"L'économie est faite pour être généreuse" (Octavie Véricel, dirigeante-fondatrice, Quovive)
Entretien d'octobre: Octavie nous parle des experts comptables, de l'économie généreuse, de la claque du climat, de la mission de son cabinet, de son engagement pour transformer l'économie etc.
Chère lectrice, cher lecteur,
C’est avec un grand plaisir que je vous propose cet entretien du mois avec Octavie Véricel, fondatrice et dirigeant de Quovive, cabinet d’expertise comptable lyonnais passé société à mission. Octavie multiplie les casquettes. Outre son cabinet, elle est également vice-présidente de l’Ordre des experts comptables en Auvergne-Rhône Alpes et co-fondatrice de l’Association des entreprises à mission Lyon Auvergne-Rhône Alpes.
Très active sur les sujets de société à mission et clairement militante du sujet, elle cherche à utiliser son métier pour transmettre des sujets aux entreprises qu’elle accompagne avec ses cinq collaboratrices, qu’elle appelle affectueusement “les filles”.
Dans cet entretien, nous avons abordé l’évolution du métier d’expert comptable, austère aux yeux de beaucoup, mais passionnant - à plus d’une raison - pour Octavie. On parle également du rôle que cette profession pourrait avoir dans la diffusion des dispositifs de la loi Pacte. Presque une forme de devoir pour elle. En dix ans, le cabinet a beaucoup évolué, mais depuis trois ans maintenant, Octavie lui a donné une impulsion résolument plus marquée par l’impact du dérèglement climatique et la nécessaire transformation des entreprises.
On a décortiqué plusieurs éléments de la mission de Quovive, dont “l’économie généreuse”, “la prospérité durable” (clin d’oeil aux lecteurs de Tim Jackson) et jouer un rôle dans la cité.
Octavie n’est pas dupe : elle est certes très engagée, mais elle sait qu’à elle seule, son pouvoir d’influence est limitée, d’où ses autres casquettes, qui crée une toile d’influence.
Octavie est également peintre quand le temps lui permet. J’ai l’habitude d’illustrer mes missives : je lui ai demandé d’illustrer son entretien. Elle a choisi “Pèche d’une nuit en Méditerranée” de Louis Bissinger (alias Régis Bérard) : “J’aime la lumière de cette œuvre sombre et la sérénité qu’elle dégage. J’apprécie beaucoup cet artiste qui n’est pas devenu illustre. Il a pourtant magnifiquement servi l’art et l’art lui a bien rendu en lui permettant de survivre au pire.”
Profitez de cet entretien engagé, engageant et inspirant ! De belles réflexions à méditer et à mettre en pratique.
L’image des experts-comptables est un peu austère. Mais ce n’est pas du tout celle que vous essayez de véhiculer avec Quovive. Comment cherchez-vous à donner un nouveau souffle, une nouvelle manière de voir les experts comptables avec votre cabinet ?
Pour Quovive, ce n'est pas qu'une question d'image, c'est vraiment une réalité. Et je pense que dans notre profession, heureusement, on n'est pas seul à être comme ça. Notre profession est issue du monde libéral, comme peuvent l'être les avocats, les médecins, les notaires. On a un ordre, on est inscrits au tableau, on est gérés par une institution, par délégation de Bercy. Traditionnellement, on avait un expert comptable libéral qui était souvent seul ; parfois il avait des collaborateurs, des fois même des structures de tailles plus importantes, mais ça restait un notable libéral.
Notre cœur de métier, c'est l'accompagnement sur une palette assez large de compétences généralistes dont peut avoir besoin le chef d'entreprise, sur des fonctions qui ne sont pas justement dans son cœur de métier.
Les choses ont évolué. Nos cabinets sont devenus des entreprises comme les autres. On a des collaborateurs qui travaillent en équipe, souvent sous forme de projet. On a les mêmes préoccupations que toute autre organisation sur le management au service des clients.
