#74 Les entreprises et la Russie : cela devient une question de morale
Pas simple de naviguer dans ce contexte chargé; Décryptage de la mission de RAISE (société d'investissement); retour sur la CSRD et le devoir de vigilance européen et le teaser du podcast en exclu!
Chères lectrices, chers lecteurs,
Avant de rentrer dans cette 74e missive, j’ai la grande joie de vous révéler en avant-première le teaser du podcast de La Machine à sens. Dites-moi ce que vous en pensez !🙏
Cette semaine, j’ai décidé de me pencher sur le positionnement des entreprises vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Le conflit se poursuit. De nombreux pays dans le monde ont décidé de pénaliser l’Etat russe, principalement au travers de régimes de sanctions. Des entreprises ont également pris des mesures à l’encontre de la Russie ou d’entreprises russes. La question se pose effectivement : en tant qu’entreprise, faut-il choisir un camp ?
La situation est singulière. L’attaque russe contre l’Ukraine est présentée comme une offensive contre la sécurité de l’Europe, contre un modèle de société démocratique construit sur les ruines de la deuxième Guerre mondiale. C’est le retour de la guerre d’invasion sur le sol européen. Bruno Le Maire a affirmé mardi matin qu’il y avait “un problème de principe à travailler avec toute personnalité politique ou économique proche du pouvoir russe”.
La Russie, un grand Etat politique et acteur économique important, a décidé d’envahir son voisin dans une guerre de choix, d’expansion de sa zone d’influence, voire de son territoire. Ce type de décision nous ramène aux heures sombres de l’histoire européenne.
Les attentes vis-à-vis des entreprises ont évolué
Il est difficile de trouver des études sur le comportement des entreprises dans ce genre de scénario. D’autant plus que la place des entreprises dans la société évolue avec des mœurs différentes d’un pays à l’autre. Ainsi, on a pu voir dans le monde anglo-saxon qu’un sujet de société fort pouvait mettre des entreprises en difficulté : ne pas réagir les expose à des crises de réputation, comme sur les mouvements Black Lives Matter ou MeToo par exemple. Il commence à devenir attendu des entreprises qu’elles assument leur rôle d’acteur dans la vie de la cité, au-delà d’une problématique salaires contre temps de vie.
Nous n’en sommes pas à ce niveau en France. Toutefois, on peut estimer que la loi Pacte change un peu la donne, puisque le Code civil stipule désormais que “la société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité”. D’aucuns pourraient arguer que si une entreprise permet à un Etat de financer ou de faire la guerre, elle enfreint la loi…
C’est sur l’axe de la morale que les entreprises doivent se positionner
Face à la guerre en Ukraine des questions profondes se posent pour les entreprises : doit-on continuer à entretenir des relations commerciales avec un pays qui décide d’envahir son voisin et dont les objectifs finaux—s’ils nous sont inconnus—sont probablement sombres et contraires à “la nouvelle paix” que nous aimons chérir ? Doit-on décider de maintenir des liens commerciaux en espérant que la situation ne se détériore pas plus pour nos intérêts ? Décide-t-on de maintenir nos liens avec un pays agresseur qui restera un acteur important même s’il est peu fréquentable aujourd’hui ?
Toutes les questions que doivent traiter les entreprises se situent sur l’axe de la morale avec deux extrêmes : le cynisme d’un côté, en se disant que la guerre n’est pas exempte d’opportunités ; le rejet de l’autre, en estimant que poursuivre le commerce, c’est soutenir le régime belliqueux en place.
De nombreuses entreprises doivent se positionner. Deux jeux de question se posent pour elles1.
Choix vs nécessité de rester ou de partir
Est-ce une nécessité pour l’entreprise de maintenir des liens commerciaux dans et/ou avec la Russie ? Renoncer à ces liens mettrait en péril la pérennité de l’entreprise ou la décision ne peut être prise rapidement en raison d’une présence physique importante (lignes de production, effectif important sur place par exemple).
Est-ce un choix pour l’entreprise de maintenir des liens commerciaux dans et/ou avec la Russie ? Ce choix peut être motivé par un calcul froid consistant à penser que la situation va s’arranger, qu’un retour à la normale est prévisible à l’horizon de quelques mois ou quelques années tout au plus, qu’il y a des opportunités à tirer dans cette guerre. Ce n’est pas sans risque, surtout d’un point de vue réputationnel, surtout si les concurrents décident de partir, ou de pressions politiques. Ils peuvent également être financiers : une entreprise cotée peut voir sa valeur chuter si les actionnaires n’approuvent pas cette décision ; ou bien le calcul peut s’avérer très mauvais et les pertes financières dramatiquement plus graves qu’anticipées.
