#50 La claque du climat
Edito sur la Fresque du climat; Analyses des missions d'Harmonie Mutuelle, Positive Workplace et Consors Intelligence; Priorités d'Olivia Grégoire dans 6 mois; Best for the World selon B Lab etc.
Bonjour,
J’ai tout essayé pour sortir la newsletter hier, mais ce n’était pas possible : plénière mercredi, journée d’équipe hier, bref, pas de possibilité. Néanmoins, c’est un mal pour un bien, parce que l’édito va porter sur une activité d’équipe que nous avons faite : la Fresque du climat.
Avant cela, petit mot sur les prochaines semaines. La semaine prochaine, vous recevrez l’huile essentielle du mois de juillet, parce que c’est la dernière missive complète avant les congés estivaux. Jeudi, vous recevrez l’entretien de juillet avec Thomas Deck, co-fondateur de la brasserie Deck & Donohue. Une passionnante lecture de vacances que je remettrai en avant à la rentrée bien évidemment.
Ensuite, on passe en mode estival, à savoir une chronique d’ouvrage portant sur divers sujets, mais pas stricto sensu sur le sujet de la newsletter. C’est bien de s’ouvrir à d’autres choses aussi. Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas lu, je vous conseille de jeter un œil à la missive anniversaire où je prodigue 16 conseils pour passer société à mission (qui peuvent également être utiles quand on veut se replonger dans sa raison d’être ou ses objectifs).
Pour l’édito de la semaine, retour sur la Fresque du Climat. J’imagine que beaucoup d’entre vous connaissent, mais sait-on jamais. C’est un jeu sérieux qui permet de saisir les mécanismes à l’oeuvre pour comprendre le dérèglement climatique et ses conséquences. Prévu sur trois heures autour d’un jeu de cartes, chaque groupe doit reconstituer la fresque et les liens entre les différentes cartes.
La deuxième moitié de l’exercice est dédié au débrief et plus particulièrement aux actions à mener à titre individuel et collectif (par exemple au niveau de l’entreprise).
La Fresque du Climat est devenue une activité fréquente dans les séminaires d’équipe, en CODIR/COMEX, avec des assemblées d’élus etc. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que peu de gens sont formés au climat et malgré la conscience de l’urgence climatique, nous ne savons pas forcément comment l’expliquer, ni n’avons à l’esprit les dynamiques en jeu. Ensuite, parce que cette connaissance est fondamentale pour bien identifier des leviers d’action, qu’ils soient à faible ou fort impact et faciles ou difficiles à mettre en oeuvre.
En trois heures, on ingurgite beaucoup de concepts et de chiffres et évidemment, on ne retient pas tout, mais le message essentiel passe forcément : il faut agir vite ! On se prend une claque avec cet exercice même quand on est sensibilisé à ces questions. Je peux vous dire que dans l’équipe, tout le monde vous dira que c’est hyper intéressant, mais assez déprimant. Peut-être pas une activité fun de team-building…
J’avais entendu beaucoup de bien sur la Fresque du Climat et je confirme que cela vaut vraiment le coup de la faire. C’est instructif, pédagogique et puissant. Sa déclinaison logique, la Fresque de l’Adaptation, sortira à l’automne. La Fresque du Climat crée le déclic ; la Fresque de l’Adaptation facilitera le passage à l’action.
Au sommaire :
Analyses des missions de Harmonie Mutuelle, Positive Workplace et Consors Intelligence
Le B Lab récompense les entreprises Best For the World
Le label Positive Workplace décerne trois étoiles à une entreprise pour la première fois… mais à qui ?
OpenClassrooms sort son deuxième rapport à mission : à ma connaissance ce sont les premiers
Les priorités de la future présidence française de l’Union européenne en matière de responsabilités d’entreprise
Gaël Giraud veut changer la loi, mais ça ne me convainc pas
Mon son de la semaine : Kings of Convenience - Killers
BEST FOR THE WORLD. Le B Lab a sorti son classement des meilleures entreprises dans le monde sur les piliers phares de la certification, “Community”, “Workers”, “Governance”, “Environment” et “Customers”. Vous y retrouverez les entreprises les mieux notées en fonction de leur taille d’entreprise.
L’intérêt de vous en parler n’est pas de mettre en avant telle ou telle entreprise. En revanche, les entreprises citées peuvent constituer des points de référence, des modèles à suivre, voire à contacter, pour comprendre leurs démarches, leurs réussites et leurs difficultés. Tous les secteurs d’activité sont présents, donc il y a forcément une entreprise en miroir de la vôtre qui peut avoir de bons conseils à prodiguer.