Evidemment, on fait de la comptabilité, c'est-à-dire à dire que, à un moment donné, on propose des éléments pour pouvoir faire des analyses et pour pouvoir arrêter une situation de manière objective, normalisée, dans un langage particulier. C'est la base de beaucoup de nos prestations, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Notre cœur de métier, c'est l'accompagnement sur une palette assez large de compétences généralistes dont peut avoir besoin le chef d'entreprise, sur des fonctions qui ne sont pas justement dans son cœur de métier, mais qui tourne autour : la gestion administrative, l'administration de ses ventes, la comptabilité, la fiscalité, l’accompagnement RH au sens large, voire l’architecture architecture de son système d'informations. Ça peut également être des montages prévisionnels de financement par rapport à des projets qu'il a.
C'est un métier qui est passionnant parce qu'on apprend tous les jours. On est, je pense, utiles pour beaucoup de chefs d'entreprise. Nos clients sont des petites structures, qui n'ont pas les moyens, en interne, d'avoir toutes ces compétences de gestion.
Vous avez déclaré que selon vous, les experts-comptables devraient être des ambassadeurs de la société à mission. Est-ce que vous estimez que cela prend un peu racine dans la profession ?
Je pense qu'on n'est pas très nombreux dans la profession à avoir ce point de vue. Mais, cela fait partie de notre devoir de conseil. Quand on accompagne un client, on doit aussi l'aider à durer. Et pour durer, aujourd'hui, il faut que les entreprises s'emparent d'une nécessaire transformation qu'elles doivent faire. On ne pourra plus fonctionner à l’avenir comme on l'a fait depuis les Trente Glorieuses, en étant dans l'excès de tout, dans l'excès de consommation, l'excès de production dans le toujours plus, la croissance perpétuelle. Pour moi, c'est derrière nous. Il faut que les entreprises le comprennent pour qu'elles changent avant d'être au pied du mur, avant de se prendre une grande claque, avant de rater ce virage culturel.
On ne pourra plus fonctionner à l’avenir comme on l'a fait depuis les Trente Glorieuses, en étant dans l'excès de tout.
Mais, ce sont des sujets encore très clivants et qui heurtent énormément. Je le vois chez mes clients que j'essaye de commencer à sensibiliser. Il faut vraiment y aller doucement parce qu'on a vite fait de heurter les gens, quand on commence à parler de toutes ces difficultés qu'on va avoir à l'avenir, du fait de la raréfaction des ressources naturelles, qu'il faut qu'on diminue nos gaz à effet de serre, qu'une croissance infinie dans un monde qui est contraint physiquement, ce n'est évidemment pas tenable. On rentre vite dans des questions politiques, puis dans des choses qui dérangent parce que ça dérange, ça fait peur, ça bouscule.
Dans notre métier, on reste encore ancré dans le financier, la croissance externe, le développement, l'augmentation du chiffre d'affaires, l'augmentation du tout, toujours.
C'est une question de paradigme à changer, à vous entendre.
On est dans la finance, dans le fait de gagner plus et d'aider les entreprises à gagner plus. Je suis vice-présidente de l’Ordre des experts comptables en Auvergne-Rhône-Alpes, donc, je connais bien mes confrères. J'ai eu l'occasion de discuter avec eux, mais je suis un peu vue comme une chose étrange. J'ai quand même l'impression que ça commence un peu à changer. De là à se dire qu’il faut changer des choses et que ça peut avoir un impact sur notre métier, que ça peut même faire partie de notre devoir de conseil par rapport à nos clients, nous en sommes loin.
Dans un article publié sur LinkedIn, vous écriviez qu’il fallait arrêter de penser la croissance à tout prix. Et je me posais la question : que répondez-vous à un client qui vous dit : "Mon objectif, c'est de faire plus de croissance" ?
Je suis très embêtée, en fait. Dans le cadre de notre mission, on a un axe qui est d'encourager nos clients à se transformer et de travailler avec des partenaires qui partagent nos valeurs. Donc, on se donne du temps, on ne veut pas se mettre la pression, mais, partant de là, on a enclenché pas mal de démarches et on est en train de travailler, justement, sur le fait de garder les clients qui sont éthiquement différents de nous. Mais également, notre positionnement par rapport aux nouveaux entrants. Que faire dans ce type de situation ?
