#156 Missive express
Usine éco-responsable ; Capri Sun s'y met ; Bel mission ; 1500 sociétés à mission ; le devoir de vigilance européen ; la transformation ; et la soutenabilité en entreprise
Chères lectrices, chers lecteurs,
Bienvenue dans la 156e missive de votre newsletter sur les responsabilités d’entreprise. Elle sera en version express et, une fois n’est pas coutume, envoyée un vendredi. C’est bien de prendre une semaine de congés, mais hors période scolaire, ce n’est pas toujours évident, parce qu’il y a toujours beaucoup de choses à rattraper ! Alors, pas d’édito cette semaine.
C’est parti pour le sommaire :
🏭 Pimpant va ouvrir sa première usine en mode “nouvelle génération”, en donnant une place importante à l’environnement
🍊 Capri Sun se met enfin aux poches recyclables
🧀 Bel va devenir société à mission : on pourrait presque dire “enfin!”
🍾 La barre des 1500 sociétés à mission est franchie et un webinaire expliquera la dynamique
😑 Le devoir de vigilance européen va finalement voir le jour en version tronquée
🤯 Quand on parle de transformation de la société, se rend-on vraiment compte de l’impact ?
📖 Un rapport qui recense les 10 principes pour assurer la soutenabilité des entreprises aujourd’hui et demain
🎧 Mon son de la semaine : Vampire Weekend - Classical
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
Petite annonce plus particulièrement aux experts comptables
Mardi 26, Enso RSE et La Machine à sens avons le plaisir de vous convier à un webinaire intitulé “L'expertise comptable, une profession à mission ?”. Entre 12h et 12h30 (top chrono !), Stéphane Da Mota, co-fondateurs d’Enso RSE, et moi aborderont les fondamentaux de la société à mission sous le prisme des experts comptables, ainsi que les opportunités que les cabinets peuvent saisir avec l’émergence de ce cadre. Pour les intéressés, il suffit de vous inscrire en cliquant sur le bouton.
Je suis un très grand amateur de Vampire Weekend, mais j’étais un peu frustré par leur dernier album en 2019, le premier depuis six ans. Mais, les nouveaux singles de l’opus qui paraîtra dans deux semaines augurent d’excellents moments musicaux ! “Classical” est d’excellente facture et fait état d’une maturité mélodique vraiment remarquable !
🏭 Un projet d’usine “nouvelle génération” pour Pimpant
Comme je ne regarde pas “Qui veut être mon associé ?”, je n’ai pas vu leur récente prestation, mais qu’à cela ne tienne, j’ai trouvé via cet Le Journal des entreprises le projet d’usine de production que Pimpant vient de lancer. Je ne sais pas si ce sera super-automatisé, en tout cas, ce sera pensé différemment d’un site “classique”.
La marque de produits d’hygiène, récemment passée société à mission, veut maîtriser davantage sa production. Signalons déjà que c’est un engagement fort, parce que beaucoup de jeunes marques sont fabless et s’appuient donc exclusivement sur des partenaires industriels. Autre objectif de posséder son propre site de production : réduire son empreinte carbone. Pimpant va tout faire depuis son site, de la conception à l’envoi en passant par le conditionnement.
L’usine devra être autonome en énergie et sera entourée par un jardin géré en permaculture, ainsi que d’un espace ouvert au public pour sensibiliser les familles à mieux consommer ensemble.
Mon avis : en matière d’industrialisation, passer de la fabrication par autrui à l’ouverture de son usine est un enjeu stratégique : cela nécessite plus d’investissement, plus de recrutement (notamment de nouveaux profils), plus de process. C’est un réel risque, car c’est un autre type de gestion d’entreprise, mais c’est aussi un formidable projet pour être plus ancré localement, mieux maîtriser sa production et participer à la réindustrialisation de son territoire.
🍊 Même Capri Sun s’y met
Se dire qu’en 2024, les Capri Sun ne sont pas recyclables est un peu une folie… Et pourtant, c’est toujours le cas. Mais, plus pour très longtemps. Après être passé à la paille en papier (pas trop le choix me direz-vous avec la réglementation européenne en vigueur), Capri Sun commence à lancer ses poches recyclables.