L’entreprise peut-elle choisir de renoncer à ses liens commerciaux avec la Russie ? Cette décision peut être prise à la lumière d’un calcul coût/opportunité, d’une posture de dénonciation du gouvernement russe, d’un alignement avec un régime de sanctions. Les pertes financières peuvent être très importantes, à court ou moyen terme : chute de retombées économiques, pénalités pour rupture de contrats, forte probabilité d’être désavantagé sur les marchés russes à terme etc. Les bénéfices peuvent également être nombreux : amélioration de l’image de l’entreprise en interne (fierté des collaborateurs par exemple) et en externe (gouvernement, actionnaires, clients, partenaires etc.), bond de l’action pour les entreprises cotées.
L’activité de l’entreprise sert-elle les intérêts militaires russes ?
En maintenant les liens avec la Russie, l’activité de l’entreprise sert-elle les intérêts du gouvernement russe ? Par exemple, en permettant à l’Etat russe de financer la guerre par les revenus obtenus de la vente de produits ou de matières premières, au travers de certaines technologies ou produits qui peuvent être utilisés dans l’effort de guerre ou en donnant une image de légitimité aux intérêts du gouvernement russe.
Ou bien, l’activité sert-elle avant tout, voire uniquement la population russe ? Sauf dans le cas d’interdictions d’exporter certains produits, le commerce peut continuer. La population russe n’a pas être punie pour les actions de son gouvernement. Voir ce lien pour suivre les “mesures restrictives” en œuvre.
L’équation est souvent bien plus complexe. En tout cas, les annonces pleuvent : BP et Shell ont décidé de se retirer avec les pertes financières que cela engendre ; le club de football allemand Schalke 04 a cassé son contrat de sponsoring avec Gazprom, source de plusieurs millions d’euros de revenus… D’autres ont fait des annonces plus mesurées, comme TotalEnergies. Certaines entreprises ne peuvent pas prendre de décisions aussi radicales et immédiates ayant des actifs moins liquides en lien avec la Russie.
Mais, il faut être vigilant sur un point : vouloir maintenir coûte que coûte une activité ou des liens dans un pays en guerre ou chez un belligérant peut amener à des comportements extrêmes. Une nouvelle preuve avec Ericsson en Irak…
En raison du caractère quasi civilisationnel donné à ce conflit, la guerre en Ukraine semble projeter au premier plan la morale et l’éthique dans les affaires. Qu’importe le choix des entreprises, elles ne peuvent pas faire l’impasse d’expliquer pourquoi elles décident de rester ou de maintenir les liens commerciaux avec la Russie. Les collaborateurs seront les premiers à poser la question !
Au sommaire :
📊 Décryptage de la mission de RAISE (société d’investissement)
🚥 Quelques nouvelles directions pour la CSRD
⏩ Qui sera touché par le devoir de vigilance européen ?
🌍 Un 2e uppercut du GIEC
📈 580 : à quoi cela correspond ?
🧠 Un peu plus de jus de crâne sur les livraisons en 15 minutes, l’économie de guerre, les EHPAD et la mission, et la France et l’adaptation.
☝ Le vote de la semaine : La Banque postale vs SAGEMCOM
🎧 Mon son de la semaine : Jesse Mac Cormack - “Let It Go”
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
Du côté des entreprises
📊 DECRYPTAGE DE LA MISSION DE RAISE.
Merci à celles et ceux qui ont participé au vote de la semaine dernière. La société de gestion RAISE l’a assez largement emporté.
Ce n’est pas très étonnant, le groupe RAISE a beaucoup fait parler de lui depuis sa création en 2013 par Clara Gaymard et Gonzague de Blignières. La société a mis en place beaucoup d’actions en faveur d’un modèle de redistribution. A titre d’exemple, 50% du carried interest des équipes d’investissement sont reversés au fonds de dotation interne dédié aux startups. C’est amusant d’ailleurs, parce que le jour même où RAISE annonçait son passage en société à mission, je discutais justement d’eux avec le dirigeant d’une entreprise à mission et on se disait qu’ils seraient de parfaits candidats pour franchir le pas !
Leur raison d’être
Développer un écosystème innovant et généreux pour soutenir des entrepreneurs visionnaires et construire avec eux une économie responsable et durable.
La structure est classique : phrase courte avec un verbe d’action pour commencer. Les termes sont clairs et l’ambition est forte, donc permettra à l’entreprise de se mettre dans une démarche d’amélioration continue et de s’appuyer sur cette raison d’être pour guider son action.
Les métiers de RAISE sont subtilement infusés dans la phrase, que ce soit l’investissement, le lab d’innovation ou le fonds de dotation. C’est assez malin. “Soutenir” peut faire référence à l’aspect financier, mais comme il est complété par “construire avec eux”, on comprend que la démarche ne relève pas d’un simple accompagnement financier, il va au-delà.
