#108 Comment faire vivre sa mission d'entreprise (selon une IA) ?
Aussi improbable diversification; plans d'action climat; mauvaise nouvelle pour la finance durable; la Belgique et la mission; hommes à la maison; discours abstraits etc. (lecture totale: 9 minutes)
Chère lectrice, cher lecteur,
Après le dernier décryptage hier (celui de Sézane si cela vous a échappé), voici la dernière missive de 2022 ! Quelle année ! Elle a été tellement pleine de rebondissements qu’il serait impossible de la résumer. Encore merci à vous de lire La Machine à sens, d’être si nombreux à la partager.
Je ne vous embêterai presque plus de l’année, juste pour vous envoyer une dernière Huile essentielle mardi prochain.
Mais avant cela, place au sommaire :
💭 L’édito partiellement écrit par une IA
💡 Des sous-vêtements à la relocalisation, il n’y a qu’un fil
👍👎 Le CDP publie son classement des entreprises en matière environnementale
☹️ Sous la pression, le 2e plus grand fonds d’investissement revoit ses ambitions climatiques à la baisse
🔢 Les chiffres qui marquent avec les cadeaux de Noël et le coût des dégâts environnementaux
🤚 La Belgique serait-elle en route vers la société à mission ?
🗣️ En matière de leadership, être abstrait paye plus qu’être concret
📖 Recension de Homo Confort. Le prix à payer d’une vie sans efforts ni contraintes de Stefano Boni
🧠 Un peu plus de jus de crâne avec les hommes ne peuvent pas tout avoir, le label HVE, la virevolte de l’UE sur le libre échange, le chocolat et un monde sans couleur
🎧 Mon son de la semaine : Sufjan Stevens - Come on! Let’s Boogey to the Elf Dance!
Une belle densité cette semaine ! Comme d’habitude, à picorer ou à dévorer !
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Il faut parfois se faire peur pour comprendre qu’on a besoin de s’adapter, de faire les choses différemment et de trouver ce qui nous rend complètement unique… encore plus vis-à-vis d’une intelligence artificielle. Vous le savez probablement : outre cette newsletter, j’aide les entreprises à définir leur mission et à la faire vivre en interne.
Les métiers de conseil reposent sur des méthodologies, des expertises, mais au bout du bout, en hyper-simplifiant, on se ressemble tous quand même un peu… Mais, on a tendance à penser que ce type de métier a peu de chance d’être affecté par l’automatisation. Balivernes !
Vous avez probablement lu des articles sur ChatGPT, un outil conversationnel d’Open AI qui pourrait presque remplacer les moteurs de recherche. Mais l’avez-vous testé ? Je l’ai fait et je me suis fait peur. La suite de cet édito n’est pas de source humaine, à part mes questions.
Comment définir la mission d'une entreprise ?
La mission d'une entreprise est la raison d'être de cette entreprise, c'est-à-dire le but ou l'objectif poursuivi par l'entreprise. La mission peut être exprimée de différentes manières, mais elle doit être claire et précise, et refléter les valeurs et les objectifs de l'entreprise. La mission peut inclure des éléments tels que le type de produits ou services offerts, les clients ciblés, les valeurs et les engagements de l'entreprise en matière de responsabilité sociale et environnementale. La mission peut évoluer au fil du temps en fonction des changements dans l'entreprise et de son environnement. Il est important de définir clairement la mission d'une entreprise afin de lui donner un sens et une direction.
Quelles sont les bonnes pratiques pour faire vivre la mission d'une entreprise ?
Il existe plusieurs bonnes pratiques pour faire vivre la mission d'une entreprise :
Communiquer clairement et régulièrement sur la mission de l'entreprise, afin que toutes les parties prenantes (employés, clients, actionnaires, etc.) soient conscientes de la raison d'être de l'entreprise et de ses objectifs.
Intégrer la mission dans les stratégies, les décisions et les actions de l'entreprise, afin que la mission soit au cœur de tout ce que fait l'entreprise.
Encourager et valoriser les initiatives qui sont en lien avec la mission de l'entreprise, afin de montrer que la mission est prise au sérieux et est mise en pratique.
Mesurer et évaluer les progrès en matière de réalisation de la mission, afin de s'assurer que l'entreprise avance dans la bonne direction et pour identifier les opportunités d'amélioration.
Faire preuve de flexibilité et d'adaptabilité, afin de s'adapter aux changements dans l'environnement de l'entreprise et de maintenir un alignement avec la mission.
En mettant en place ces bonnes pratiques, une entreprise peut faire vivre sa mission de manière concrète et durable.
