Bonjour,
Semaine hyper chargée, donc newsletter un peu réduite… Mais tellement d’actu pourtant.
Au sommaire :
Chloé montre l’exemple
Hyper croissance et sens co-existent
Faut-il être une start-up pour vouloir devenir B Corp ?
Plein d’annonces de sociétés à mission
La polémique avec Amazon en trame de fond
CE N’EST PAS QU’UNE MODE. Chloé, la marque de vêtement de luxe, a annoncé le mois dernier vouloir se faire labelliser B Corp et créer un advisory group pour l’accompagner dans sa transformation. Plus qu’un simple effet de mode, cette volonté vient d’être de nouveau réaffirmée avec le choix de Gabriela Hearst comme directrice créative. Cette designer uruguayenne a fait de l’éthique et la mode responsable sa marque de fabrique. On voit bien à quel point la transformation vers un modèle vertueux doit se traduire dans des recrutements, notamment aux postes clefs, qui reflètent les ambitions portées par la direction.
TROP VIEUX POUR ETRE B CORP ? Care News a listé les 16 dernières entreprises françaises à avoir été labellisées (depuis le début de l’été). J’ai fait une rapide typologie : les jeunes entreprises et les entreprises dans les services aux entreprises (cabinets de conseil et fonds d’investissement). D’autres auraient pu voir d’autres typologies, mais le fait qu’aucune entreprise de plus de 10 ans d’existence ne soient dans la liste m’interroge : le label B Corp semble avoir du mal à pénétrer dans l’univers des entreprises plus anciennes. Je sais bien qu’il y en a, mais au même titre que B Corp est en train d’adapter son offre pour toucher les grands groupes, en France, en tout cas, n’y a-t-il pas une réflexion à avoir pour toucher également les entreprises “plus traditionnelles” ?
LE SHOP B CORP. En voilà un concept : que des marques B Corp vendues ! C’est le projet lancé par Hopworks Urban Brewery à Portland. Face aux difficultés économiques rencontrées par de nombreuses entreprises, ils ont décidé d’ouvrir un magasin éphémère pendant la période des fêtes avec des partenaires locaux également labellisés. Ils vendent divers produits, comme du miel ou du fromage, mais uniquement d’entreprises B Corp. Alignement de valeurs et concept intéressant. Cela me fait penser à NouveauDépart.eu lancé par Bulb et Luko, toutes deux B Corp.
CROISSANCE ET MISSION PEUVENT CO-EXISTER. En parlant de Luko… Si vous lisez cette newsletter, vous en êtes probablement persuadés, mais sait-on jamais. L’insurtech Luko le prouve de nouveau. B Corp depuis l’an dernier, l’entreprise vient de lever 50 millions d’euros pour accélérer son développement à l’international. Et fait relativement peu fréquent : le tour de table n’est pas constitué de fonds à impact. De toute manière, à ces montants, ils sont bien peu nombreux… Mais, il est certain que le modèle d’hyper transparence, d’éthique et de responsabilité prôné par ses fondateurs ne peut laisser planer de doute auprès des investisseurs : l’entreprise est née vertueuse, elle ne l’est pas devenue, et a bien pour ambition de le rester.
ET UNE DE PLUS. Une alerte est tombée sur le groupe immobilier Réalités, mais impossible de trouver beaucoup d’informations de prime abord. Il en faut plus pour me décourager. J’ai cherché et j’ai trouvé ! Implantée dans le Grand Ouest (et oui encore cette région !), l’entreprise a décidé de passer société à mission. Ce devrait être effectif à partir de mi-janvier, date de la prochaine AG. En tout cas, c’est à l’ordre du jour. Sa raison d’être sera : “Convaincue que l’entreprise a un rôle clé dans les transitions de la Société, la mission de la société est d’être utile partout, tout le temps au développement intelligent des territoires. La société s’engage ainsi à faire bouger les lignes, à repenser la collaboration entre les parties afin d’innover et agir avec audace pour l’émergence de modèles urbains et économiques, au service d’une meilleure qualité de vie pour tous les habitants.” Si certains termes peuvent paraître étranges (“développement intelligent”, c’est-à-dire ?) ou vagues (“entre les parties”), je trouve l’ambition riche, stimulante et engageante.
UNE PIERRE DEUX COUPS. Ce n’était qu’une question de temps : le fonds Mirova passe société à mission ET obtient la labellisation B Corp. Ce n’est pas une surprise pour qui s’intéresse un peu au sujet et à l’aune du positionnement de ce fonds. Pionnier de l’investissement durable, cette filiale de Natixis a vraiment cultivé une marque de fabrique. C’est intéressant d’écouter son DG Philippe Zaouati, qui est un fervent promoteur des idéaux de l’entreprise, sur la relation avec Natixis. Pas évident de faire accepter tous ces engagements à un groupe qui n’affiche pas de telles ambitions. Mais, il lui a laissé les coudées franches sur le sujet.
ET UNE DERNIERE. Pour finir, Brigad, entreprise de mise en relation entre free-lances et employeurs, vient de passer société à mission comme l’explique son PDG Florent Malbranche dans un entretien à Businessmarches.com.
Du côté des idées
LA POLEMIQUE. Comme toujours Philippe Silberzahn, professeur à l’emlyon, aime être LE polémiste. J’apprécie assez régulièrement ses écrits poil-à-gratter, mais parfois, je trouve que la volonté inébranlable de tout expliquer par “l’effectuation” lui fait perdre en pertinence et en force. Dans son dernier billet de blog, il est venu au chevet d’Amazon attaqué frontalement par Pascal Demurger sur LinkedIn. Si vous me lisez depuis quelques temps, vous savez que j’apprécie beaucoup le DG de la MAIF, mais malheureusement, sa tribune était trop lapidaire pour être percutante. Donc facile pour Philippe Silberzahn de prendre le contre-pied. Tout n’est pas de même niveau et comme tout polémiste, il prend parfois des raccourcis gênants qu’il critique lui-même dans le papier de Demurger.
Mon son de la semaine
J’ai une relation compliquée avec les derniers albums de The Strokes, mais il y a de belles pépites sur le bien nommé The New Abnormal, à commencer par la première chanson.
C’est tout pour cette semaine. Merci d’avoir lu cette nouvelle missive. Si elle vous a plus, un grand merci pour vos likes, partages et commentaires.
A vendredi prochain,
Vivien.
Merci Vivien pour cette nouvelle missive que je lis avec grand plaisir à chaque fois.
Pour votre information, j'ai accompagné et écrit un mémoire de MBA sur une entreprise B-Corp ET entreprise à mission qui n'est ni start-up, ni cabinet de conseil et qui s'appelle Connexing. Convaincu comme vous que mission et performance peuvent coïncider, j'espère que cette exception sera suivie de beaucoup d'autres.
Je suis persuadé que vous l'avez lu mais la tribune de Patrick d'Humières dans le Monde d'aujourd'hui est très éclairante sur les sujets qui nous intéressent (dans la machine à sens de cette semaine?).
Enfin, très grand fan de mon côté (et avec une relation moins compliquée avec ce groupe probablement ;-)), je milite résolument pour ma part pour le morceau Selfless dans le dernier album des Strokes.
Belle journée!