En vacances, on prend le temps de lire, n’est-ce pas ? En réalité, il faut toujours prendre le temps de lire… Surtout, il faut ouvrir ses horizons. J’ai parfois un peu de mal à le faire, mais je m’efforce d’être aussi divers que possible dans mes lectures. J’ai presque une règle : alterner entre un roman et un essai ou autre non fiction.
Comme c’est l’été et que je mets de côté les articles pour la rentrée, dans les prochaines semaines, je vous présenterai trois lectures en lien évidemment avec cette newsletter. Commençons avec The Passion Economy: The New Rules for Thriving in the Twenty-First Century d’Adam Davidson sorti en début d’année.
L’auteur nous emmène au cœur de la « passion economy ». Nous vivons, selon lui, une transformation profonde de l’économie où le modèle prédominant du mass market et de la course à toujours plus tend à s’estomper. Du moins, il existe aujourd’hui beaucoup plus d’opportunités de sortir de ce modèle dans lequel tout le monde ne peut pas s’épanouir. Par ailleurs, c’est un modèle qui emmène vers l’épuisement des ressources naturelles et humaines.
Chacun a sa définition de la « passion economy ». Ici, il ne s’agit pas simplement d’un appel naïf à faire ce qui nous plaît. Lui l’articule autour de huit règles :
Chercher « l’intimité à l’échelle » (intimacy at scale) : il s’agit de sortir de la production de masse pour se focaliser sur ce qu’on aime faire et ce que l’on fait le mieux pour des clients qui sont tout particulièrement en attente de ces produits ou services.
Créer de la valeur qui ne peut pas être facilement copiée : c’est un appel à l’innovation constante, mais surtout c’est un avertissement. Quand votre produit ou service devient une commodité, la concurrence va tirer les prix vers le bas et la passion disparaîtra…
Le prix proposé doit être en adéquation avec la valeur que vous fournissez : vous évaluez le prix juste et ensuite vous justifiez le coût, plutôt que de déterminer le prix sur la base de vos divers coûts et charges.
Quelques clients passionnés valent mieux que beaucoup de clients indifférents : Adam Davidson part du principe que le passage à la « passion economy » amène à des prix plus élevés. Par conséquent, il faut trouver les clients prêts à payer plus pour une offre de qualité.
La passion, ça se raconte : un bon storytelling est essentiel pour bien vendre son offre. Et cette passion doit se retrouver dans toutes les facettes du business.
La technologie doit soutenir votre entreprise, pas en être le cœur : c’est aussi un de mes grands principes que beaucoup oublient. Il faut savoir tirer le meilleur de la technologie sans se laisser submerger, ni perdre l’âme de l’entreprise.
Connaissez votre champ d’activité et vous vous rendrez compte que ce n’est probablement le bon : en quelques mots, il est important de savoir se positionner, mais encore plus de savoir s’adapter et aller chercher les opportunités partout où elles se trouvent.
Ne vendez pas une commodité, même si vos clients peuvent percevoir votre produit ou service de cette manière : c’est un des points clés de la passion economy. Il faut sortir de la logique de volume qui est une course épuisante et sans fin pour privilégier une offre unique dont vous pouvez véritablement déterminer le prix de vente.
Je trouve ce cadre très pertinent pour les entreprises à mission ou les B Corp. Quand on est dans le mass market, c’est beaucoup plus difficile de se distinguer des autres tant dans son offre que dans l’histoire que l’on vend. En lisant cet ouvrage, j’ai pensé à beaucoup de PME et d’ETI que j’ai pu côtoyer ces dernières années. Elles ont trouvé leur voie/x et ça se ressent à tous les niveaux : chez le dirigeant, chez les collaborateurs, auprès des partenaires, des clients et dans l’offre. C’est un ensemble.
La force d’Adam Davidson se trouve dans les exemples qu’il mobilise. On navigue entre le B2B et le B2C : un producteur de brosses, un expert comptable, une marketeuse dans le vin, un producteur de bars chocolatées, un industriel agricole (Amish de surcroît), une entreprise de stylos billes ou encore un producteur de fils dans l’industrie du textile. Chaque use case est creusé sur une vingtaine de pages et permet de mieux cerner les huit règles citées plus haut. On est plongé dans la psychologie des dirigeants qui passent tous par une phase d’introspection importante : pourquoi je fais ce que je fais ? Qu’est-ce que j’aime vraiment faire ? Est-ce que je fais vraiment ce que j’aime faire ? J’ai découvert il y a quelques mois l’ikigai, méthode que je trouve très utile pour répondre à ces questions.
L’origine de ces interrogations se trouve souvent dans la nécessité de changer : survie de l’entreprise face à une concurrence à bas coût ou à des avancées technologiques majeures, incapacité à prendre du plaisir au travail, burn-out etc.
Le chemin est souvent long et ponctué de nombreuses incertitudes. Tous les paradigmes sont à revoir : quel business model ? Quelle trajectoire pour l’entreprise ? Quel style de management ? Quels clients ?
J’ai dévoré cet ouvrage. Il se lit extrêmement bien et il force à s’interroger que l’on soit collaborateur, entrepreneur ou dirigeant d’entreprise. On ressort avec plein de questions, plein d’idées et au moins une certitude : on doit pouvoir trouver du plaisir au travail sinon il faut en changer. C’est toujours plus facile à dire qu’à faire, mais c’est important de l’avoir à l’esprit : on peut se créer les opportunités d’être passionné par son travail.
Ca me rappelle un dirigeant dans les assurances que j’ai rencontré il y a deux ans. Alors même que son entreprise se portait bien, il ne prenait plus de plaisir. Il trouvait son business trop cynique et a décidé de tout faire pour retrouver cette passion qui l’avait amené à prendre la suite de son père. Aujourd’hui, il parle de la transformation de son entreprise avec un tel enthousiasme. Il est définitivement épanoui !
C’est tout pour cette semaine ! À vendredi prochain pour une autre lecture.
Et vous, quel ouvrage vous a marqué récemment ?
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