#119 Premières conséquences de l'enquête de lectorat
Egalement état des lieux des entreprises à mission, l'art et la culture d'entreprise, nouveau nom pour un label RSE et bien d'autres choses
Chère lectrice, cher lecteur,
Bienvenue dans cette 119e missive ! Elle sera un peu spéciale, car à la place d’un édito, je souhaite vous partager quelques évolutions suite à l’enquête de lectorat réalisée ces dernières semaines. D’autres évolutions sont à prévoir, mais demanderont un peu plus de temps à se cristalliser.
Passons au sommaire :
💭 Résumé et conséquences de l’enquête de lectorat
🎨 La Camif montre comment utiliser l’art au service de la culture d’entreprise
📣 Le label RSE Positive Workplace devient Positive Company
⚗️ Le Luxembourg doit réintroduire la commercialisation du glyphosate
📖 Les enseignements du dernier baromètre des entreprises à mission
💧 Les Pays-Bas à l’origine d’un vente d’e-commerce dans un monde sans eau
🗣️ Vouloir imposer sa mission auprès de tout le monde peut être contreproductif
🧠 Un peu plus de jus de crâne avec nos habitudes, l’ESS 10 ans après la loi Hamon et un consortium anti-greenwashing
🎧 Mon son de la semaine : Nabihah Iqbal - This World Couldn’t See Us
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
Quelqu’un a eu la bonne idée de vous transférer cette missive ? Déjà merci à cette personne ! Venez rejoindre les 1378 abonnés en vous inscrivant ! Vous recevrez tous les décryptages, les podcasts et les missives hebdomadaires, ainsi qu’une invitation à un événement d’onboarding sur la société à mission pour les nouveaux membres.
Tout d’abord, merci à celles et ceux qui ont répondu à l’enquête de lectorat. Ecrire une newsletter est un exercice solitaire. Je sais ce que j’aime lire et d’écrire, mais vos retours permettent de mieux percevoir ce que vous appréciez lire. Commençons par les aspects positifs.
La recommandation, une démarche naturelle
Le Net Promoter Score a légèrement augmenté par rapport à la dernière enquête, passant de 56 à 60.
Mine de rien, c’est encourageant. Egalement positif, 83% des répondants ont déjà recommandé la newsletter au moins une fois (+10 points par rapport à la dernière enquête). Les deux moyens les plus fréquemment utilisés sont d’en parler à une personne de votre réseau et de transmettre la newsletter à quelqu’un.
Mon regard : merci beaucoup ! Cela m’honore et m’oblige. C’est un beau témoignage de l’intérêt que vous portez à cette newsletter.
Vos habitudes de lecture
Passons à vos habitudes de lecture. Près de la moitié d’entre vous picorent (46%), quand 31% dévorent tout. Un quart d’entre vous parcourez rapidement.
De manière assez inattendue, les proportions sont exactement les mêmes sur votre style de lecture. 46% des répondants lisent une missive au moins toutes les deux semaines, 31% n’en manquent pas une et 23% au moins une fois par mois.
Mon regard : j’aimerais trouver un système de navigation plus fluide pour parcourir la newsletter, ce que Substack ne permet pas et je me refuse à ajouter des images qui alourdirait le poids des emails. Néanmoins, j’essaie de la construire afin que vous puissiez assez facilement la parcourir si vous le souhaitez, ce que vous faites.
Je vais par exemple modifier ma politique de titres dès cette missive pour qu’ils soient davantage sous forme de filets et moins elliptiques.
Le type de contenu que vous recherchez
A priori, vous trouvez le type de contenu que vous cherchez. En effet, les répondants ont mis en avant : de l’actualité et des analyses sur les entreprises responsables, des idées nouvelles, des liens vers du contenu intéressant.
Un tout petit derrière, vous recherchez des retours d’expérience et des bonnes pratiques sur la rédaction d’une mission.
Mon regard : sur les aspects plébiscités, je vais poursuivre dans la lignée de ce que je vous propose déjà. Pour les retours d’expérience, c’est un axe que je souhaite davantage étoffer. Je n’ai pas encore trouvé la bonne formule, même si j’essaie d’orienter la partie “Du côté des entreprises” sur ces aspects. Quant aux bonnes pratiques de rédaction d’une mission, je vais m’y atteler. Les décryptages pourraient répondre à ce souhait, mais je vais vous proposer un type de contenu dédié. Plus d’infos un peu plus bas.