Impressionnant, non ? Certes, je ne suis pas d’accord avec tout et il y a quelques inexactitudes (la confusion entre raison d’être et mission, mais qui est par ailleurs très fréquente chez les humains—c’est bizarre d’écrire cela…), mais globalement, le résultat est très honnête, clair, factuel.
Pire, vous voulez des exemples de raisons d’être prêtes à l’emploi. Testez ! Vous verrez, même sans info sur votre entreprise, vous allez être surpris… J’ai presque du souci à me faire…
Morale de l’histoire : je répète souvent qu’une mission doit refléter la singularité de l’entreprise ; elle doit être très identitaire. C’est le reflet de l’entreprise ! C’est le seul élément qui vous distinguera d’une autre société et qui fera que vous développerez des ambitions, des offres et une culture d’entreprise que personne ne pourra vraiment façonner comme vous.
C’est pour cela que le travail de raison d’être et de mission est si introspectif : trouver une mission que tout le monde peut choisir est simple, mais ne vous portera pas. C’est seulement si votre mission vous est spécifique et unique que vous vibrerez au quotidien pour la réaliser et que vous parviendrez à embarquer vos collaborateurs, vos futures recrues et tout votre écosystème dans votre sillage.
💡 DU SLIP AU CONSEIL.
Le Slip français se diversifie dans… le conseil à la relocalisation. Cela peut paraître inattendu de prime abord. Et pourtant ! Cela s’intègre parfaitement à la mission de l’entreprise portée sur l’industrie textile française. Le Slip Français travaille depuis ses origines à se sourcer au maximum en France et Guillaume Gibault fait beaucoup pour fédérer des acteurs sur le sujet.
Les Ateliers du Slip représente donc une concrétisation de cette ambition et une main tendue à toutes les entreprises qui se posent des questions sur la faisabilité d’une relocalisation de l’activité ou de l’approvisionnement en France. Finalement, c’est cohérent !
👍👎 TOP OU PAS TOP ?
Le Carbon Disclosure Program (CDP) a sorti son traditionnel classement annuel des entreprises les plus engagées en matière environnementale. Face aux différentes critiques, l’organisation a durci ses critères. A noter : les entreprises retenues ont soumis leurs plans d’engagement à l’ONG et sont toutes de grandes entreprises.
Les entreprises sont notées selon trois thématiques : le climat, l’impact sur les forêts et l’usage de ressources en eau. L’Europe représente près de 50% des entreprises classées A (à savoir qu’elles ont obtenu un A dans une des trois catégories), et même 8 des 12 classées AAA. Certains pourraient s’en offusquer en disant que cela démontre que les Européens se tirent une balle dans le pied en matière de compétitivité, mais rien de cela dans cette missive… 24 entreprises françaises sont présentes, dont Danone, Veolia, L’Oréal ou Saint-Gobain.
☹️ CA SENT MAUVAIS.
J’évoquais la semaine dernière la pression des Républicains aux Etats-Unis contre les politiques ESG des fonds d’investissement. Vanguard, le deuxième plus gros gestionnaire de fonds au monde, vient de quitter l’initiative Net Zero Asset Managers, un groupement international de fonds en faveur de la neutralité carbone.
L’entreprise cite le souhait d’être plus indépendante, mais le timing laisse penser que les mésaventures que rencontre BlackRock ont joué sur cette décision. En outre, Vanguard avait déjà été montré du doigt pour son manque d’action et d’ambition sur les enjeux climatiques. Cela reste toutefois une très mauvaise nouvelle dans l’univers de la finance durable.
🤚 QUOI DE NEUF EN BELGIQUE ?
Marek Hudon, professeur à l’université Solvay à Bruxelles, a officialisé le débat dans un entretien au Soir : et pourquoi la Belgique n’aurait-elle pas son dispositif d’entreprise à mission ?
Selon lui, que je salue au passage, “Je pense que le moment est venu de mettre le dossier à l’ordre du jour, d’initier un débat ouvert et constructif sur la question, tant entendu qu’on ne va pas effectuer un « copier-coller » de ce qui existe en France. Il faut en effet que le maximum de parties prenantes puisse s’exprimer, réfléchir au concept, non seulement dans le monde de l’entreprise, mais aussi de l’économie sociale ou coopérative, notamment.” Soutien total évidemment !
12 millions. C’est l’estimation du nombre de cadeaux de Noël qui ne sont jamais utilisés, selon L’ObSoCo. Cela concernerait plus d’un Français sur quatre.
60%. C’est le pourcentage de Français qui estiment que les coûts des dégâts liés au réchauffement climatique vont être plus élevés que le montant des dépenses nécessaires à la transformation écologique de notre société, selon un nouveau baromètre mondial sur la transition écologique de Veolia réalisé par Elabe. Au niveau mondial (sur 25 pays), c’est 67%. En voyant certains résultats, on se dit que les débats nationaux ne sont pas au niveau : c’est juste 55% en Australie (le plus bas) et 57% aux Etats-Unis. Mais, vous, comment auriez-vous répondu ?
