#13 The Guardian s'affirme comme le quotidien de l'environnement
Bonduelle et B Corp ; encore de nouvelles entreprises à mission ; état des lieux de la loi PACTE
Bonjour,
Une semaine chargée au travail et donc pas le temps de faire une analyse un peu plus approfondie ! Cela n’empêche pas de traiter une actualité toujours foisonnante !
Au sommaire :
Bonduelle veut être B Corp et explique pourquoi
The Guardian veut avoir un impact sur la sensibilisation aux enjeux environnementaux et le fait savoir
De nouvelles entreprises françaises adoptent le statut de société à mission
France Stratégie fait le point sur la loi PACTE
Du côté des entreprises
J’ai déjà évoqué le rôle de Bonduelle dans la création du B Movement Builder - dont l’objectif est d’offrir une voie transitoire vers la certification B Corp pour les grands groupes. Anne-Sophie Fontaine, VP CSR et communication du groupe, justifie la démarche de Bonduelle :
At Bonduelle, these commitments converge towards a goal: to become a B Corporation. The road to certification requires us to change our state of mind. Through support from the teams at B Lab – the B Corp certification organization – and particularly high standards, B Corp certification makes it possible to begin a cultural transformation of the company. This is essential to meet the ambition of becoming a company with a positive impact.
In this sense, B Corp is for us a lever for accelerating change and the transformation of the company. Certification is not an end but a means, since the steps to achieve it involve questioning and consequent efforts. The B Corp adventure began for us with a great lesson of humility, which was the opportunity to become aware of both our strong points and our margins for progress. This marked the beginning of a process of continuous improvement and permanent evaluation.
The Guardian est devenu B Corp l’an dernier et en a profité pour formaliser ses engagements environnementaux, non seulement en matière de couverture médiatique de ces sujets que de transformation interne du journal. Le quotidien a publié son bilan après un an, ainsi qu’un renouvellement de ses engagements accompagnés des actions à mener. C’est très instructif et ambitieux ! Pour un peu de background, c’est ici.
J’évoquais la semaine dernière le fait que l’arrivée d’un nouveau dirigeant n’ayant pas d’expérience avec les entreprises B Corp ou société à mission peut avoir une incidence importante sur la conduite de l’entreprise, comme l’exemple de Hootsuite semble l’indiquer. Mais, quid de l’inverse ? Nancy Green vient d’être nommée PDG de Old Navy, qui fait partie du groupe Gap. Elle a rejoint Old Navy l’an dernier et incarnait ce rôle par intérim. Surtout Green était précédemment à la tête de Athleta où elle a jué un rôle important dans la certification B Corp de l’entreprise. On peut s’attendre à ce qu’elle s’engage dans la même voie avec Old Navy. Peut-être allons-nous assister à une catégorie de dirigeants salariés de filiales de grands groupes très mobilisés sur ces questions. A suivre…
En parlant de Hootsuite, la lanceuse d’alerte dont je parlais la semaine dernière a été remerciée de même qu’une deuxième personne qui s’était exprimée sur les réseaux sociaux pour se plaindre de la décision de l’entreprise de signer un contrat avec ICE, une agence fédérale américaine.
Je n’oublie pas les entreprises françaises ! Il y a quelques semaines, je vous parlais d’ESII, PME française spécialisée dans la gestion des files d’attente. Un article la présentait comme une entreprise à mission, mais je n’avais pas trouvé de confirmation et donc n’était pas certain du changement de statut. En fait si, ils sont bien devenus société à mission. Une belle nouvelle pour une belle entreprise. Cet article donne un aperçu de la manière dont l’entreprise est dirigée, ainsi que ses objetifs.
Le cabinet de conseil aux Etats Global Solutions Advisory devient société à mission à en croire un filet dans La Lettre de l’expansion. Sa mission est définie ainsi : “coconstruire, partout dans le monde, des sociétés souveraines, toujours plus inclusives et apprenantes, en ouvrant à chaque citoyen(ne) d’aujourd’hui et de demain un accès à une éducation de qualité, tout au long de sa vie, ainsi qu’à tous les savoirs ou toutes les connaissances qui lui permettront de s’émanciper, de révéler ses talents et de s’accomplir pleinement”.
La Camif devient officiellement société à mission. Hyper active depuis plusieurs années sur le sujet, il restait à l’entreprise de modifier ses statuts. C’est désormais chose faite.
Nicolai Tangen, nouveau patron du fonds souverain norvégien, le plus grand au monde, a déclaré au Financial Times que le temps était venu “d’utiliser le risque de manière plus intelligente”, en sortant d’entreprises qui n’avaient pas des pratiques ESG vertueuses. Le fonds a déjà retiré ses investissements de 42 entreprises l’an dernier pour ces raisons. Tangen veut que ce nombre augmente et prévoit des recrutements supplémentaires pour traiter les questions ESG. Le monde de l’investissement est de plus en plus sensible à ces problématiques et cela devrait continuer de se confirmer à l’avenir !
Du côté des idées
Catherine Vampouille et Pierre Minodier, co-présidents du CJD (Cercle des Jeunes Dirigeants) en terminent avec leur mandat de deux ans. Ils reviennent sur deux années pleines de projets et d’avancées, notamment sur l’idée d’entreprise désirable.
France Stratégie a publié le premier rapport de suivi de l’application de la loi PACTE. Les rapporteurs ont relevé une soixantaine d’entreprises ayant adopté une raison d’être statutaire et une vingtaine pour le statut de société à mission. Comme ils le remarquent, ils doivent recourir aux sources ouvertes, car il n’existe aucun autre moyen de les recenser à ce jour. Pour les sociétés à mission, il sera possible de les lister a posteriori. Le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) pourra transmettre la liste des sociétés à mission dès que les Organismes Tiers Indépendants accrédités par le COFRAC réaliseront leurs premiers contrôles et confirmeront la conformité des sociétés à mission se déclarant en tant que telles. Bref, un premier listing semble envisageable l’an prochain.
Le think tank s’est toutefois livré à l’exercice d’analyser les raisons d’être disponibles sur Internet et les regroupe en quatre catégories :
- les enjeux environnementaux, soit les actions qui ont un impact positif sur la planète, qui réduisent l’impact environnemental des entreprises, en adéquation avec les objectifs de développement durable et/ou qui permettent de financer la transition écologique ;
– les enjeux sociaux, soit les actions qui participent à la réduction des inégalités, au développement d’une croissance inclusive, plus généralement les actions avec un impact social positif sur la société ;
– les enjeux de gouvernance, soit les actions qui permettent une gestion plus égalitaire, inclusive et paritaire ainsi qu’une meilleure répartition de la valeur créée par les entreprises ;
– les enjeux économiques, toutes les actions qui visent à accroître la performance et la création de richesse sur le territoire national.
Les enjeux sociaux sont présents dans la quasi totalité des raisons d’être analysées. Viennent ensuite les enjeux environnementaux, bien représentés.
Le rapport soulève un point intéressant. Les entreprises de l’ESS semblent commencer à s’inquiéter du statut de société à mission. En effet, les réglementations normant la RSE et l’ESS sont beaucoup plus contraignantes que les dispositifs de la loi PACTE. Pourtant, on voit que les fonds à impact sont attirés par les entreprises à mission. Elles craignent une diversion des fonds vers ces entreprises au détriment de l’ESS en raison notamment de l’absence de contraintes et d’objectifs formels. A suivre indique le rapport…
C’est tout pour cette semaine. N’hésitez pas à partager cette newsletter sur les réseaux sociaux et auprès de vos réseaux, à la liker et à la commenter. Merci et à vendredi prochain.
Vivien.