#125 Faire les bons choix, c'est penser de manière globale
Et ce n'est pas simple; aussi le Planet Score; les retours abusifs; les nouveaux mots; les stratégies parties prenantes; les investissements énergies propres etc.
Chère lectrice, cher lecteur,
Bienvenue dans cette nouvelle missive de La Machine à sens. Je vous propose que l’on passe directement au sommaire :
💭 L’édito : bien mesurer l’impact de ses décisions sur toutes les parties prenantes
📶 Le Planet Score se structure pour se développer
⛔ Boozt AB bannit des dizaines de milliers de clients pour retours abusifs
📙 L’environnement très présent dans les nouvelles entrées du Petit Robert
🌍 Les énergies propres prennent le dessus sur les énergies fossiles
🤝 Comment construire une stratégie de parties prenantes ?
🧠 Un peu plus de jus de crâne avec le mystère des canaux verts de Venise, les grandes entreprises préférées des futurs diplômés, les problèmes dans les vagues de licenciements et le détricotage de la CSRD.
🎧 Mon son de la semaine : Courting - Tennis
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
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Encore un exemple de la complexité de conjuguer toutes les dimensions du développement durable quand on cherche à ne pas changer de trajectoire. Une nouvelle étude de Transport & Environment explique que l’utilisation de graisse animale explose pour alimenter les “carburants durables” dans l’aviation. Vous imaginez assez aisément l’impact que cela génère…
Face aux pressions pour décarboner les vols, les compagnies aériennes cherchent des alternatives. Parmi celles-ci, on retrouve notamment de la biomasse, des huiles végétales, de l’huile de palme et de la graisse animale. Selon l’étude, la demande en graisse animale a été multipliée par 40 fois depuis 2006 et pourrait encore tripler d’ici 2030. Selon les estimations, près de la moitié de la graisse animale européenne va dans la composition de biocarburant hybride pour les avions.
Triple conséquence : une concurrence nouvelle pour la graisse animale que l’on retrouve plus communément dans la cosmétique et la nourriture pour animaux ; une crainte d’un recours plus important à des alternatives souvent nocives pour l’environnement comme l’huile de palme face à des pénuries à venir ; et la recherche de nouvelles sources d’exploitation de porc. Sur ce dernier point, il y a assez peu de marges de manœuvre, car l’élevage de porc est très mature et il faudrait développer de nouvelles exploitations sur des marchés moins matures, ce qui n’est toutefois pas infaisable.
On voit ici à quel point les arbitrages sont kafkaïens pour une entreprise quand on ne veut rien changer dans son activité. Comme il n’est pas envisageable de réduire le nombre de vols proposés et que la demande ne décroît pas, même chez les jeunes, les compagnies aériennes soumises à des pressions de décarbonation privilégient les enjeux climatiques, mais créent de nombreux autres problèmes sur des enjeux pour lesquelles les pressions sont moins fortes, comme la déforestation (via l’huile de palme, surtout vu les quantités en jeu) et la surexploitation animale (via de nouvelles exploitations de porc).
Certains diront que cela va accélérer l’innovation pour trouver des alternatives durables. Probablement, mais avant que ces innovations soient matures et disponibles à très large échelle, d’incommensurables dégâts auront été causés.
En tout cas, il est essentiel de bien mesurer toutes les conséquences de ses choix sur différentes parties prenantes (cf. plus bas dans la missive). Une amélioration pour l’une peut être négative pour une autre.
📶 Le Planet score se structure pour durer
L’indice Planet Score n’est pas encore très connu du grand public, mais il veut se développer davantage. Destiné aux produits alimentaires, il intègre l’impact environnemental de la fourche à la fourchette. Il est aujourd’hui utilisé par environ 200 marques, ainsi qu’un certain nombre de distributeurs.
Incubé par l’ITAB (Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques), l’indice va connaître une nouvelle phase de développement. Un fond de dotation et une entreprise nativement à mission ont été créés à cette fin. Le fonds de dotation aura pour mission de sensibiliser autour des enjeux couverts par l’indice et sera propriétaire de la marque. L’entreprise sera, elle, chargée d’assurer le déploiement et développement opérationnel et commercial de l’indice dans le respect des principes fondateurs du Planet Score. Peut-être vous proposerai-je leur mission dans un prochain vote d’ailleurs…
⛔ Une plateforme de commerce en ligne bloque des clients qui font trop de retours
On le sait : les achats de vêtements en ligne amènent à davantage de retours que les achats en magasin. A force de faciliter la démarche de renvoi, de nouvelles habitudes se sont créées : on achète juste pour voir ; au pire, on renvoie. Certains clients en abusent. Le problème est que cela représente un coût financier et écologique.
Ainsi, la plateforme suédoise Boozt AB a décidé de bloquer indéfiniment 42 000 clients qui abusaient des retours gratuits. Cela permet d’économiser 791 tonnes de CO2. Bien qu’ils ne représentent que 2% du total des clients, ils pèsent pour 25% des retours de la plateforme. L’article rappelle à juste titre que les retours impliquent du transport, souvent beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais en plus de nombreux articles ne sont pas revendus, et donc jetés ou brûlés.