Parmi les catégories de contenu que je vous propose, globalement, elles semblent recevoir votre approbation avec des mentions spéciales pour les parties d’analyse et sur les décryptages.
En revanche, cette enquête a confirmé une chose : les lecteurs de la newsletter ne sont majoritairement pas les auditeurs du podcast.
Mon regard : je vais supprimer la partie “Les chiffres qui marquent” pour alléger un peu le contenu. Je répercuterai les plus intéressants dans la partie “Du côté des idées”.
Je vais communiquer différemment sur les épisodes de podcasts. Il n’y aura plus d’envois dédiés des épisodes. Cela évitera de multiplier le nombre d’emails dans la semaine. Je communiquerai dessus dans la partie “Du côté des entreprises” (exemple dans cette missive). Toutefois, ils resteront tous répertoriés dans la section “Podcast” directement sur le site.
Le rythme de publication
Finissons par les données qui vont changer pas mal de choses. Vous êtes très partagés sur la publication hebdomadaire d’un décryptage de mission. 51% approuvent ; 49% aimeraient que ce soit une fois toutes les deux semaines.
De même, 43% estiment que le rythme de deux envois le mercredi (pour le décryptage) et le jeudi (pour la missive) est bon. 17% aimeraient que ce soit davantage espacé dans la semaine et 40% qu’il n’y ait qu’une missive avec une alternance de missive et de décryptage.
Mon regard : je vais alterner les décryptages une semaine sur deux. Il y a déjà un bon stock de missions analysées pour qui souhaite se pencher dessus. Surtout, le rythme hebdomadaire est chronophage de mon côté.
Je vais être honnête : il est parfois difficile de trouver deux missions à proposer au vote. Je ne veux pas être le Père fouettard, donc régulièrement, j’exclue des missions dont le niveau me paraît trop faible et malheureusement, elles sont, à mes yeux, beaucoup plus nombreuses que celles qui retiennent mon attention.
C’est pour cela que je vais également proposer du contenu d’aide à la formulation de mission. Je n’ai pas encore trouvé le type de contenu et je ne sais pas si tout sera gratuit ou si une partie sera payante.
Mon enjeu aujourd’hui est davantage de fournir des clés que de casser des élans. Je dois avouer que depuis plusieurs semaines, j’ai l’impression que la très grande majorité de mes décryptages sont négatifs.
Dans le même temps, je vais alterner entre des votes sur des entreprises qui viennent de passer société à mission et d’autres qui le sont depuis plus de temps. Je répondrai davantage à mon double objectif qui est d’être utile aux entreprises qui sont dans la démarche de formulation, ainsi qu’aux entreprises dont les missions sont décryptées.
En résumé
Les missives traditionnelles devraient peu changer, mais la rubrique “Les chiffres qui marquent” va disparaître.
Je réfléchis à vous proposer plus de retours d’expérience d’entreprise. Si vous avez des idées, je suis preneur.
Les décryptages de mission seront désormais publiés une semaine sur deux.
Je réfléchis à vous proposer des contenus plus pédagogiques sur la formulation de mission.
Il n’y aura plus d’envoi spécifique pour les nouveaux épisodes de podcast. Les sorties seront communiquées directement dans les missives du jeudi.
Merci beaucoup de votre soutien !
🎨Faire rentrer l’art dans l’entreprise pour travailler sa culture d’entreprise
Dans le dernier épisode du podcast de La Machine à sens, Emery Jacquillat, président de la Camif, revient sur une expérience originale qu’il a mené en 2010 au moment de la fusion entre la Camif et Matelsom. Il a fait venir une artiste en résidence Anne-Laure Maison, qui avait carte blanche. Elle a mené pas mal de travaux qui ont permis de souder les équipes, ainsi que d’illustrer que l’esprit d’initiative était bienvenu et récompensé. Si vous n’avez jamais entendu cette histoire, il faut absolument l’écouter (à partir de 26’37” sur toutes les plateformes d’écoute).