Il y a des clients qui, aujourd'hui, ont une démarche qui ne colle pas avec ce qu'on peut essayer de leur expliquer ou avec nos valeurs. Pour le moment, nous avons deux réactions. Il y en a certains qu'on a sortis. Et d’autres qu'on garde parce qu'on se dit que notre rôle est aussi de les accompagner à changer, notamment quand on voit une disposition à le faire. Mais c’est hyper dur, parce qu’on travaille avec des gens qui ne sont pas câblés comme nous. Pour les nouveaux clients, on a désormais un processus de sélection collégiale de nos clients. On veut vraiment soit choisir des clients qui sont déjà dans cette démarche, soit qui ne le sont pas, mais qui ont envie d’y aller.
Il y a des clients qui ont une démarche qui ne colle pas avec ce qu'on peut essayer de leur expliquer ou avec nos valeurs. Pour le moment, nous avons deux réactions. Il y en a certains qu'on a sortis. Et d’autres qu'on garde parce qu'on se dit que notre rôle est aussi de les accompagner à changer.
D’accord. C’est intéressant d’avoir ce processus structuré de sélection.
C’est grâce au comité de mission qu’on est en train de mettre en place ce dispositif.
Nous y reviendrons. Le cabinet à bientôt 10 ans. Comment avez-vous fait évoluer son positionnement ?
J’ai eu une prise de conscience : c'était la formation bilan carbone que j'ai faite auprès de l'Institut Formation Carbone pour la méthode bilan carbone de l'Association Bilan carbone. J'ai fait cette formation en 2018-2019. Même si j’ai toujours eu une sensibilité d'essayer de prendre soin de ce qui m'entoure, l’élément déclencheur qu’il fallait une transformation de la société, de l'économie a été cette formation. J'ai même eu du mal à m'en remettre en fait. Pendant six mois, j'étais complètement déstabilisée. Je me suis pris dans la figure le fait que c'était vertigineux et qu’il n'y avait pas de solution.
Suite à ça, je me suis dit qu’il y avait deux façons de continuer, soit je baisse les bras, soit j'essaye justement d'utiliser mon métier qui est un petit peu loin de tout ça pour contribuer, pour apporter un tout petit caillou à l'édifice. A partir de là, avec les filles, on a commencé à réfléchir sur tous ces sujets liés à l’entreprise à mission et au climat. En même temps, il y a eu la loi Pacte. Après, il y a eu le confinement. La crise sanitaire nous a un peu ralenties, mais dès qu'on en est sorties, on s'est dit qu’il fallait y aller.
On a voulu commencer par le cabinet, parce que lui aussi a besoin de se transformer. Il a justement besoin de redéfinir ce qu'il est, où il va, comment il peut contribuer. Donc, devenir entreprise à mission était juste une évidence. Par la suite, on a créé L'Association des entreprises à mission de Lyon Auvergne-Rhône-Alpes pour générer l'élan et essayer de faire savoir.
Vous publiez actuellement une série d’analyses sur la loi Climat et Résilience. Cela fait-il partie de vos efforts de sensibilisation ?
Nous sommes connus pour analyser les lois de finances, les changements quand il y a des mesures qui impactent les entreprises en fiscalité, en droit social, en droit commercial. C'est notre devoir. Mais là, en l'occurrence, on a une loi qui n’est pas directement sur ces sujets et qui, pour autant, va impacter non seulement nos vies, mais aussi nos entreprises. Donc, le faire savoir à nos clients, encore une fois, ça fait partie de notre devoir.
Vous associez la création de l'association à ce mouvement de transformations du cabinet, c'est une continuité naturelle ?