Le marché britannique sera le premier à les connaître. J’aime bien le commentaire de leur responsable marketing UK : “Nous savons que la durabilité influence de plus en plus les décisions d’achat des parents et, chez Capri Sun, nous voulons jouer notre rôle pour aider les familles”. Dit ainsi, on peut difficilement les accuser d’être très volontaristes… Pour la France, il faudra attendre 2025 à en croire leur site qui détaille les initiatives faites sur le packaging. C’était une promesse du PDG.
L’enjeu pour eux était de passer d’un emballage issu de plusieurs matériaux à un emballage aluminium mono sourcé. N’étant pas expert matière, j’imagine qu’il y avait de réels défis, mais je trouve tout de même étonnant qu’aucune solution n’ait été trouvée avant… Mieux vaut tard que jamais…
Mon avis : j’ai vraiment l’impression que ce choix relève davantage de la contrainte et de la pression externe que d’un vrai choix. Je ne doute pas qu’il y a eu pas mal de R&D pour arriver au nouveau contenant, mais un simple exercice de projection il y a 7-8 ans aurait permis de se dire que ce devait être un axe de développement essentiel et rapidement.
🧀 Bel va devenir société à mission
J’ai arrêté depuis longtemps de lister les nouvelles entreprises à mission ou en cours d’adoption. Il y en a trop - on a franchi la barre des 1500 ! Mais, je vais faire une exception. Pour qui s’intéresse à la responsabilité d’entreprise, Bel revient fréquemment comme l’exemple d’un groupe très engagé et qui redouble d’efforts. A tel point que je m’interrogeais à savoir si/quand Bel allait adopter la qualité de société à mission.
Le groupe a annoncé que le projet était en cours pour 2024 ! On a hâte de voir ça. Ce serait un exemple très inspirant pour le mouvement des sociétés à mission.
🍾 1500 entreprises à mission…
Dans la continuité, ça y est : la barre des 1500 sociétés à mission a été franchie. C’est une bonne nouvelle, parce que ça commençait à tarder un peu, mais c’est loin d’être le seul indicateur qui compte pour évaluer la santé de la société à mission en France.
Il faudra voir le détail lors du webinaire que l’Observatoire des sociétés à mission organise mardi matin (avec un focus sur le secteur médico-social), mais j’ai l’impression qu’il y a plus de grosses PME et d’ETI qui ont franchi le pas, et inversement moins de toutes petites structures — j’ai plus de mal à évaluer pour les entreprises nativement à mission. C’est un peu le fruit de mon observation et de la typologie d’entreprises que j’accompagne.
A quand les 2000 ?
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😑 Le devoir de vigilance européen va finalement voir le jour en version tronquée
Il y a deux semaines lors de la dernière missive, je n’y croyais plus… Mais l’incomparable diplomatie belge rompue à l’exercice de la négociation et du compromis a réussi à mettre tout le monde d’accord. La directive sur le devoir de vigilance (CSDDD) a été votée par les 27 Etats membres.
Toutefois, le texte a été révisé à la baisse à plusieurs endroits comme le précise le cabinet d’avocats Linklaters :
Le seul d’éligibilité a été augmenté pour ne considérer que les entreprises de plus de 1000 salariés et 450 millions d’euros (contre 150 en décembre, puis 300 en février). Cela représente un peu plus de 5000 entreprises en Europe, contre plus de 16000 avec le compromis de décembre.
Les services financiers sont très peu concernés par cette directive, notamment sur tous les aspects liés à au financement des entreprises.
Les plans de transition climat et de réduction d’émission restent obligatoires, mais les entreprises n’ont plus besoin de les communiquer comme le prévoyait la précédente mouture.
Les Etats membres disposeront de plus de flexibilité sur la question de responsabilité civile des entreprises.
