Chronique d’été - The End de Zep
Deuxième chronique de l’été. On change de registre et de support pour passer à la BD. Je trouve que c’est un support incroyablement innovant pour diffuser des idées complexes. Et en plus, nous avons la chance d’avoir un vivier exceptionnel d’auteurs en France. Pour couronner le tout, la BD affronte des sujets très divers et pour tout lecteur intéressé par l’histoire, les sciences humaines ou sociales, ou même la politique, il ou elle trouvera forcément album à ses mains.
Pourquoi les dinosaures ont-ils disparu quand une météorite s’est écrasée sur Terre mais pas les arbres ? Cette question est un peu le cœur de The End, cette BD en forme de thriller environmental. Je ne sais pas si c’est un vrai genre mais c’est un bon moyen de qualifier ce volume. Je connaissais Zep derrière les traits de Titeuf ; je le découvre dans un registre très différent que j’affectionne davantage.
Quelques jours après la sortie du premier volume du sixième rapport du GIEC, cette BD est plutôt à propos…
Mystérieusement, dans un village en Espagne, des gens meurent sans raison. Aucune cause n’est identifiée.
En Suède, Théodore vient rejoindre une équipe de scientifiques emmenée par le professeur Frawley. Militant écologiste, il tente de sortir d’une spirale violente dans laquelle il est tombé dans le passé.
Le professeur Frawley est un peu atypique. Ses théories ne sont pas reconnues ; elles sont perçues comme farfelues. Selon lui, le codex des arbres se seraient transformés quand la météorite a touché la Terre et tué les dinosaures, ce qui leur aurait permis de se protéger du danger imminent. Mais il n’a jamais réussi à prouver sa théorie, car les arbres changent leur codex dès qu’ils sont analysés par l’humain.
En Suède, des phénomènes étranges commencent à être observés : des animaux sauvages qui ne fuient plus les humains, des nouvelles espèces de champignons toxiques. Est-ce le fruit d’expériences frauduleuses d’un laboratoire pharmaceutique à proximité ? C’est ce à quoi pensent les scientifiques. Et ils adoptent des méthodes peu orthodoxes pour vérifier. Mais non…
Bien loin de la Suède, des scientifiques parviennent à récupérer une branche d’arbre touchée par la foudre dans une zone où d’autres morts mystérieuses ont eu lieu. L’arbre n’a pas eu le temps de changer son codex. Des traces de la séquence évoquée par le professeur sont alors retrouvées mais plus étrange, le codex des arbres est en train de changer. Cela est encore plus inexplicable et inquiétant…
Les scientifiques commencent à comprendre que les arbres sont en train de dégager un gaz mortel pour les humains. A peine l’ont-ils compris que c’est déjà trop tard…
Il y a déjà tellement de spoilers que je vous laisse découvrir la toute fin. Pas banal de voir la nature en meurtrière de masse, mais assez évocateur : nous sommes des locataires sur Terre ; les arbres en sont ses protecteurs. Et c’est vrai que c’est toujours impressionnant de se plonger dans les arbres, la biodiversité qu’ils couvent, leur capacité indispensable pour la Terre à capter du carbone, leur capacité à communiquer entre eux etc.
Zep met en avant ces incroyables pouvoirs au service d’une histoire de régulation écologique. Je n’ai aucune certitude qu’il y ait la moindre réalité scientifique concernant les théories avancées par le personnage du professeur.
Mais en tout cas, The End est bien pensée en dépit de quelques limites narratives. Elle interroge et rappelle les excès humains permanents d’êtres trop peu conscients de leur environnement (dans tous les sens du terme).
Dans un style très accessible et plutôt haletant, cette BD tient sa promesse : un vrai thriller où le meurtrier n’est ni un homme, ni une femme. Quoique…
C’est tout pour cette semaine. Merci de votre lecture !
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A jeudi prochain,
Vivien.