Oui, c'est une continuité. Je me suis dit qu’avec notre portefeuille, environ 150 dossiers, si j’en convainc 10%, ça fera 15 nouvelles entreprises à mission, je ne vais pas aller bien loin. Et puis, pour convaincre ces 15, c'est intéressant si ça s'inscrit dans un contexte où ils en ont déjà entendu parler. Finalement, la loi Pacte, personne n'en a entendu parler. L’objectif de l’association est de faire connaître le modèle.
Finalement, la loi Pacte, personne n'en a entendu parler. L’objectif de l’association est de faire connaître le modèle.
Et pour vous compléter le tableau, en tant qu’élue à l’Ordre au niveau régional, je suis aussi membre au niveau du Conseil supérieur qui est national. Je fais partie du Club développement durable, au sein duquel on a un comité de normalisation extra-financière et RSE dont je suis administratrice. Dans ce comité, je travaille aussi dans un groupe de travail pour promouvoir l'entreprise à mission auprès de nos confrères et pour essayer de faire connaître ce sujet et puis d'encourager nos confrères à faire connaître le modèle auprès de leurs clients et accompagner leurs clients.
Si on regarde maintenant la mission du cabinet, vous parlez de l’économie généreuse, concept que vous mobilisez régulièrement par ailleurs. Qu’est-ce c’est ?
Je parle d’économie généreuse, parce qu'on a énormément de chance dans notre pays. Ça, c'est mon cheval de bataille depuis la création du cabinet. On a énormément de chance d'être dans un système aussi aidant grâce à la collecte de l'impôt et des cotisations sociales et grâce à la redistribution. On a tous, à un moment ou à un autre de notre vie, bénéficié de ce système généreux, par l’école, les hôpitaux, les routes, la collecte des ordures ménagères, la police etc. On a un système qui nous protège, qui nous accompagne toute notre vie, à toutes les étapes de nos vies. Et ça, on ne le rappelle pas souvent. Au contraire, on est toujours en train de pester qu'on paie trop d'impôts, qu'on paie trop de cotisations.
On a énormément de chance d'être dans un système aussi aidant que le nôtre grâce à la collecte de l'impôt et des cotisations sociales et grâce à la redistribution. On a tous, à un moment ou à un autre de notre vie, bénéficié de ce système généreux.
J'ai toujours été révoltée par des clients ou des entreprises, qui répondent présents pour prendre toutes les aides, à l'embauche, pour l’apprentissage, à la création d'entreprise. Mais quand il faut payer les cotisations ou payer les impôts, il n’y a plus personne. Avant les considérations d'entreprise à mission et d'environnement, cela a vraiment été des motifs de rupture avec certains de mes clients.
Ce système, il faut l’entretenir, parce qu'il est profitable à tous.
Je comprends mieux. En soi, l'association des deux termes, économie et générosité, n’est pas quelque chose de si fréquent.
En réalité, l'économie, on l’oublie, mais elle n'est faite que pour ça. Tout le système économique, son unique objectif devrait être de servir l'homme et c'est là où ça ne va plus. C'est que depuis un moment maintenant, on part vers une financiarisation où l'objectif d'un petit nombre est d’avoir le plus d'argent possible au détriment de la cause initiale : permettre l'épanouissement des hommes. L'économie est faite pour être généreuse.
Tout le système économique, son unique objectif devrait être de servir l'homme et c'est là où ça ne va plus.
Dans votre raison d’être, vous parlez également de « prospérer ». Pour quoi ce terme ?
Le concept de prospérité durable vient de Prospérité sans croissance de Tim Jackson. L'objectif de l'entreprise et celui de mes clients, pour moi, ce n'est pas de croître, mais de prospérer. C’est-à-dire d’être bien, de se développer, de rechercher le bonheur et l'épanouissement, pas de rechercher le toujours plus. Le mot prospérité est important, mais c’est hyper complexe de prospérer sans croissance. Mais, c’est ce vers quoi l’économie devrait tendre.