Désormais, les épisodes sont scindés en deux : une première partie sur l’entreprise et une seconde plus axée sur la mission la semaine d’après. Pour la partie sur la mission de la Camif, qui fait office d’exemple pour beaucoup, c’est ici pour toutes les plateformes d’écoute. C’est passionnant !
📣Un nouveau nom et de nouvelles ambitions pour le label Positive Workplace
Le label RSE Positive Workplace change de nom et de logo. Il s’appellera désormais Positive Company. Ce n’est pas qu’un changement de forme. Comme le précisait son fondateur Charles-Henri Margnat lors d’une soirée pour les labellisés et les partenaires, le label souffrait de son nom à connotation RH, alors qu’il couvre tous les champs de la RSE. Espérons que ce changement de nom sera bénéfique !
Parallèlement, Charles a précisé que l’entreprise voulait accélérer à l’international, non seulement sur la partie de labellisation, mais également sur la partie de scoring des fournisseurs que Positive Company propose désormais.
⚗️La justice luxembourgeoise contraint le gouvernement à recommercialiser le glyphosate
En France, la bataille sur le glyphosate est intense. Le gouvernement a mis en place des plans de diminution du recours à ce produit.
Dans le Grand-Duché, la décision avait été prise en 2021 d’interdire complètement le glyphosate. Cette décision avait été contestée devant la justice par Bayer, propriétaire de Roundup. La Cour luxembourgeoise a invalidé cette décision gouvernementale expliquant qu’elle ne s’appuyait pas sur une argumentation juridique et qu’elle violait le droit européen qui autorise la distribution de produits contenant du glyphosate. Cette autorisation a d’ailleurs été prolongée par la Commission européenne jusqu’au 15 décembre.
Une étude scientifique sur “les risques de l’exposition au glyphosate pour les animaux, les humains et l’environnement” sera publiée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments en juillet, base indispensable pour évaluer une prolongation de l’autorisation de distribution au-delà de fin 2023.
📖Les enseignements du nouveau baromètre des entreprises à mission
L’Observatoire des sociétés à mission a sorti son sixième baromètre qui officialise le dépassement de la barre des 1000 ! C’est également une publication riche d’enseignements. En voici quelques-uns que je retiens :
44% des entreprises à mission ont été créées après 2020, autant dire qu’elles sont pour la très grande majorité nées avec une mission statutaire. C’est 5 points de plus que l’an dernier. La preuve que ce cadre est de plus en plus plébiscité par les fondateurs, même s’il n’est, selon moi, pas toujours utilisé à bon escient.
9,2% des sociétés à mission sont des ETI ou des grands groupes contre 0,17% dans l’économie française. Il y a une très forte accélération du nombre d’ETI qui s’emparent du sujet (+88% en un an) et je le constate également dans mes accompagnements. Cela étant, les microentreprises continuent de prendre une place toujours croissante, passant de 50 à 57% de toutes les entreprises à mission. C’est au niveau des PME de moins de 50 salariés que ça ralentit (de 29 à 24% du total).
La Bretagne est la région où l’on note la plus forte progression du nombre d’entreprises à mission (+92% en un an). Juste derrière, on retrouve à égalité l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie (+88%). Les régions les moins dynamiques sont le Grand Est (+33%) et la Normandie (+50%).
La cohabitation entre la société à mission et les labels RSE progressent peu. 9% des entreprises à mission sont labellisées par ailleurs (en grande majorité B Corp). Ce n’est pas très étonnant, car les labels RSE ne sont pas prioritairement recherchés par les microentreprises ou les plus grandes entreprises.
La tech reste le premier secteur représenté parmi les sociétés à mission devant le conseil. Globalement, les services restent bien en pointe. La plupart des secteurs marque une progression x2 en un an. Deux exceptions notables et étonnantes : l’énergie et le textile.
💧Une campagne originale pour sensibiliser sur l’importance de l’eau
En Occident, l’eau potable semble une denrée infinie, accessible partout, tout le temps, même quand on n’en a pas vraiment besoin. Mais si ça venait à changer ? Des pénuries et des restrictions commencent à se multiplier l’été, ainsi que pendant d’autres saisons.
