#1 Actu touffue sur l'entreprise à mission pour cette première missive
Truffaut, Faguo, MAIF, Thierry Marx, l'entreprise extractive... Première missive et déjà beaucoup à partager
Commençons par les bonnes nouvelles : l’entreprise à mission continue à faire des émules.
Les annonces ne cessent de tomber. Danone a révélé au grand public ce statut d’entreprise à mission, mais elles commencent à être de plus en plus nombreuses et dans des secteurs très divers.
Du côté des entreprises
Ainsi, Truffaut a annoncé son souhait d’adopter ce statut. Très belle ETI de 2500 collaborateurs pour 501 millions d’euros de chiffres d’affaires, c’est une entreprise dont les engagements RSE sont bien connus. Mais, cette décision va les obliger à aller au-delà. Comme le dit son président Gilles Mollard, “Cela nous contraint à être beaucoup plus précis dans nos engagements et le suivi des objectifs. C'est aussi une grande source d'inspiration pour nous.”
La MAIF est pionnière dans la philosophie des entreprises à mission et je ne peux que recommander l’excellent ouvrage/manifeste de son DG Pascal Demurger L’Entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus. Il restait à l’entreprise de traduire les mots et les actions en statuts. C’est désormais chose faite depuis quelques jours. Je recommande la lecture du communiqué de presse qui est assez détaillé.
Surtout, il rappelle bien que ce statut de mission n’est pas de l’affichage. C’est un engagement profondément ancré dans l’entreprise, dont on modifie les statuts, mais surtout, cela implique la mise en place de nouvelles instances, en l’occurrence un comité de mission. Chez MAIF, il réunira deux collaborateurs et des experts indépendants externes. Un organisme tiers viendra également valider les missions de l’entreprise. C’est le statut même qui est en jeu si l’entreprise ne mène pas sa mission à bien, donc un risque réputationnel.
Point intéressant dans la démarche du mutualiste, c’est d’adopter une démarche écosystémique. C’est presque du prosélytisme. Ils veulent en effet proposer aux entreprises partageant la même philosophie des “entreprises à impact positif” de devenir sociétaires et de bénéficier d’un accompagnement de MAIF pour développer leur raison d’être. A suivre dans les faits…
Faguo a également franchi le pas depuis quelques semaines. Rien de surprenant chez cette marque textile engagée dans une démarche environnementale forte depuis… sa création. Ils ont fait leur premier bilan carbone en 2011, un an après leur création. Autant dire que ce n’est pas le cas de toutes les entreprises, loin de là. Un long article dans Mode in textile revient sur l’engagement profond de l’entreprise. C’est détaillé, riche d’enseignements et inspirant.
Cela montre que le chemin à parcourir dans le secteur du textile est encore long… mais qu’il peut prendre de multiples formes. En l’occurrence, leur démarche touche toute l’entreprise, aussi bien sur l’approvisionnement, la production, les commerciaux (formés à l’écomobilité) et les points de vente, qui ont vocation à devenir “carbone positifs” : mise en place d’un service de réparation, échange de vêtements usagers contre bon d’achat pour de la remise en vente à prix réduit, utilisation d’énergie renouvelable dans les magasins…
On finit l’actu entreprise par Thierry Marx. Le chef doublement étoilé lance le Collège de Paris le premier bachelor de chefs “chefs d’entreprise” dans le monde rural, à Souillac, en Dordogne. Cette nouvelle initiative va se traduire par la création du Thierry Marx Collège, qui sera une entreprise à mission. L’ambition de ce bachelor est de former des chefs en cuisine et dans les bureaux, mais surtout responsables. L’engagement RSE de Thierry Marx est bien connu avec ses multiples participations à différents projets.
Du côté des idées
Côté réflexion, je souligne deux articles. Le premier sur GPO Mag. Isabelle Saladin, Présidente fondatrice d'I&S Adviser, explique que la “raison d’être” peut être un bon moyen de mobiliser les équipes vers un objectif commun dans un environnement post-COVID.
Je trouve l’idée judicieuse à plusieurs égards. Nombre d’entreprises ont connu un électrochoc de sens en participant directement à “l’effort de guerre” (production de masques, de gels hydroalcooliques, de respirateurs, de visières…) ou indirectement (industrie agroalimentaire, soutien aux soignants…). Retravailler les valeurs de l’entreprise ou définir la raison d’être de l’entreprise peut être une étape dans la bonne direction dans un monde où la quête de sens au travail prend toujours plus de place.
Et enfin focus sur “l’entreprise extractive” dans cet article co-rédigé par Michel Bauwens et Raphaële Bidault-Waddington. C’est un concept développé par Marjorie Kelly et que je vais devoir creuser. En résumé, c’est un principe qui fait que toute la gouvernance de l’entreprise, et notamment les actionnaires, est tournée sur l’accompagnement de l’entreprise vers l’atteinte d’une mission effectuée en plus de ses objectifs financiers.
Bonne lecture et bon week-end !
Clap de fin pour cette première missive. Vos retours seront très appréciés.