📙 De nouveaux mots liés à l’environnement dans le dico
Avec l’arrivée des nouvelles éditions des dictionnaires, on découvre les nouveaux mots qui font leur entrée. L’équipe du Petit Robert a retenu 150 nouveaux mots. Plusieurs d’entre eux sont liés à l’environnement : mégabassine, dette climatique, indice de réparabilité, microplastique, greenwashing ou encore zone à faible émission. Avec les mots liés aux nouvelles technologies, l’environnement est la principale thématique qui alimente les nouvelles entrées. Intéressant non !
🌍 Les investissements dans les énergies propres plus importants que dans les énergies fossiles
Pour la première fois, les investissements dans les énergies propres dépassent ceux dans les énergies fossiles, selon l’Agence Internationale de l’Energie (IEA). En 2023, l’Agence estime que 2800 milliards de dollars seront investis dans l’énergie au niveau mondial, dont 1700 milliards pour les énergies propres (ce qui inclut notamment les EnR, le nucléaire, les pompes à chaleur et les véhicules électriques). Pour montrer l’ampleur du phénomène, les investissements dans le solaire seront supérieurs à ceux dans le pétrole.
Cette bonne nouvelle est nuancée par deux phénomènes. Le premier est que les investissements dans les énergies carbonées sont encore beaucoup trop élevés : les investissements dans le charbon sont six fois supérieurs à la trajectoire prévue pour 2030 par l’IEA.
Autre ombre au tableau : la hausse de ces investissements dans les énergies propres est très forte uniquement dans les pays développés. Cela risque d’intensifier un fossé énergétique.
🤝 Comment construire une stratégie de parties prenantes ?
On dit de plus en plus qu’il faut ouvrir le champ de l’entreprise à différentes parties prenantes, pas juste les actionnaires. Ils peuvent être de nature très diverses : collaborateurs, clients, partenaires, fournisseurs, pouvoirs publics, biodiversité, commerces environnants etc.
Mais, ce n’est jamais simple de construire une stratégie autour de ces parties prenantes et surtout de s’y tenir. Dans un article pour la HBR, Darrell Rigby, Zach First et François Faelli donnent quelques conseils pour y arriver. Cela passe tout particulièrement par la mesure de l’importance des parties prenantes et la priorisation selon les enjeux.
Un premier point peut être de s’appuyer sur des études pour voir les attentes de certaines parties prenantes classiques. L’article cite par exemple Just Capital et the Embankment Project for Inclusive Capitalism. On peut en trouver pour l’Europe, voire la France. L’inconvénient comme le mentionne l’article est que ces études sont génériques et mettent toutes les parties prenantes au même niveau, ce qui n’est pas la bonne manière de faire.
La deuxième recommandation est de partir de sa mission pour établir une stratégie de parties prenantes, et ainsi évaluer l’importance de chacune et la priorité à leur accorder selon les enjeux. Des outils comme le stakeholder mapping peuvent être utiles à cet égard.
La troisième recommandation est de déployer cette stratégie. Plusieurs approches sont possibles. Tout d’abord, il faut créer une culture qui prend en considération différentes parties prenantes, par exemple en changeant les indicateurs à suivre et les primes accordées.
Ensuite, il est important de jouer sur l’organisation et les process. Par exemple, pour chaque business review de demander à l’équipe concernée d’évaluer l’impact de sa stratégie sur une série de parties prenantes identifiées.
Ce que l’article ne dit pas, mais je le rajoute : cela prend du temps et nécessite un sponsorship constant, un engagement réel et sincère et des preuves de cette nouvelle direction.
🧠 Un peu plus de jus de crâne
Mais pourquoi les canaux de Venise sont-ils devenus verts clairs ?
Dans un post LinkedIn, Clément Fournier, le rédacteur en chef de youmatter.world, explique le détricotage en bonne et due forme que les lobbies poussent pour réduire l’impact (et donc l’intérêt) de la CSRD.
Quelles sont les grandes entreprises qui font rêver les futurs diplômés selon une grande étude d’Universum ? Du très classique, même s’il faut nuancer, car les étudiants choisissaient parmi une liste.
Dans un épisode du podcast HBR Ideacast, Sandra Sucher explique les erreurs que les entreprises font lorsqu’il y a des vagues de licenciements. Très instructif !
Petit clin d’oeil à Roland Garros avec ce titre de rock bien abrasif “Tennis” de Courting. Pour celles et ceux qui écoutent mes sons de la semaine, vous ne serez pas surpris ;)
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A mercredi prochain pour le décryptage,
Vivien.
rares sont les entreprises ayant défini une stratégie des parties prenantes et les prenant sincèrement en compte. L'une de celles qui m'a le plus impresssionné est Scality ... puisque les parties prenantes font même partie de son logo ! https://podcast.ausha.co/harmonist/25-jerome-lecat-scality-chaque-personne-est-unique-et-on-l-accueille-dans-son-unicite