à s’allier et à se soutenir. Moralement déjà, car prêcher dans le désert est éreintant ; économiquement ensuite, en privilégiant des fournisseurs partageant des convictions communes ; et prospectivement enfin, en cherchant des partenaires compatibles pour nouer des collaborations sur des process, des offres ou des innovations.
7. Le partage de la valeur, un sujet encore plus concret
Dans cette newsletter, on parle beaucoup de la loi Pacte en lien avec la société à mission, mais elle a aussi accéléré le sujet du partage de la valeur dans les PME. Il n’a cessé de prendre de l’importance et pourrait constituer un début de solution concernant l’attraction et la fidélisation des collaborateurs. Alors que certains pensaient que la contraction économique allait renverser l’équilibre entre salariés et employeurs, cela n’a pas vraiment eu lieu.
Depuis le 1er janvier, les PME de 11 à 49 salariés doivent mettre en place un dispositif de partage de la valeur lorsqu’elles réalisent un bénéfice net fiscal positif au moins égal à 1 % du chiffre d’affaires pendant trois années consécutives. Il peut prendre plusieurs formes : intéressement, prime de partage de la valeur ou abondement. On ne parle pas ici d’actionnariat salarié, mais évidemment, c’est une option également possible.
Même si on peut s’attendre à un retard à l’allumage du fait d’une méconnaissance de cette nouvelle obligation à en croire une étude de Kantar pour le Groupe VYV, les négociations vont se lancer. Parler du partage de la valeur, c’est ouvrir la discussion sur les sujets financiers, mais c’est également aborder d’autres points : la transparence des informations, les projections sur les prochaines années. En d’autres termes, c’est une source potentielle de création d’engagement si les échanges sont bien amenés et bien menés.
8. CSRD vs société à mission : une année de transition
2025 ne devrait pas être un grand cru pour la société à mission. J’espère me tromper, mais je pense que nous sommes face à un double phénomène qui va faire que le nombre de sociétés à mission ne va pas s’envoler cette année.
Tout d’abord, la CSRD va dominer l’attention des ETI et grands groupes en matière extra-financière. De fait, les ressources humaines et financières de pilotage de projet vont être dédiées à la structuration de ce reporting réglementaire, au détriment d’une qualité juridique volontaire, qui reste perçue comme un nice to have.
Du côté des TPE et PME, sauf lorsque des réflexions sont engagées depuis quelques temps, elles prennent davantage le temps que précédemment avant de s’engager. Après 5 ans d’existence, on commence à avoir plus de recul ; les entreprises appréhendent mieux les tenants et les aboutissants du modèle. C’est paradoxalement positif, car cela signifie qu’elles y vont moins la fleur au fusil et qu’elles structurent mieux leurs démarches. La tendance à la quantité peut diminuer, mais celle de la qualité augmente !
Et grand cru ou pas, cela ne m’empêchera pas de sortir mon livre sur la société en 2025 (il est presque terminé), parce que d’éclairages, de conseils et d’accompagnement, les entreprises à mission en ont cruellement besoin à toutes les étapes.
9. Quelle intelligence pour l’IA ?
Difficile de faire l’impasse sur l’intelligence artificielle, et plus particulièrement l’IA générative. Même François Bayrou en a parlé dans son discours de politique générale !
Il est bien difficile de se positionner sur le sujet. Vraie promesse de productivité augmentée ? Vraie menace pour les emplois ? Vraie transformation des métiers pour se focaliser sur les tâches à valeur ajoutée ? A ces questions auxquelles on trouvera des partisans des deux côtés — chiffres à l’appui —, il faut ajouter les considérations sociales, éthiques et environnementales associées à l’IA générative.
En 2025, le boom des investissements devrait se poursuivre et donc la multiplication des expérimentations plus ou moins bien pensées, intéressantes et utiles. La phase de consolidation et de rationalisation attendra encore un peu, d’autant que pour le moment, on a bien du mal à cerner tout le potentiel et les dangers de cette technologie. Il existe bien plus de cas d’usage que de réalisations éprouvées.
Ce tour d’horizon est terminé. Je vous invite à le commenter, à réagir en appuyant sur le ❤️ dans l’en-tête et à partager ce post. Merci beaucoup !
La société à mission est un sujet pour vous ?
En phase de réflexion sur la société à mission, sur la révision de votre mission actuelle, sur le pilotage et l’animation de votre mission, je suis à votre disposition pour creuser ces sujets. Vous pouvez me contacter par réponse à cet email si vous avez directement reçu cette missive, sinon par email si vous lisez depuis votre navigateur. Plus d’infos sur les différents parcours via mon site.
On se retrouve dans deux semaines,
Vivien.
Merci pour cette lettre toujours frappée au coin du bon sens et bien documentée, et bonne année 2025.
La question de l'IA dans les activités RSE et notamment dans la partie collecte et consolidation des données est pour moi une réelle interrogation. A suivre...
A propos de l'évolution du travail au bureau, je parlerai plutôt d'évolution ou de modification de la notion de travail, avec ou sans bureau !
Cela me conduit que l'affirmation de nos valeurs est essentielle, de façon spécifique, en écart avec par exemple ce qui se voit outre mer !
Quant au militantisme de bon sens, ou "du" bon sens, sans parler de "militantisme" pour ma part, il est vrai que cette recherche du sens tout simplement est de plus en plus importante !
L'avenir appartiendrait-il à celles et ceux qui ont cette préoccupation en priorité ?
Merci pour cette lettre intéressante et bonne année 2025 !