#72 J'ai besoin de vous !
Lancement de la campagne de crowdfunding pour le podcast / Décryptage de la mission d'Amicio et plein d'autres actus et analyses (12')
Mes chères lectrices, mes chers lecteurs,
Pas d’édito cette semaine, parce que mon énergie s’est focalisée sur… le lancement de la campagne de crowdfunding pour le podcast ! Et oui, ça y est !
Je vais lancer un podcast sur 100 % entreprises à mission. Tous les détails sont accessibles sur la page Ulule. J’attendais leur relecture pour vous envoyer la missive d’où cet envoi tardif. Mais voici quelques éléments pour vous.
Que retrouverez-vous dans ce podcast ?
des entretiens avec des entreprises à mission pour comprendre leurs motivations, leurs parcours, leurs objectifs ;
des entretiens avec des experts sur des sujets sociaux ou environnementaux, qui viennent de publier un livre ou rapport ;
des entretiens "un an après" avec les entrepreneurs déjà interrogés pour voir les progrès réalisés et les défis rencontrés ;
des définitions courtes de termes utilisés dans les débats de l'économie de l'impact (terme qui mériterait d'être défini d'ailleurs !).
Pourquoi est-ce que je sollicite un financement ?
Parce qu’un podcast de qualité, que l’on a envie de découvrir, d’écouter, de partager, et de suivre nécessite une expérience d’écoute de qualité ! Pour ça, il faut du bon matériel et de bons outils. On peut faire un podcast avec Teams et le micro de l’ordinateur sans montage, mais vu la concurrence dans le domaine, cela risque de montrer ses limites assez rapidement…
Quel est le principe du crowdfunding ?
Toutes les plateformes fonctionnent à peu près de la même manière : les porteurs de projet soumettent un budget à atteindre et offrent des contreparties en retour des financements. Elles peuvent prendre une forme physique ou de service. J’ai essayé de combiner un peu les deux.
J’espère pouvoir compter sur vous, comme contributeur, mais également pour relayer l’information si vous soutenez la démarche.
En tout cas, j’ai vraiment, vraiment hâte de lancer le podcast et j’espère qu’il m’amènera à vous rencontrer en vrai… oui, oui, mais cela dépend du montant levé.
Comment contribuer ?
Vous pouvez sélectionner sur le site du projet la contrepartie qui vous intéresse le plus.
Vous pouvez également soutenir le projet en relayant la campagne de crowdfunding auprès de vos contacts ou sur les réseaux sociaux. Vous pouvez faire votre propre post ou liker celui que j’ai publié sur LinkedIn.
Merci, merci, merci !
Au sommaire :
📱 Décryptage de la mission d’Amicio (centre d’appels)
❓ L’ADEME apporte ses recommandations pour une communication plus juste sur la “neutralité carbone”
👋 L’Italie inclut la protection de l’environnement dans sa constitution
🤔 Le Mouvement Impact France propose la création d’un statut “d’entreprise à impact”
🌹 Hortense Harang a quelque chose à vous dire sur les roses en hiver
🔎 Le Mouvement Impact France a interrogé les Français sur l’engagement des entreprises et c’est mitigé
🧠 Un peu plus de jus de crâne sur “la grande démission”, les 3 questions à se poser avant d’engager un responsable RSE, les proposition de Fair pour l’impact social
🎧 Mon son de la semaine : Folly Group - “I Raise You (The Price of your Head)”
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
Du côté des entreprises
📱 DECRYPTAGE DE LA MISSION D’AMICIO.
Merci à celles et ceux qui ont participé au vote. Amicio l’emporte d’une voix face à BVA.
Amicio est née de la fusion en 2020 entre Relaytion et MeilleurContact. Spécialiste des métiers de la relation client, Amicio est très engagée dans des démarches RSE et des pratiques managériales originales (le modèle LARGE). C’est donc dans la continuité de ses différents chemins tracés que l’ETI de 550 collaborateurs a décidé de passer société à mission.
La raison d’être :
Révéler la noblesse des métiers de la relation client pour la mettre au service de l’Homme et de la société.