UNE COOPÉRATIVE AU TOP. Socaps, coopérative industrielle, dont je vous reparlerai à la rentrée, est la première entreprise à recevoir les trois étoiles du label Positive Workplace, label RSE made in France, en deux ans d’existence du label.
ET JUSTEMENT… En parlant de Positive Workplace, un label certes, mais il y a une entreprise qui en gère la certification ; elle vient de passer société à mission. Un exercice de scrutateur s’impose dès lors : Charles serait déçu que je ne le fasse pas - je le remercie d’ailleurs de m’avoir transmis les éléments de la mission.
Leur raison d’être : “Par l’évaluation et le dialogue parties prenantes, engager toutes les organisations vers des modèles économiques responsables”. Elle est efficace, claire et mélange l’activité business et l’ambition plus large. On comprend bien l’activité d’évaluation du label, peut-être moins la spécificité qu’elle met en avant, à savoir “le dialogue parties prenantes”. Il s’agit en fait d’interroger les parties prenantes de l’entreprise dans le processus de certification. Peut-être aurais-je utilisé un autre terme que “dialogue”, car c’est plus qu’un dialogue : leur avis compte pour 50% de la note.
Pour le reste, c’est clair. Je trouve que le verbe “engager” est très bien choisi. L’engagement émane de Positive Workplace qui mène un audit pour aider l’entreprise à s’améliorer ; et il émane de l’entreprise qui s’engage à maintenir ses actions et à en lancer de nouvelles pour conserver le label, sceau d’engagement RSE.
En parlant de “toutes les organisations”, on comprend que le label peut s’ouvrir à d’autres structures comme les associations. Je ne suis pas forcément adepte du terme “responsables”, mais il renvoie à un imaginaire.
Au niveau des objectifs :
Contribuer à la progression des organisations par la consultation de leurs parties prenantes
Engager les organisations à agir pour le bien commun
Rendre le savoir RSE accessible à toutes et tous
S’appliquer les exigences du label
Je suis plus partagé. Ils sont cohérents avec l’activité de PWP, mais vont-ils les aider à progresser ? Le premier reprend finalement leur singularité première. Ce n’est donc pas un objectif en soi. Vis-à-vis des parties prenantes des entreprises labellisées, ils pourraient chercher à les sensibiliser aussi aux enjeux RSE, tâche ardue et qui tire vers le haut !
Les trois autres sont plus larges : c’est donc leur déclinaison opérationnelle qui permettra d’être enrichissante pour l’entreprise. Concernant le second, j’aurais peut-être insisté sur l’encouragement à l’amélioration continue des entreprises labellisées. Il se passe trois ans avant d’être recertifié. Ce sont trois années qui peuvent être utilisées pour nourrir les labellisés et les inciter à ne pas se reposer sur leurs lauriers.
Le troisième va impliquer un travail d’outreach vis-à-vis du grand public, presque sous la forme d’une activité de plaidoyer et de sensibilisation qu’il sera nécessaire de mener en partenariat avec d’autres structures.
Le dernier est intéressant : il est évident, mais il est engageant. Il demandera à PWP d’être transparent sur ses propres efforts en publiant par exemple le rapport de ses propres parties prenantes sur ses activités.
Dernier point à souligner, car c’est une des premières fois que je le note : l’écriture inclusive. Je n’en suis pas un fervent partisan, mais je trouve que des formulations comme “toutes et tous” sont bienvenues dans ce type d’exercice.
LE RENSEIGNEMENT A MISSION. J’évoquais il y a quelques temps que Consors Intelligence était passée société à mission. Je n’avais pas détaillé davantage, car je ne trouvais pas tous les éléments pour faire mon analyse. Depuis, j’ai échangé avec Bertrand Charles, co-fondateur de l’entreprise. Il m’a aimablement partagé les documents et s’en est suivie une plaisante conversation sur la démarche et les ambitions de l’entreprise.
Ce sera donc un exercice double. Scrutation nourrie de notre échange. Commençons par la raison d’être :
“Favoriser le discernement pour concilier croissance et bien commun.
Conscient que la prédominance de la croissance uniquement fondée sur des objectifs de rendement souvent court-termistes est à l’origine des désordres environnementaux et humains, Consors Intelligence souhaite contribuer à rendre les acteurs économiques plus responsables en les aidant à concilier croissance et bien commun dans une vision long-terme.