Pour continuer la décortication, un de vos objectifs est de s'engager dans la cité auprès d'acteurs sociaux et sociétaux. Cela me parle beaucoup, parce que je considère que l'entreprise a un rôle politique, dans le sens où elle participe à la vie de la cité. Comment est-ce que vous, en tant que cabinet, participez justement à cette vie de la cité ?
On a toujours été très actif là-dessus, mais maintenant on structure, et puis surtout on le fait de manière collective, parce qu'avant, c'était plutôt moi, toute seule. C'est lié à l'histoire du cabinet, et à notre situation géographique. On est situé à La Duchère, un quartier prioritaire de la ville (QPV), à Lyon. On est entouré de logements sociaux. C'est un quartier qui a été construit dans les années 1960 pour les rapatriés, pour les Pieds Noirs rapatriés d'Algérie, au départ. Puis, il a accueilli, pendant les Trente Glorieuses, tous les immigrés qu'on est allé chercher pour faire travailler. C'est un quartier qu'on a longtemps appelé "la petite Jérusalem", parce que dans un périmètre d'un kilomètre carré, il y a une synagogue, une mosquée et une église. C'est un quartier hyper mixte, hyper populaire. Mais, il a plutôt mal vieilli et bénéficie d’une mauvaise réputation.
C'est mon quartier, parce que j’habite à côté. On est très contentes d'être dans ce quartier et de contribuer. Dans ce quartier, comme c'est un QPV, il y a beaucoup d'actions sociales pour essayer d'aider les gens. Nous, comme on est là, on a été pas mal sollicités dès le départ et on a joué le jeu. Je suis allée, par exemple, aider des demandeurs d'emploi à s'entraîner à leur entretien d'embauche. C'est cela nos actions citoyennes, on aide des porteurs de projets à répondre à leurs questions sur la viabilité de leurs projets. On essaie d'utiliser un petit peu nos compétences professionnelles et techniques pour s'insérer dans la vie du quartier, dans toutes ces actions qui sont mises en place avec les différents acteurs du quartier.
L’ancrage local et la participation à la vie locale sont des choses assez fréquentes pour les entreprises. Mais pour les petites structures comme votre cabinet, dédier un peu de temps à votre écosystème local est moins fréquent.
C'est pour cela que pendant longtemps, ce n'était que moi. Dans le cadre de la société à mission et de notre comité de mission, on se dit qu'il faut qu'on soit toutes mobilisées. On ne donne pas une semaine par mois chacune, mais on donne du temps et on le fait avec conviction et plaisir. Les filles sont super contentes de participer à cela. En plus, cela nous permet de nous développer.
J'ai demandé à l’équipe qui voulait être dans le comité de mission et elles m'ont toutes dit oui. Donc on est toutes ensemble.
On apprend beaucoup de choses à le faire. Cela ne va pas que dans un sens, y compris pour notre développement professionnel. On rencontre des créateurs d’entreprise qui se posent des questions, et ce sont souvent des petits projets de micro-entrepreneurs. Ce sont des personnes que nous ne voyons pas dans nos clients. Cela nous éclaire énormément.
J’ai l’impression que votre comité de mission joue un rôle important. Comment l’avez-vous structuré ?
Il faut forcément un salarié. J'ai demandé aux six de l’équipe qui voulait en être et elles m'ont toutes dit oui. Donc on est toutes ensemble. Pour le moment, on ne l’a pas ouvert, mais je pense qu'on fera rentrer un client l’année prochaine.
Votre comité de mission n'est donc pas juste là pour contrôler la mission ; c'est presque un organe de réflexion, voire de pilotage.
J'ai travaillé à partir du livrable du Groupe de travail « Évaluation » de la Communauté des Entreprises à Mission. J'ai mis en place ce comité vraiment comme un organe de pilotage de la mission et pas seulement de contrôle. À la fin, évidemment, il va falloir faire le rapport. Mais aujourd'hui, on pilote notre mission. On a des tableaux de suivi par axe, qu'on décline en plans d'actions, et on se réunit tous les mois. C'est toujours hyper enthousiasmant, parce qu'on avance.
Une fois par mois, ce n’est pas banal. Généralement c'est plutôt trois ou quatre fois par an.