Voici une raison d’être fort intéressante. On comprend plutôt bien le métier d’Amicio qui intervient à différents moments du parcours client.
Deux termes ressortent très clairement : “révéler” et “noblesse”. Il est vrai que dès qu’on parle de centre d’appels, on imagine un environnement de travail peu enthousiasmant, aux pratiques managériales autoritaires. Pourtant, on sait tous à quel point cet échange téléphonique est important. Qui n’a pas déjà pesté suite à une mauvaise expérience avec un conseiller client ?
Je trouve cette ambition très intéressante, d’autant que c’est un métier qui emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes en France.
Il faut juste voir si cette raison d’être vivra dans le temps. Un terme comme “révéler” a une valeur actuelle ou de court terme. Difficile de dire sur 10 ans qu’on révèle quelque chose.
Le seul petit hic de cette raison d’être est la deuxième partie de la phrase : “mettre au service de l’Homme et de la société”. C’est une formule déjà galvaudée dans les raisons d’être, qui n’est donc pas très singulière, ni ne donne à comprendre comment Amicio veut participer à une mission sociale et/ou environnementale spécifique. Les objectifs apportent toutefois un complément d’informations.
Les objectifs :
Installer un nouveau standard de la relation client en faisant le pari de la proximité humaine et géographique ;
Changer le métier de l’intérieur grâce à des pratiques centrées sur le
développement humain ;
Contribuer à un développement économique social vertueux, fondé sur des
liens forts et durables avec ses partenaires et terroirs ;
Faire de l’entreprise un espace d’engagement sociétal.
Les objectifs offrent ainsi un réel complément à la raison d’être. Les deux premiers objectifs sont centrés sur la première moitié de la raison d’être, tandis que les deux derniers se focalisent sur la deuxième moitié. C’est bien structuré et cela peut fonctionner.
On sent une envie profonde de changer le métier et le regard que l’on peut porter dessus. Cela me rappelle l’ambition d’Alenvi dans le secteur de l’aide à la personne. Mais à une exception notable : Amicio est centré sur l’interne, alors qu’Alenvi a pour ambition de changer tout le secteur en embarquant d’autres acteurs.
On peut se demander en quoi ces objectifs servent des intérêts sociaux, mais il y a quelque chose d’assez intelligent : en inscrivant dans ses statuts que l’entreprise fait “le pari de la proximité humaine et géographique”, elle se prémunit de futurs actionnaires et dirigeants qui pourraient vouloir automatiser à outrance ou déployer des centres d’appels hors de France.
Le troisième objectif relève davantage de la RSE ou d’une approche partenariale que de la mission. C’est évidemment important, mais je ne fais pas vraiment le lien avec l’ensemble, d’autant qu’il s’agit des liens de long terme avec des clients et de l’implantation dans trois sous-préfectures.
Le dernier objectif pourrait relever de la RSE, mais je le trouve utile. Une étude de l’ANCT, qui fera l’objet d’un épisode de podcast le mois prochain, montrait que les Français souhaitaient s’engager pour leur territoire au travers de leur emploi. Ce n’est effectivement pas un acquis dans toutes les entreprises et cela signifie que Amicio sanctuarise du temps pour que ses équipes mènent des actions au profit du territoire au sens large du terme.
Au global, cette mission est bien structurée, inspirante et plutôt engageante. On peut toutefois remarquer qu’elle est assez centrée sur l’interne : le métier, les pratiques managériales, l’implication des collaborateurs dans les territoires etc. Pour véritablement donner une dimension de mission à cette mission, il faudrait qu’Amicio s’engage à changer les pratiques dans tout le secteur.
Egalement, elle aurait pu mieux circonscrire comment elle souhaite être au service de l’Homme et de la société. Par exemple, l’entreprise a beaucoup travaillé le concept “d’Amour du client”. Y faire référence aurait été trop jargonneux, mais elle aurait pu se poser la question : “en faisant le lien entre cet Amour du client et des enjeux sociaux, fondamentalement quelle est notre contribution vis-à-vis des personnes avec qui l’on s’entretient au téléphone ?”