Un des sujets est que cette facilité d’accès à l’eau est telle qu’on en sous-estime l’importance et l’omniprésence dans notre quotidien.
Aux Pays-Bas, le ministère des Affaires étrangères a financé une campagne de sensibilisation originale créée par Publicis Benelux avec l’ouverture d’un faux site d’e-commerce The Drop Store, le magasin d’un monde en proie à une crise d’eau.
Les pizzas n’existent plus et sont remplacées par des pilules au goût de pizza à des prix exorbitants. Selon le site, il faut 1259 litres d’eau pour une margherita !! De l’eau pure ? Pas de problème : comptez 200 dollars pour 15ml. Vous rêvez de manger un peu de riz, ce nouveau produit de luxe ? 5 grains pour 89 dollars. Selon le site, il faut 1674 litres d’eau pour 1kg de riz.
Bref, vous comprenez le principe ! Le site s’accompagne également de pédagogie sur les enjeux de l’eau et de kits de communication pour partager sur les réseaux sociaux.
🗣️Ne forcez pas la mission sur toutes vos équipes
A force de parler de sens, de raison d’être, de mission, d’impact, on peut en oublier que ce n’est pas ce que tous les collaborateurs recherchent au travail. Dans cet article pour la MIT Sloan Management Review, Charn P. McAllister et Curtis L. Odom distinguent trois types de collaborateurs :
motivés par la mission
motivés par avoir un métier
motivés par la carrière
L’article les traite de manière un peu trop monolithique à mon goût, mais disons qu’on a tous un trait majoritaire. En tant que dirigeant d’entreprise, forcer la mission de manière uniforme sur des collaborateurs attirés par avoir un bon boulot avant tout sera contreproductif. Ils peuvent être d’excellents contributeurs à l’organisation sans être des disciples de la mission. Pareil pour des collaborateurs carriéristes.
Il est donc important de connaître les motivations et la mission de chacun dans l’entreprise. Leurs conseils :
pour les carriéristes : utiliser leur énergie et leur volonté d’être souvent mis au défi pour prouver leur valeur
pour ceux qui veulent avant tout un boulot : les former et proposer des récompenses tangibles, souvent sous une forme de rémunération
pour ceux qui sont motivés par la mission : insister sur le sens de leurs projets et les intégrer à des programmes qui leur permettent de contribuer à partager ce sens de la mission (mentoring par exemple).
🧠 Un peu plus de jus de crâne
Thimothée Duverger fait un bilan de 10 ans de loi Hamon sur l’ESS pour Alternatives Economiques.
Pour un réveil écologique fait un calendrier de l’Avant gratiné sur le greenwashing, mais une fois par an, ce n’est pas assez. Avec d’autres, ils ont créé le Consortium des Debunkers de Greenwashing qui agira de manière mensuelle.
Selon une nouvelle étude, les changements de comportement en matière environnementale découlent davantage de comparaisons avec des personnes de son entourage qui modifient leurs habitudes bien plus que de savoir ce qui est “bien” ou “bon” de faire.
Un bon morceau d’electro-pop bien maîtrisé, c’est quand même toujours plaisant. Parfaitement mélancoliques, les paroles et la mélodie de “This World Couldn’t See Us” de Nabihah Iqbal vont rester longtemps imprimées dans vos oreilles.
C’est terminé pour cette semaine. Si cette missive vous a plu, je vous invite à appuyer sur le ❤️. Cela m’encourage !
Vous pouvez également partager le contenu sur les réseaux sociaux ou auprès de collègues. Vous êtes mes meilleurs ambassadeurs !
Vous voulez que l’on travaille ensemble ?
Si vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement pour devenir société à mission, pour challenger votre raison d’être et vos objectifs, ou pour bien piloter le déploiement opérationnel de votre mission, vous pouvez me contacter par réponse à cet email si vous avez directement reçu cette missive, sinon par email si vous lisez depuis votre navigateur. Plus d’infos sur les différents parcours sur mon site.
A la semaine prochaine,
Vivien.
Bravo pour cet exercice constructif d'écoute des lecteurs !!!