Cette raison d’être se singularise également par l’emploi du terme “générosité”. C’est la pâte de la société depuis sa création. Certains pourraient trouver déplacer de mettre ce type de terme dans une raison d’être d’entreprise, mais au contraire : si cela fait partie de l’ADN de l’entreprise, c’est utile ! Imaginez à quel point cela définit le sens des actions stratégiques prises par l’entreprise et qui, en outre, est validée par ses actionnaires.
Je suis plus dubitatif sur la fin de la phrase : “une économie responsable et durable”. En fait, c’est assez tautologique avec le texte de la loi Pacte. Une entreprise à mission ne peut pas s’inscrire dans une trajectoire différente de celle d’une économie responsable et durable.
Les objectifs
le partage de la réussite au service des entrepreneurs ;
la promotion de la parité et de la diversité comme sources de performance et d’harmonie ;
l’accompagnement dans la transformation durable des entreprises, en mesurant la création de valeur économique, sociale et sociétale de son action et en accompagnant le changement dans une dynamique de progrès continu ;
l’innovation au cœur de notre exigence d’excellence.
Ces objectifs sont bien complémentaires de la raison d’être et chacun traite d’un enjeu spécifique. Mais, ce qui est intéressant, c’est qu’ils se nourrissent les uns les autres.
Le premier objectif est multi-dimensionnel, car “le partage de la réussite” peut concerner les transferts financiers entre les investisseurs et le fonds de dotation, mais également le partage d’expériences entre grands groupes et startups, ou encore en interne.
Le second est intéressant, car il est rare ; il est vraiment singulier et représente un champ d’action investi par la société depuis plusieurs années.
Le troisième vient donner un peu plus de corps à la tautologie de la raison d’être sur “l’économie responsable et durable”. Il vient affirmer la mesure de l’impact des entreprises dans la durée et dans une logique d’amélioration continue.
Le dernier objectif me paraît moins essentiel. L’innovation est déjà au cœur de la démarche de société à mission. Surtout, il est combiné à la notion d’excellence qui ne relève pas non plus d’un objectif de mission.
Au global
Cette mission est très bien structurée, claire, engageante et inspirante. Elle aura un impact sur le fonctionnement de l’entreprise quand bien même RAISE est déjà dans cette dynamique.
Je m’étonne du caractère subtil des enjeux environnementaux. Le terme n’est pas utilisé. On fait référence au “durable”. C’est un parti pris : il est vrai que la “sustainability”, durabilité donc, devient le terme englobant l’environnement et d’autres aspects de la RSE.
Autre point manquant peut-être : le concept d’écosystème est peu explicité dans les objectifs statutaires. Il ne peut pas se limiter au partage de la réussite évoqué dans le premier objectif. Il sera important de le cerner davantage dans les objectifs opérationnels.
Cet exercice d’analyse se veut pédagogique pour toute entreprise souhaitant devenir société à mission ou en cours de transformation. Je m’évertue à être critique MAIS constructif. Vous pouvez me contacter si vous souhaitez engager une démarche de construction ou d’évaluation de votre mission.
Vous pouvez retrouver les 43 missions déjà analysées ici et mes 16 conseils pour passer société à mission ici.
☝ A VOUS DE VOTER.
Comme chaque semaine, c’est à vous de choisir la mission que vous voulez voir analysée dans la prochaine missive. Quel décryptage de mission vous intéresserait ? Il suffit de cliquer sur votre choix. Et on part sur deux grosses entreprises !
📊 La Banque Postale (services financiers)
📡 Sagemcom (télécommunication)
Du côté de la politique
🚥LE CONSEIL DONNE SON ORIENTATION SUR LA CSRD.
Le Conseil de l’Union européenne, à savoir l’organe représentant les 27 Etats membres, a donné ses orientations dans le cadre du parcours législatif de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). C’est une des (nombreuses) priorités de la présidence française de l’UE.
Le Conseil a apporté quelques modifications à la proposition de directive de la Commission. Voici quelques points qui peuvent vous intéresser :
Assouplissement des démarches pour les PME : les PME cotées sont ciblées par la CSRD et chaque PME peut volontairement s’y soumettre. Afin de prendre en compte les ressources contraintes qu’elles peuvent allouer à l’exercice de reporting, le Conseil demande à limiter le niveau d’informations.
Flexibilité sur les informations liées aux chaînes de valeur : afin de faire face à la difficulté de recueillir certaines informations extra-financières dans les chaînes de valeur, il apparaît utile de prendre en compte ces difficultés dans l’établissement des standards. Il est également proposé que les entreprises rencontrant des difficultés dans la fourniture de ces informations bénéfice d’une fenêtre de trois ans pour travailler sur ces enjeux.