Ah bon ? Nous, on se réunit une fois par mois. Et entre chaque comité, on a chacune du travail à faire. En comité, on se distribue les tâches. Donc on s'est rajouté du boulot, mais c'est normal.
En interne, on a notre RIO, (Réunion Interne d'Organisation), où on suit principalement nos tableaux de bord, là où les filles en sont sur différents points et thèmes. Mais le comité de mission, lui, sert à réfléchir où on va, comment on structure, comment on mesure.
(L’entretien a été réalisé avant la sortie du rapport Rocher) Vous plaidez pour une évolution possible de la loi Pacte, notamment pour les plus petites structures. Vous considérez que le dispositif est peut-être un peu trop contraignant et vous souhaiteriez un dispositif allégé. C’est-à-dire ?
Je pense que pour une petite structure de trois-quatre personnes, payer OTI, même si c'est moins fréquent pour les grosses, peut être rédhibitoire pour aller vers la société à mission. D'un côté, le législateur a supprimé les Commissaires aux Comptes pour les petites structures, et là il remet un OTI pour les petites structures qui sont justement désireuses de se transformer. Je trouve qu'il y a une certaine incohérence, parce que le budget sera probablement assez similaire en termes d'honoraires, autour de 2000 euros. Pour des petites structures, ce sont quand même des sommes non négligeables.
Pour une petite structure de quelques personnes, payer OTI, même si c'est moins fréquent, peut être rédhibitoire pour aller vers la société à mission.
Pour les plus petites structures, ne pourrait-on pas passer, peut-être, simplement par un dépôt au greffe du rapport de mission accompagnée d’une publication sur le site Internet ? L'idée reste à construire. Cette idée m’avait motivée à créer l’association. Moi seule, je ne suis personne pour essayer de pousser des idées comme cela. Alors que si je suis co-fondatrice d'une association en Auvergne-Rhône-Alpes, ce n'est pas pareil. Cela donne un caractère plus légitime.
Justement, quel est l'objectif de l'association ? Sentez-vous un entrain en Auvergne-Rhône-Alpes ? Comment est-ce que vous envisagez l'avenir de l'association ?
Le nombre de sociétés à mission en Auvergne-Rhône-Alpes référencées par l'Observatoire des sociétés à mission est faible. Une quinzaine environ. Donc, un de nos objectifs dans l'association, c’est de fédérer les entreprises à mission pour partager des bonnes pratiques et avancer ensemble. Mais ça reste limité. Il y en a certaines qui ne sont référencées par l’Observatoire, comme Lyon-La Duchère, Time for the Planet ou Ecotone. Mais bon, au maximum, on a 25 acteurs, aujourd'hui, économiques, qui sont engagés, enfin qui ont fait leur déclaration en tout cas. Après, il y en a plein d'autres qui sont en réflexion pour le moment.
Un des objectifs de l'association est de fédérer les entreprises à mission, notamment partager les bonnes pratiques et les imiter. Après, le reste des actions, c'est de faire connaître. Donc on a rencontré des institutions, des politiques. On va également dans les écoles. C'est ça notre rôle.
Si vous êtes arrivé.e jusque là, je présume que le contenu vous a plu. J’ai un petit service à vous demander : appuyez sur ❤. Cela permet d’améliorer le référencement de La Machine à sens et vous aidez ainsi à ce que d’autres découvrent cette newsletter plus facilement. Vous pouvez également partager le contenu sur les réseaux sociaux ou auprès de collègues.
Vous souhaitez échanger ou collaborer ?
Si vous souhaitez partager une actu, une analyse, faire du ping pong intellectuel sur vos réflexions, me conseiller une entreprise à interroger pour “L’entretien du mois”, réfléchir à des synergies, ou encore me conseiller de me pencher sur un sujet, vous pouvez me contacter par réponse à cet email si vous me lisez depuis votre boîte, sinon par email ou via LinkedIn.
A vendredi pour la prochaine missive,
Vivien.