🗣️TROP CONCRET VS TROP ABSTRAIT ?
Le pouvoir de l’abstrait est impressionnant. Selon un article de Cheryl Wakslak et Priyanka Joshi publié dans la HBR, lorsqu’une personne donne un discours aux contours abstraits, cela lui confère aux yeux de ceux qui l’écoutent une vision globale et de la détermination. On imagine davantage cette personne en position de pouvoir, capable de mener des équipes ou des citoyens. Et ce type de discours est plus fréquent chez les hommes.
Il s’avère que les femmes ont davantage tendance à être concrètes. Dans certains contextes, notamment pour montrer une forme de leadership et de vision, cela peut jouer à leur désavantage expliquent les chercheuses. Le conseil des autrices est d’adapter son type de discours à son audience : le concret, les chiffres, les échéances, les données, quand c’est que vos interlocuteurs attendent, et l’abstrait, la vision, les termes plus conceptuels quand vos interlocuteurs attendent une direction. Il faut donc que chaque genre se fasse violence dans certains contextes.
📖RECENSION DE HOMO CONFORT. LE PRIXE A PAYER D’UNE VIE SANS EFFORTS NI CONTRAINTES (L’ECHAPPEE, 2022)
Ce livre est un des mes coups de cœur de l’année. C’est aussi un livre coup de poing. Stefano Boni s’est lancé dans une sociologie du confort, a priori une idée un peu farfelue, mais terriblement d’actualité. L’auteur montre que le confort est probablement un des acquis que tout le monde, sauf quelques personnes en marge de la société, cherchent à renforcer et qui n’est jamais remis en cause. Qui serait audible dans le débat public, qu’il soit social, politique ou économique, en promouvant moins de confort ? Pourtant, plus de confort souvent se traduit par plus de consommation et plus de technologie.
C’est le cœur du propos de Stefano Boni : l’hypertechnologie face à l’hypotechnologie. Son raisonnement est parfois poussé à l’extrême sur des questions de santé ou d’accès à l’alimentation, mais il soulève des interrogations puissantes. Il consacre par exemple un chapitre aux cinq sens et explique assez justement comment notre société (surtout en Occident) a tout fait pour que nos sens subissent le moins d’affronts possibles : les touchers sont toujours plus lisses, nos environnements toujours moins bruyants, les odeurs toujours moins dérangeantes etc.
L’Homo confort “désigne cette forme d’humanité qui dispose de toutes sortes de moyens sophistiqués pour éviter de subir les contraintes et désagréments liés à la gestion laborieuse du monde organique”. Et l’auteur d’expliquer que “l’aspiration au confort a provoqué une scission systématique entre les individus, tout comme entre l’humanité et son milieu, en provoquant la destruction de systèmes sociaux, écologiques et économiques”.
Ce n’est pas un ouvrage sur la décroissance ou la fin du monde, plutôt un coup de fouet qui fait s’interroger sur nos modes de vie, de production et de consommation.
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage ici.
🧠 UN PEU PLUS DE JUS DE CRANE.
Vous aimez le chocolat ? Surtout à Noël ! Ecoutez cet épisode passionnant du Jordan Harbinger Show avec Miki Mistrati. Cela devrait vous faire revoir votre manière de le consommer.
Dans la newsletter 15 marches, Stéphane s’interroge : on sait que la production de couleurs est majoritairement issue de procédés pétrochimiques. Si on imagine un monde sans pétrole, à quoi ressemblerait un monde sans couleur ?
Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) pourrait bien avoir la peau du bio, selon une enquête à lire absolument dans Basta!
Avec les nouveaux plans d’aide massifs à l’industrie outre-Atlantique, les discours semblent évoluer vers moins de candeur et d’ouverture tous azimuts du marché au sein de l’Union européenne, selon Michele Barbero dans Foreign Policy.
Plongée grâce à une enquête du Monde dans la vie de pères qui veulent mettre la vie de famille avant la réussite professionnelle. Pas si simple…
Sufjan Stevens a probablement sorti la meilleure compilation de morceaux de Noël il y a maintenant 16 ans. Cinq CD (à l’époque) magnifiques qui vous plongent dans une ambiance bien loin de Mariah Carey, plus mélancolique, mélodique et folk. Voici une des nombreuses pépites de cette compilation !
C’est terminé pour cette semaine. Si cette missive vous a plu, je vous invite à appuyer sur le ❤️. Il paraît que c’est assez indiqué en cette période de l’année !
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A mardi,
Vivien.