Les phases d’application de la directive ont été revues :
3 ans pour les entreprises de plus de 5000 salariés et 1,5Md€ de CA
4 ans pour les entreprises de plus de 3000 salariés et 900M€ de CA
5 ans pour les autres
Il reste au Parlement d’approuver la version définitive dans une procédure accélérée du fait des élections européennes. Evidemment, nombreux sont ceux à regretter cette version édulcorée, mais il aurait été pire d’enterrer complètement cette directive…
🤯 Réflexions sur la “transformation” du monde
Le terme de “transformation” suscite beaucoup de débats. Il fait peur, parce que se transformer nécessite de passer d’un fonctionnement à un autre. Mais en matière climatique, nombreux sont ceux à considérer que c’est bien de cela qu’il s’agit. A défaut, on parle de transition, terme moins chargé et qui donne l’impression d’une évolution lente et d’un capital temps important.
Dans un long article pour AOC, le philosophe Dominiq Jenvrey creuse le terme de transformation à l’heure des catastrophes bioclimatiques. Pour lui, le concept est pertinent, mais nous n’en mesurons souvent pas la portée :
Ce dont il s’agit n’est pas écrit et répété sans arrière-pensée. Cela agit. Les sociétés complexes humaines agissent. Les conceptions de la vaste société Moderne agissent. Au point que la planète s’agite. Au point que les sociétés humaines prennent en compte de ce dont il s’agit. L’agitation de l’agissement. La catastrophe bioclimatique. Qui oblige à la transformation. Mais nous ne saisissons pas les conséquences de cet énoncé.
(…) Transformation exige de changer notre régime de rationalité. Le rationnel est un problème. La rationalité n’est plus tenable. Transformation est impossible sans s’attaquer au régime de rationalité Moderne.
Selon lui, la société a subi une réelle transformation au XXe siècle mettant l’homme au cœur de tout et dont le rôle impacte la planète dans sa globalité. Mais, cette transformation a été menée sans pression sur les humains. Aujourd’hui, selon l’auteur, cette transformation devra avoir lieu qu’elle soit programmée ou subie.
Face au transhumanisme dont certains se font les parangons, il propose “la rencontrologie” :
La rencontrologie serait cette mise en volonté et cette recherche de tenter de faire des rencontres avec toutes les entités terrestres. (…) Elle supprimerait le centrisme des humains modernes. Dans toutes les luttes d’émancipation il n’y a que des humains. (…) Les collectifs autres qu’humains sont inexistants. S’occuper au temps de la catastrophe bioclimatique c’est accepter d’être humainement minoritaire parmi les entités terrestres.
Son propos est que plutôt que de penser l’humain augmenté par les technologies et dominant par rapport aux autres espèces vivantes (faune et flore), il faudrait penser l’humain minoritaire beaucoup plus en réelle interaction et conscient des interdépendances avec les autres espèces.
Mon avis : Ce type de lecture est toujours assez dérangeant pour moi. Je suis prêt intellectuellement à imaginer ces scénarii, mais je ne parviens pas à les imaginer concrètement. Pourtant, penser que rien ne changera et/ou que l’on pourra compter sur la technologie pour “nous” sauver (nous, humains et nos modes de vie actuels) me paraît peu adapté à la réalité de la situation. Déjà, se nourrir intellectuellement est un premier moyen de se préparer.
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📖 Les 10 priorités de la soutenabilité d’entreprise
Le cabinet Des Enjeux & Des Hommes vient de sortir un petit guide reprenant 10 priorités pour assurer la soutenabilité des entreprises à l’avenir. Comme le précise la publication, il n’y a pas d’ordre, elles sont tous clés.
C’est vraiment la dimension globale et systémique qui me parait essentiel dans ces enjeux, ainsi que l’interdépendance qu’il y a entre chacune.
Cela rend évidemment la démarche plus complexe, mais c’est le prix de la pérennité et de la prospérité de l’entreprise dont on parle.
L’alternative est de continuellement courir après le temps, de voir toute évolution ou nouvelle réglementation comme une contrainte de plus (qui aurait pu être une opportunité si elle avait été anticipée), de mettre sous pression les équipes et l’écosystème de l’entreprise, bref, rien de bien sain et durable…
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A mercredi,
Vivien.
toujours intéressant merci ! Et nous sommes en chemin pour devenir entreprise à mission : TPE dans le conseil en communication ;-)