Par son savoir-faire en matière d’investigations, Consors Intelligence apporte des informations consolidées, objectives et complètes afin de permettre aux acteurs économiques d’agir dans le respect des Objectifs de Développement Durable fixés par l’ONU et des grandes réglementations sur l’éthique des affaires.”
J’adhère ! Non pas parce que Consors Intelligence a “suivi” un de mes conseils, mais parce que je trouve l’approche pertinente. Comme je le disais : la brièveté d’une phrase catchy n’est pas forcément une approche qui convient pour toutes les entreprises. Recourir à la phrase courte et à deux paragraphes explicatifs est judicieux.
Si Consors Intelligence s’était arrêtée à la seule première phrase, il aurait été bien délicat de comprendre leur activité. Mais je comprends la volonté d’utiliser le terme de “discernement”, objectif essentiel quand on épluche d’innombrables documents à partir desquels on doit aboutir à une analyse fondée et appuyée.
Leurs objectifs :
Contribuer à rendre le monde des affaires plus éthique en prenant en compte les données extra-financières dans les processus décisionnels et dans l’évaluation de la performance pour favoriser une transition économique vers un capitalisme plus responsable du bien commun.
Mettre nos compétences en renseignement d’affaires au service de la gouvernance des entreprises pour permettre aux acteurs économiques d’intégrer objectivement les impacts environnementaux et sociétaux de leurs activités au centre de leur engagement ESG et de la Valeur d’Entreprise.
Développer et promouvoir un modèle d’entreprise dans laquelle le bien-être et le développement individuel ainsi que la qualité des relations interpersonnelles et la proximité humaine sont rendus compatibles avec les objectifs de croissance.
Développer et promouvoir un modèle d’entreprise dans laquelle l’ensemble des parties prenantes, conscientes de nos interdépendances, est fédéré par les mêmes valeurs d’intégrité, d’équité, d’universalité et de responsabilité.
Les objectifs, pris individuellement ou ensemble, sont puissants et qui pourrait s’y opposer ? C’est peut-être un des écueils que j’ai remarqué. Ils mériteraient d’être davantage ciselés. En l’état, on ne sait pas toujours si les objectifs présentent concernent les clients de Consors Intelligence ou l’entreprise elle-même, notamment sur les troisième et quatrième.
On pourrait également avoir l’impression qu’ils jouent un rôle de conseil auprès des entreprises et que ces objectifs sont une forme de manifesto. Je sais que Bertrand a été sensible à l’idée un objectif = un acteur. Peut-être que cela permettra de mieux circonscrire les objectifs. Ma crainte est que ces objectifs soient trop larges et englobants pour que l’entreprise puisse véritablement s’en saisir. Peut-être que des termes comme “développer des modèles” sont trop engageants, notamment vis-à-vis de leurs gros clients. Mais, en tout cas, les ambitions sont affichées.
Et je sais que derrière chacun des objectifs, un profond travail a été réalisé. Enclenchée pendant la crise sanitaire l’an dernier, cette réflexion a pris un an de travail environ avec plusieurs ateliers internes accompagnés par un consultant. Ils ont également été challengés par deux parties prenantes : un investisseur à impact et un cabinet en développement durable. C’est ensuite un cabinet en marketing qui les a conseillés sur le wording.
La démarche de Consors Intelligence est très intéressante, car elle dépasse le cadre de la société à mission. Ils sont en pleine transformation. En adoptant une posture plus globale, ce sont les missions qui changent. Leurs interlocuteurs changent chez leurs clients pour remonter sur des postes de direction, les missions visent des objectifs plus stratégiques ; bref, un repositionnement opportun qui montre les nouvelles ambitions de leur entreprise.
D’autant que l’adoption de la qualité de société à mission n’est pas une évidence pour une entreprise comme Consors Intelligence. Nous sommes notoirement sur des métiers très discrets, parfois opaques. S’afficher entreprise à mission apparaît donc contre-intuitif : ce n’est pas un secteur où promouvoir des idéaux correspond aux attentes clients. Mais cela touche les clients de Consors Intelligence, notamment dans les fonds d’investissement où la dimension RSE prend de plus en plus d’ampleur.
Et cette qualité vient également couronner un repositionnement de l’entreprise vis-à-vis de la communication. J’avais vu un article dans Intelligence Online sur l’adoption de la qualité : c’était leur premier couverture presse en dix ans. Et j’étais le second échange avec la “sphère médias”. Comme me le disait Bernard, “nous sommes prêts à être plus visibles”. Bienvenue dans la lumière !
