#130 Missive express...
Chères lectrices, chers lecteurs,
Cette semaine, je vous propose une version à peu près express de la missive. D’aucuns diront que beaucoup veulent boucler les projets avant les congés estivaux…
Néanmoins, avant de commencer, je souhaite vous faire participer à un entretien de podcast exceptionnel que je prépare avec Hélène Bernicot et Guillaume Desnoës, les deux nouveaux co-présidents de la Communauté des entreprises à mission qui prennent la suite d’Emery Jacquillat. Si vous avez des questions pour eux, n’hésitez pas à me les partager. Je me chargerai de les poser !
Au sommaire de cette 130e missive :
🔨 Au-delà des dégâts matériels des émeutes
🤔 Va-t-on faire la fin des revendications de neutralité carbone ?
💡 Une première agence de développement économique officialise son chemin vers la “structure à mission”
🤯 L’enjeu caché de la décarbonation
📺 Recension de la série Abysses
🧠 Un peu plus de jus de crâne avec une ESN alternative, la théorie du donut, les “éco-zélotes” et l’absence du poids de la connaissance pour l’IA
🎧 Mon son de la semaine : The Mars Volta - Que Dios Te Maldiga Mi Corazon
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
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🔨Dégâts, soutiens et résilience après les émeutes
Difficile de ne pas aborder l’impact que les émeutes ont pu avoir sur les commerces. Quelques estimations commencent à émerger. Le désormais ancien président du Medef Geoffroy Roux de Béziers évoque un milliard d’euros de dégâts, sans expliquer la source de ce chiffre. Selon un sondage flash de la CCI, des dégâts auraient été causés sur 2500 commerces avec une estimation de montant autour de 300 à 400 millions d’euros.
Au-delà des dégâts financiers considérables, parfois potentiellement fatals pour certains commerçants, c’est la dimension humaine que je souhaiterais évoquer. Evidemment, découvrir son magasin saccagé provoque des réactions diverses : de la colère, du désespoir, de l’incompréhension etc. Vous avez probablement dû souvent voir ces sentiments exprimés.
J’aimerais évoquer quelques témoignages un peu différents qui insistent sur la solidarité au sein des équipes, de la part des clients et des partenaires, ainsi que la volonté de rebondir coûte que coûte. Lisez par exemple le témoignage de Simon Dufour-Emmanuel, président de BAMe (Bon A Manger, Ensemble), entreprise de restauration en entreprise locale et solidaire ; celui de Stéphanie Le Henne, franchisée Intermarché à Ivry-sur-Seine, celui d’Hervé Morland, délégué territorial de La Poste en Seine-Saint-Denis, ou encore celui de Mecanicus, start-up dans les voitures anciennes. Elles traduisent les valeurs de solidarité, d’entraide et de résilience.
N’oublions que la première force d’une entreprise, ce sont les femmes et les hommes qui la composent et leur envie de travailler pour un projet commun.
🤔Le repoussoir d’une impossible neutralité carbone ?
Commencerait-on à sortir de la course à la neutralité carbone au niveau d’une entreprise ? Rappelons qu’en France, cette notion est surveillée par la loi. Par ailleurs, l’ADEME recommande aux entreprises de ne pas faire état d’une quelconque neutralité carbone au niveau d’un produit, d’une usine ou d’une entreprise, car cela n’a pas de sens physique. La neutralité carbone se recherche au minimum à l’échelle d’un pays, mais davantage à l’échelle mondiale. Ajoutez à cela la pression des ONG face aux entreprises qui recherchent la neutralité carbone, voire la prône déjà, en s’appuyant très largement sur des programmes de compensation.
Cela explique pourquoi Nestlé vient d’arrêter d’évoquer la neutralité carbone, selon Novethic, et ainsi “s'éloigner de l'investissement dans les compensations carbone pour [ses] marques pour investir dans des programmes et des pratiques qui aident à réduire les émissions de GES dans [sa] propre chaîne d'approvisionnement et opérations”. L’article évoque également Gucci et EasyJet.
C’est encore assez marginal et beaucoup d’entreprises continuent de viser la neutralité carbone parfois avec de réels programmes de décarbonation, parfois en jouant beaucoup sur la compensation, qui, rappelons-le, doit s’appliquer à ce qui ne peut pas être réduit par ailleurs, parfois avec des annonces très très floues.
Néanmoins, si cela devait se généraliser, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les très nombreuses entreprises qui vendent des certificats de “neutralité carbone” ou des programmes de compensation pour les entreprises…
💡Toujours plus de structures à mission
La loi ne prévoit la qualité d’entreprise à mission que pour les sociétés commerciales, les mutuelles et les coopératives, mais il n’empêche que l’on voit quelques autres structures, souvent associatives, s’intéresser à ce que la loi Pacte propose et s’en approprier les mécanismes.