Cet exercice d’analyse se veut pédagogique pour toute entreprise souhaitant devenir société à mission ou en cours de transformation. Je m’évertue à être critique MAIS constructif. Vous pouvez également me contacter si vous souhaitez engager une démarche de construction ou d’évaluation de votre mission.
Vous pouvez retrouver les 42 missions déjà analysées ici et mes 16 conseils pour passer société à mission ici.
❓ ETES-VOUS VRAIMENT NEUTRE EN CARBONE ?
L’ADEME a déjà tranché cette question l’an dernier en expliquant que cela n’avait pas beaucoup de sens pour une entreprise, à son échelle, de dire qu’elle était neutre en carbone. La neutralité carbone doit s’entendre au niveau planétaire et les pays se le sont appropriés surtout à des fins de coordination internationale.
Dans un nouvel avis, l’ADEME va plus loin et offre des conseils très pertinents pour la communication des organisations publiques et privées sur les enjeux environnementaux.
Utiliser le terme de “neutralité” est problématique pour l’Agence, car il induit le principe de compensation (exemple, autre exemple et un dernier) et ne permet pas de différencier les entreprises qui s’investissent réellement pour changer fondamentalement leur modèle et moins émettre des autres. L’ADEME précise qu’elle n’est pas opposée au principe de compensation, inévitable pour les émissions résiduelles. Mais cela a conduit à une augmentation de la défiance du public vis-à-vis des engagements des organisations (cf. plus bas dans la newsletter pour un nouveau constat).
Que faire ? L’ADEME propose trois recommandations :
Sortir d’une approche strictement arithmétique : “neutre en 2030”, “course vers le zéro carbone” etc.
Agir et communiquer sur la contribution à la neutralité carbone collective en s’appuyant sur trois leviers
Resituer cette démarche dans la stratégie RSE plus globale de l’entreprise
Elle accompagne ses recommandations d’un certain nombre de bonnes pratiques que je vous conseille de découvrir.
Du côté de la politique
👋 ET NOUS ALORS ?
Il y a dix jours, le parlement italien a voté l’inscription de la défense de l’environnement, de la biodiversité et des écosystèmes naturels dans sa Constitution. L’espace d’une demi-seconde, je me suis dit qu’il devait y avoir une erreur sur le pays. Cela aurait été une impensable surprise ! N’était-ce pas la France qui s’était engagée dans cette démarche ? Non, enfin si, mais le projet est toujours bien enterré depuis juillet dernier.
Et juste comme ça, inscrivez dans vos agendas la date du 31 mars. C’est la date butoir que le Conseil d’Etat a donné au gouvernement pour prendre des mesures supplémentaires afin de tenir sa trajectoire de réduction des GES. Ne soyez pas surpris si soudainement, des promesses et des convictions profondes émergent dans les discours de campagne…
🤔 VERS UN STATUT D’ENTREPRISE A IMPACT ?
Le mouvement Impact France vient de sortir son manifeste de l’économie de demain, qui énumère un certain nombre de propositions pour peser dans la campagne présidentielle. Une idée étonnante s’est glissée subrepticement dedans : “un statut d’entreprise à impact”.
Le manifeste est peu disert sur les modalités, mais il est assez clair dans l’intention : il s’agit de “consolider” la qualité de société à mission ou “d’aller plus loin” avec la création de ce statut. En gros, il s’agit d’enterrer la qualité de société à mission (dans une vision négative) ou de la remplacer (dans une version moins négative). En tout cas, il n’y a pas de place pour les deux.
L’idée applique des principes bien connus dans le business : on propose un produit qui répond à des attentes/besoins inassouvis et/ou à des critiques exprimées ci et là. La base est la même : une reconnaissance de l’engagement des entreprises. Mais, ce statut d’entreprise à impact adresse deux écueils souvent entendus sur la société à mission : la qualité n’est pas assez contraignante et elle n’offre aucune contrepartie. Donc, l’entreprise à impact viendrait y répondre !
Pour l’obtenir, il faudrait que le modèle de l’entreprise soit “entièrement tourné vers l'impact positif et la résolution de grands défis sociaux et/ou environnementaux” (more to come dirait-on en anglais). Et en contrepartie, l’entreprise aurait des avantages : taux de TVA réduit sur les “produits responsables”, accès réservés à certains marchés publics, des réductions d’impôt etc.