LA FORCE DU COLLECTIF. Il aurait été difficile de passer à côté de l’annonce qu’Harmonie Mutuelle est devenue entreprise mutualiste à mission. Déjà parce que c’est annoncé de longue date et parce que, si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez que je regarde les mutualistes avec beaucoup d’attention.
Leur raison d’être : “Agir sur les facteurs sociaux, environnementaux, et économiques qui améliorent la santé des personnes autant que celle de la société en mobilisant la force des collectifs”. On peut s’en étonner. Je serais bien en peine de comprendre que l’on parle d’une mutuelle. Il y a certes la santé, mais comme on parle des personnes et de la société, cela pourrait tout à fait être un acteur agroalimentaire.
Mais c’est là que prend toute l’importance du manifeste qui accompagne cette phrase. Tout fait alors sens. Cette phrase qui pourrait s’appliquer à beaucoup d’autres se décline en des réalités opérationnelles adaptées aux activités d’Harmonie Mutuelle.
Comme la raison d’être n’a pas vocation à être un slogan marketing, lui adjoindre un manifeste peut véritablement l’enrichir. Certes, il faut alors quasiment toujours communiquer sur les deux sous peine de se voir opposer le caractère flou de la phrase.
Quid des objectifs ?
Construire collectivement des solutions d’assurance, de services et d’accompagnement ayant un impact positif sur la santé des personnes et de la société.
Améliorer avec les entreprises et les salariés les conditions de travail et de vie, et soutenir les actions de préservation de leur santé et de l’environnement.
Favoriser l’entraide, le développement de liens sociaux et de réseaux de solidarité au cœur des territoires.
Faire vivre l'engagement mutualiste et notre modèle d'entreprise à impacts positifs
Ces objectifs sont vraiment très bien formulés. Ils sont clairs, engageants, inspirants. On comprend bien la visée de chacun d’entre eux : les offres, la QVT, la solidarité sur les territoires et la promotion du modèle mutualiste.
Certains pourraient être qualifiés de générique et nécessiteront un travail de KPI : comment définir et mesurer un “impact positif” ? Comment mesurer l’amélioration des conditions de travail ? Comment mesurer les progrès réalisés pour “favoriser l’entraide” sans être dans le pur comptable (tant d’argents consacrés et tant de projets réalisés) ?
Mais justement, ce sont autant de chantiers à mener et qui pourront conduire à de nouvelles actions et de nouvelles offres.
LE PREMIER DEUXIEME. OpenClassrooms vient de sortir son deuxième rapport de mission. C’est (à ma connaissance) la première société à mission à le faire. Je n’en ai pas encore pris connaissance.
Du côté de la politique
PRÉSIDENCE FRANÇAISE. Dans six mois, la France va prendre la présidence tournante de l’Union européenne. C’est toujours un très grand événement, car cela arrive très rarement. La dernière fois, c’était au deuxième semestre 2008…
Vu les contextes économique, environnemental, géopolitique, politique, digital etc., l’agenda va être très chargé. En matière de responsabilités d’entreprise, Olivia Grégoire va porter le flambeau. Deux sujets domineront ses journées pendant six mois selon l’entretien qu’elle a donné à The Good.
Premier sujet : la fameuse Corporate Sustainable Reporting Directive (CSRD) dont je vous ai maintes fois parlée. La secrétaire d’Etat considère que “nous ne pouvons pas envisager de déléguer la création d’une telle norme à une puissance non-européenne, car nous souhaitons que cette norme incarne le modèle européen”. C’est un enjeu de souveraineté, selon ses termes.
Autre priorité : “mettre en place un devoir de vigilance européen raisonné et raisonnable”. L’objectif est de bien aligner toute la chaîne de valeur.
Du côté des idées
MAIS POURQUOI ? L’économiste Gaël Giraud fait beaucoup parler de lui en ce moment. Déjà très engagé dans les débats politiques, serait-il tenté par la présidentielle ? En tout cas, il vient de sortir 12 propositions à destination des candidats. De nature programmatique, elles couvrent de nombreux sujets, bien que l’économie soit le thème dominant.
Une des mesures concerne les sociétés à mission - c’est déjà suffisant notable pour être remarqué ! Pour lui, la loi Pacte a déjà montré ses limites avec l’éviction d’Emmanuel Faber. Pourquoi ? Parce “qu’elles ne touchent pas au partage du pouvoir et de la gouvernance”. Disons que ce n’est pas tout à fait le sujet de la loi Pacte, même si cela faisait partie des travaux préparatoires. Pour lui, trois propositions s’imposent :
instaurer une “gouvernance partagée” avec “une représentation égalitaire entre les actionnaires et les représentants des salariés au sein du conseil d’administration ou de surveillance”.