Date d’entrée en vigueur : une transposition en droit national serait envisagée 18 mois après l’entrée en vigueur de la directive (potentiellement cette année). Pour les entreprises, le calendrier serait le suivant :
1er janvier 2024 pour les entreprises déjà soumises à la NFRD (reporting en 2025 sur les données de 2024) ;
1er janvier 2025 pour les grandes entreprises non soumises aujourd'hui à NFRD (reporting en 2026 sur les données 2025) ;
1er janvier 2026 pour les PME cotées, ainsi que pour les établissements de crédit de petite taille et non complexes, et pour les entreprises captives d'assurance (reporting en 2027 sur les données 2026)
Prochaine étape : la présidence du Conseil (en l’occurrence gérée par la France) va négocier avec le Parlement européen.
⏩ LE DEVOIR DE VIGILANCE PREND FORME AU NIVEAU EUROPEEN.
Deuxième sujet évoqué rapidement la semaine dernière : la proposition de directive de la Commission sur le devoir de vigilance. Selon le projet, les entreprises “seront tenues de recenser et, s'il y a lieu, de prévenir, de faire cesser ou d'atténuer les incidences négatives de leurs activités sur les droits de l'homme (travail des enfants et exploitation des travailleurs, par exemple) et sur l'environnement (pollution, perte de biodiversité, etc.)”.
Quelles entreprises seront visées ?
Les entreprises de plus de 500 salariés et/ou d’un CA d’au moins 150 millions d’euros ;
Des entreprises exerçant des activités dans des secteurs à fort impact définis, qui n’atteignent pas les premiers seuils, mais emploient plus de 250 personnes et réalisent un CA de plus de 40 millions d’euros.
Les entreprises de pays hors UE qui remplissent les conditions des deux groupes précédents
Les PME ne sont pas directement concernés, sauf celles qui sont des filiales d’entreprises qui sont dans le périmètre de la directive. Mais, comme les entreprises tombant sous le régime du devoir de vigilance doivent prendre en compte leur chaîne de valeur, de nombreuses TPE et PME seront indirectement touchées.
Du côté des idées
🌍 2E UPPERCUT DU GIEC.
Même si la guerre en Ukraine a bien limité la couverture médiatique du nouveau rapport du GIEC, je pense qu’il ne vous aura pas échappé. Par souci de concision et parce que d’autres ont bien fait le travail, je vous renvoie vers d’autres publications pour creuser le sujet :
Vert pour une version poussée mais pas trop
Bon pote pour une version plus poussée
Et je ne doute que Béatrice du côté du Grand Ecart en parle dans sa newsletter demain (vendredi)
📈 580.
C’est le nombre à date* de sociétés à mission révélé ce matin lors de la présentation du 5e baromètre de l’Observatoire des entreprises à mission. Certains commencent à trouver cela faible. Mais comme Anne Mollet, DG de la Communauté des entreprises à mission l’a affirmé, la qualité doit primer sur le volume. Je la rejoins !
Point intéressant : il y a désormais plus d’entreprises à mission hors d’Ile-de-France. C’est une bonne nouvelle, car cela montrer que la qualité essaime un peu partout en France. Donc, non, ce n’est pas “un truc de parisiens”.
*A date, puisque le baromètre arrête le décompte au 31 décembre.
🧠 UN PEU PLUS DE JUS DE CRÂNE.
Si vous avez manqué mon édito sur les EHPAD et l’entreprise à mission il y a quelques semaines, séance de rattrapage dans Les Echos.
Bruno Le Maire ne peut plus parler de guerre économique, mais Yannick Carriou, PDG de Médiamétrie, lui peut.
Vous en rêvez, la ville de New York y songe : vers l’interdiction des livraisons de vos courses en 15 minutes.
La France n’anticipe pas assez les changements climatiques
Mon son de la semaine
Une découverte toute fraîche qui date de ce matin, mais que j’ai écouté en boucle. Il y a un côté beaucoup plus électro que ce que je vous propose habituellement. Mais, surtout c’est très entêtant.
Si vous êtes arrivé.e jusque là, j’ai un petit service à vous demander : cliquez sur ❤ si vous appréciez la missive. Cela m’encourage et permet de savoir les sujets qui vous intéressent.
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Vous souhaitez devenir société à mission ?
Si vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement, échanger sur vos réflexions liées à la raison d’être ou la société à mission, vous pouvez me contacter par réponse à cet email si vous me lisez depuis votre boîte, sinon par email si vous lisez depuis votre navigateur.
A jeudi prochain et solidarité aux Ukrainiens en ces jours sombres,
Vivien.
J’ai adapté des concepts pris de deux travaux de recherche : le premier est l’ouvrage de Richard Haas, War of Necessity, War of Choice. Le second est un article publié l’an dernier dans International Security, “Wartime Commercial Policy and Trade between Enemies” écrit par Mariya Grinberg.