Je suis assez réservé sur cette proposition. Outre que ce serait une impossible usine à gaz à monter, elle tire le débat vers le mieux-disant plutôt que le bien-disant. Or, le mieux est l’ennemi du bien. On peut reprocher à la société à mission d’être trop flexible et trop peu incitative, mais elle a le mérite de poser les premières pierres, de faire émerger des entreprises rôles modèles qui peuvent en inspirer d’autres et de créer une dynamique positive qui s’appuie sur la conviction et l’envie.
On peut souhaiter qu’elle évolue à terme, mais il ne faut pas griller les étapes non plus. Qu’il y ait une révision de la fiscalité pour la rendre plus incitative (cf. le rapport Demurger que je décryptais récemment), c’est une bonne idée, tout autant que d’autres propositions, comme les “chèques transition” pour faciliter la transformation des entreprises. Mais cela doit-il passer par un nouveau label, surtout un qui utilise le terme d’impact, concept diablement piège ? Pas sûr.
En tout cas, on voit que le débat est nourri. Je serais intéressé d’échanger avec vous et d’avoir vos avis (par retour d’emails si vous voulez).
Citation de la semaine
“La rose de la Saint-Valentin est une hérésie, au même titre que la tomate ou la fraise en hiver.” (extrait de l’entretien d’Hortense Harang, co-fondatrice de Fleurs d’ici, dans Vert).
Du côté des idées
🔎 LES FRANCAIS ET L’ENGAGEMENT DES ENTREPRISES.
On continue avec le mouvement Impact France qui vient de sortir un sondage sur les Français et l’engagement des entreprises. Disons que c’est mitigé…
Au niveau de l’environnement, je vous le disais, nouvelle confirmation de la défiance des citoyens vis-à-vis des engagements des entreprises face au changement climatique. Seuls 42% des Français estiment que les entreprises sont, au moins pour une grande partie d’entre elles, engagées en faveur de l’environnement afin d’aider à limiter le dérèglement climatique et protéger la nature.
Le regard est encore plus critique lorsqu’il s’agit d’évaluer la portée des engagements. Seul un quart des Français considère que les engagements affichés par les entreprises sont profonds et se font au prix d’un effort réel, sur la durée et que cela leur coûte.
Notons toutefois, et de manière assez étonnante, que la confiance dans les engagements décroit avec l’âge.
Dernier point que je retiens de ce sondage : les Français estiment à 59% que les entreprises ne sont pas capables de s’orienter seules vers des pratiques véritablement vertueuses, elles ont besoin d’y être contraintes par les pouvoirs publics. J’aurais pensé que le résultat aurait été plus fort. Il n’atteint même que 67% chez les sympathisants de gauche. C’est, selon moi, un nouvel indice d’une méfiance dans la capacité des pouvoirs publics à jouer efficacement son rôle de régulateur et/ou d’une attente portée sur les entreprises pour être plus responsable de leur propre chef.
🧠 UN PEU PLUS DE JUS DE CRÂNE.
😯 La grande démission n’est pas qu’une question de sens pour Olivier Sibony.
📣 10 propositions de Fair pour intégrer la finance à impact social dans les programmes présidentiels.
🤷♀️ Parfois, son boulot, c’est juste un boulot, mais on peut quand même en retirer plein de choses.
💡 Si vous avez un petit doute sur l’utilité d’un responsable/directeur RSE dans votre entreprise, voici trois questions pour vous aiguiller.
Mon son de la semaine
Très belle découverte que ce morceau entraînant et entêtant de Folly Group. A écouter en “repeat”.
Si vous êtes arrivé.e jusque là, j’ai un petit service à vous demander : cliquez sur ❤. Cela permet d’améliorer le référencement de La Machine à sens. Vous aidez ainsi à ce que d’autres découvrent cette newsletter plus facilement. Vous pouvez également partager le contenu sur les réseaux sociaux ou auprès de collègues. Vous êtes mes meilleurs ambassadeurs !
Vous souhaitez devenir société à mission ?
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A jeudi prochain,
Vivien.