Outre que les conseils d’administration touchent une toute petite minorité des entreprises en France, on peut s’interroger sur cette mesure. Il est vrai que contrairement à l’Allemagne, nous n’avons pas dans notre culture un dialogue social fort dans ces instances. Cela doit être amélioré. Le souci, c’est qu’aujourd’hui, les salariés présents au conseil d’administration sont souvent des représentants syndicaux, qui sont peu en phase avec la réalité de l’entreprise, sont des élus bénéficiant d’une faible légitimité interne et n’ont pas toujours bien adopté les codes de communication du XXIe siècle, donc le partage d’infos ne se fait pas.
Bref, améliorer la représentativité des salariés est une bonne piste, mais si c’est pour avoir plus d’élus syndicaux aux boards (notamment dans les plus grandes entreprises), je n’en vois pas l’intérêt. C’est ce pan qu’on occulte souvent dans les propositions de ce genre.
“Puisque l’entreprise doit être ancrée dans son territoire, les collectivités parties prenantes dans le projet de développement doivent également disposer d’un droit de représentation au sein du Conseil d’Administration et d’un droit privilégié à agir.”
Alors good luck! De qui parle-t-on ? Des villes dans lesquelles sont implantées les bureaux, les agences, les usines etc. ? Des villes dans lesquelles les entreprises peuvent s’approvisionner en matières premières ? Des villes dans lesquelles les produits ou services sont vendus ou déployés ? Pour une entreprise locale, ce genre de démarche pourrait être intéressante, bien que les PME et ETI sont généralement très sensibles et impliquées sur leur territoire. Pour une entreprise multi-sites et internationale, ça se complique…
Que l’entreprise soit effectivement vigilante à l’écosystème local autour de ses implantations est essentiel, de là à disposer “d’un droit de représentation”… Ca sera juste la foire d’empoignes pour savoir qui siégerait. Bref, je suis perplexe.
“Pour inciter de nombreuses entreprises à adopter ce statut (sic), des avantages fiscaux pourraient être instaurés et les appels d’offres publics pourraient être conditionnés à l’adoption de cette gouvernance.”
Alors non ! Vraiment non ! Ce type d’avantages fiscaux est le meilleur moyen de tuer la qualité de société à mission. On ira vers un nivellement vers le bas. Passer société à mission pour bénéficier d’avantages fiscaux est une fausse bonne idée. Soit, la société à mission devient le socle fondamental du droit des sociétés : toute entreprise doit être à mission ou ne peut pas exister (un doux rêve) ; soit, la société à mission reste un objectif ambitieux, engageant et contrôlé qui tire les entreprises rôles modèles vers le haut afin qu’elles entraînent dans leur sillage leur écosystème. Et celles qui décident de se transformer le font par choix, par conviction et par stratégie, pas par opportunisme fiscal.
Quant à l’idée de conditionner l’accès aux marchés publics à l’adoption de la qualité, ce serait une distorsion de la concurrence. Argument facile mais intellectuellement pauvre ! Surtout, cela aurait la même conséquence que l’avantage fiscal : un nivellement vers le bas. Sans compter que la puissance publique est loin d’être elle-même un parfait exemple de gouvernance partagée… et encore moins d’être la mieux équipée pour comprendre le monde de l’entreprise. Faisons déjà en sorte que les critères RSE soient beaucoup plus cœur dans l’attribution des marchés publics (au détriment du critère prix), plutôt que de quasiment imposer l’adoption de la société à mission.
Je suis ravi que Gaël Giraud s’intéresse à ces sujets, qui sont effectivement centraux. Mais, je trouve les propositions trop elliptiques, voire allant dans la mauvaise direction, pour offrir un socle de discussion suffisant. La puissance publique ne doit pas légiférer sur tout.
Je trouve que l’effet d’entraînement, la pression des consommateurs, l’évolution des attentes des collaborateurs auront beaucoup plus d’effets transformatifs sur le monde de l’entreprise.
La force de la loi Pacte est sa souplesse. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas la réinterroger, mais il ne faut pas forcément la rendre plus encadrée et uniformisante.
Mon son de la semaine
Le duo magique Kings of Convenience est de retour avec un nouvel album. Tout est dit ! A écouter sans modération !
C’est tout pour cette semaine. Merci de votre lecture !
Vos commentaires, likes et partages sont le meilleur moyen de faire connaître cette newsletter et toutes les initiatives engagées dont je parle. Mais, cela me fait également très plaisir !
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A mardi prochain,
Vivien.