Des clubs sportifs, des établissements d’enseignement supérieur, des réseaux, des associations de promotion régionale, des pôles de compétitivité ont déjà tutoyé l’idée, mais il n’y avait pas encore d’agence de développement économique. C’est chose faite avec Nantes Saint-Nazaire Développement qui vient d’annoncer qu’elle deviendrait une “structure à mission” d’ici la fin de l’année avec une mission inscrite dans ses statuts, un comité de mission et une gouvernance plus ouverte.
🤯L’enjeu caché de la décarbonation
Il n’y a rien de si caché que cela, mais disons qu’une dimension est souvent occultée lorsque l’on parle de la décarbonation. Sharon Wajsbrot dans Les Echos évoque un point très juste : la décarbonation appelle à une massification de l’électrification et du recours à la biomasse.
Problème, RTE prévient dans un récent rapport que la demande en électricité va être plus importante que prévu et que répondre à ce type d’augmentation n’a pas été fait depuis les années 80. Il faudrait un développement extrêmement important du renouvelable, car l’état de nos réacteurs nucléaires laisse à désirer.
Deuxième point que relève la tribune : la demande de biomasse va considérablement augmenter, potentiellement à un point de rupture. La biomasse est une ressource finie… et l’Etat a déjà prévenu qu’il allait falloir s’orienter vers des usages prioritaires et qui ne pourront pas être décarbonés par l’électricité, comme la production de chaleur à haute température dans l’industrie, plutôt que l’aviation par exemple.
Et malgré tout, cela risque d’être insuffisant. L’article conclut sur deux pistes : les progrès technologiques et plus de sobriété. A bon entendeur…
📺Recension de la série Abysses sur France Télévisions
Issue d’un roman de Frank Schätzing sorti en 2004, la série Abysses met en scène des phénomènes naturels inexpliqués et inédits qui viennent bouleverser la Terre (tsunamis un peu partout dans le monde, invasions de crabes tueurs, comportements dangereux de baleines etc.).
Dans cette série audacieuse au casting international, on suit différentes équipes de chercheurs spécialisés dans les océans. Au milieu, on retrouve quelques intérêts économiques avec des entreprises de transport maritime, dont l’activité se trouve profondément perturbée. On découvre progressivement les liens entre des phénomènes a priori isolés, mais qui se répliquent à différents endroits du globe et qui sont finalement tous connectés—j’essaie de ne pas trop vous spoiler.
La série en huit épisodes est très intrigante et ne tombe jamais dans le sensationnel. C’est assez haletant ; on se prend à se poser 1001 questions comme les scientifiques perplexes face à des explications qui sortent du rationnel. Une partie de la réponse se trouve dans le réchauffement climatique, mais ce n’est pas un thème central, alors que c’est probablement une des raisons pour lesquelles la série n’est adaptée qu’aujourd’hui, dans la lignée d’un Don’t Look Up.
C’est un des reproches que l’on peut faire dans le sillage de ce que l’auteur du roman déclarait : les scénaristes n’ont pas assez adapté le contenu à l’époque actuelle. L’enjeu n’est pas du tout politisé ; il n’y a pas de militants pro et anti-environnementaux ; pas de réseaux sociaux. Dans une certaine mesure, on voit la différence de traitement du sujet : en 2004, le réchauffement climatique était un enjeu de niche confiné aux scientifiques, à des intérêts économiques et quelques obscures commissions internationales.
La première saison couvre la totalité de l’ouvrage original. Espérons qu’une potentielle deuxième saison ancre justement davantage la série dans un contexte plus actuel. A suivre…
Vous pouvez visionner la série en replay sur la plateforme de France Télévisions.
🧠Un peu plus de jus de crâne
A écouter absolument l’épisode du podcast d’
avec Michaël Messina, fondateur de l’ESN Edwyn Tech. Un modèle alternatif très intéressant !A écouter l’excellent épisode du podcast du C3D Le Sens et l’Action avec Erinch Sahan du Doughnut Economics Action Lab. Un échange très riche !
Le danger écologiste ne sévit pas qu’en France (ironie je précise), c’est aussi le cas outre-Manche. Le Premier ministre Rishi Sunak s’est fendue d’une tribune pour le Sun qui ne peut générer qu’une réaction : 😦.
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explore un phénomène très intéressant, mais perturbant : les humains ont une capacité limitée d’absorber et de stocker la connaissance et doivent la transmettre de génération en génération du fait de notre mortalité ; autant de contraintes que l’IA ne connait pas. Comment appréhender ce phénomène à mesure que l’IA générative se développe ?
The Mars Volta livre une version acoustique de son album éponyme sorti l’an dernier. Ce groupe a un tel parcours musical que son style est devenu totalement unique. Cet album acoustique joue à plein les influences latino du duo tout en conservant son côté hypnotique et pluristylique. A découvrir avec “Que Dios Te Maldiga Mi Corazon” qui se termine beaucoup trop vite !