#91 🕯️🕯️2 ans et besoin de vous
Votre feedback m'importe ; décryptage de la mission de Seqens (bailleur social) et plein d’autres actus et analyses (lecture: 10 minutes)
Chère lectrice, cher lecteur,
Il y a deux ans, cette newsletter naissait. Cela paraît tellement loin. Side project à l’époque, juste pour voir, sans prétention et sans fondation. C’est amusant de revoir les premières missives—pour moi en tout cas… Les choses ont bien changé, mais le cœur est resté le même. En deux ans, la focale entreprise à mission s’est durablement installée ; j’ai rencontré pas mal d’entre vous en visio ou en vrai ; vous m’avez soutenu, encouragé, parfois bousculé. Un très grand merci à vous !
Ma situation a beaucoup évolué. La Machine à sens est désormais mon occupation à temps plein avec la partie newsletter et podcast qui servent à parler du sujet de l’entreprise rôle modèle, avec un tropisme fort sur la société à mission. Je l’ai déjà dit, mais je le réaffirme : bien que j’accompagne désormais des entreprises à mission, ni la newsletter, ni le podcast ne sont, ni ne doivent devenir des plateformes d’avant-vente. J’en fais volontairement peu état et cela demeurera. Ce sont des canaux d’analyses et de sensibilisation qui resteront accessibles au plus grand monde et qui doivent avant tout vous être utiles dans vos réflexions.
Vous êtes aujourd’hui 782 abonnés contre 346 il y a un an. Beaucoup d’entre vous découvrez la newsletter sur les réseaux sociaux (un peu plus de 50%) et un peu plus d’un quart grâce à quelqu’un de votre entourage ! Vous n’imaginez pas le plaisir et la fierté que je ressens quand je sais que vous partagez la newsletter à vos collègues ou à vos clients. C’est un acte volontaire et engageant. Cela m’oblige aussi à rester qualitatif et innovant. Cela me donne également envie de faire plus et de toucher davantage de personnes.
C’est pour cette raison que je vous sollicite pour une enquête de lectorat (ça faisait longtemps en plus !) afin de mieux comprendre votre intérêt pour la newsletter, ce que vous aimez ou moins, ce que vous souhaiteriez voir développé. L’objectif est également d’améliorer la valorisation et la visibilité de la newsletter—je suis certain que vous avez des idées ! En effet, depuis un mois, je suis sur un plateau avec une croissance d’abonnés faible.
Abonnés récents ou de longue date, lectrices compulsives ou irrégulières, votre avis m’intéresse donc beaucoup !
Pas d’édito aujourd’hui pour vous laisser un peu de temps pour répondre à cette enquête… 😉
Au sommaire :
🏢Décryptage de la mission de Seqens (bailleur social)
👍Un exemple à suivre sur le congé paternité
😶🌫️Le label RSE Positive Workplace lance un autodiag ouvert à toutes les organisations
🏛️ L’Espagne a son statut à mission
❓Qui est en charge de l’économie responsable ?
🤔C’est quoi « la radicalité » en matière de transition écologique pour le gouvernement ?
💡84 dirigeants prônent la sobriété
👎Les LGBT+ face aux discriminations
🌍10 bons conseils pour votre stratégie climat
🧠Un peu plus de jus de crâne avec les achats responsables, la planification et la pression pour sortir de l’impact
🎧Mon son de la semaine : Sylvan Esso - Sunburn
👆Vote pour le prochain décryptage : Foodles (solution de restauration en entreprise)
Heetch (VTC)
À picorer ou à dévorer !
Du côté des entreprises
🏢DECRYPTAGE DE LA MISSION DE SEQENS.
Merci à celles et ceux qui ont voté pour le décryptage de la semaine. A une voix près, c’est Seqens qui l’emporte.
Filiale du groupe Action Logement, l’entreprise est née en 2019 de la fusion de six entreprises sociales pour l’habitat (ESH). Centrée sur l’Ile-de-France, Seqens compte 1500 collaborateurs. Vu l’ambition des ESH, il est assez compréhensible que l’entreprise devienne société à mission. Surtout, cela se justifie très bien dans la dynamique de fusion entre autant d’entités. Cela donne un cadre commun et partagé. Cette annonce de passage en société à mission s’est accompagnée d’une vidéo d’explication. Bonne idée !
La raison d’être :
Donner à chacun sa chance en innovant pour l’habitat.
Le choix s’est porté sur une raison d’être très concise. La vidéo donne l’explication de chacun des mots. Je vais essayer de ne pas être dans la redite.
On est plutôt dans la raison d’être inspirationnelle. On retrouve une formule de solidarité : donner sa chance à quelqu’un. On parle d’innovation dans l’habitat : sujet majeur dans la transition écologique.
Sur la forme, le choix de la formule punchy et mémorable présente un désavantage : le manque de clarté. “Donner sa chance” est certes une expression connue, mais généralement on explique : donner sa chance pour faire quelque chose. En l’état, le lien entre donner sa chance et innover dans l’habitat n’est pas clair quand bien même l’entreprise explique le choix des mots dans la vidéo. Individuellement, le choix des mots est pertinent. Mis côte à côte, la phrase est plus bancale. La vidéo explique le lien entre emploi et accès au logement. Vrai sujet de société ! Mais, cela ne ressort pas dans la formulation actuelle en partie à cause de son côté lapidaire.
Les objectifs :
Offrir à nos locataires la qualité du service au quotidien, contribuer à la vie des quartiers et favoriser les parcours résidentiels et la mixité sociale
Ce premier objectif est particulièrement dense et ambitieux ! C’est très bien, mais est-ce que le tout forme un ensemble cohérent ? J’ai l’impression qu’il y a des dimensions différentes et distinctes. On y parle des locataires, de la vie de quartier, des “parcours résidentiels” (un conseil : évitez le jargon) et de la mixité sociale (où ? dans les logements, dans la vie de quartier ?). Pas simple de s’y retrouver d’autant que le lien avec la raison d’être ne saute pas aux yeux.
Mon conseil reste le même : soyez simple dans vos objectifs. Un objectif se focalise sur une ambition ou une partie prenante. Cela offre de la clarté et facilite le déploiement et le pilotage.
Réaliser notre transition écologique par la réduction de notre empreinte carbone et la maîtrise énergétique
A l’inverse, cet objectif est clair et direct. Cela rappelle la notion d’innovation pour l’habitat.
Déployer l’ensemble de nos compétences d’opérateur global pour transformer la Ville
C’est un objectif ambitieux, qui est presque une deuxième raison d’être. Ma question porte sur le déploiement de cet objectif. “Transformer la Ville” signifie qu’un modèle de Ville a été décidé et que Seqens est capable d’établir une trajectoire avec indicateurs pour atteindre cette ambition. Si c’est le cas, tant mieux, mais attention à ce type de formulation qui “fait bien”, mais est difficile à matérialiser.
Avec nos parties prenantes, agir durablement en acteur économique responsable en qualité d’employeur, acheteur et investisseur.
Objectif clair. Petit pinaillage de forme, j’aurais mis “avec et au profit de nos parties prenantes”, mais pour le reste l’ambition est louable.
Au global :
Cette mission est dans l’ensemble assez cohérente. La raison d’être permet de créer un engagement, une volonté sociale portée par des principes de solidarité. Les objectifs mériteraient un petit travail d’affinage pour être plus clairs, distincts et “opérationnalisables”. La complémentarité n’est pas toujours évidente entre la raison d’être et les objectifs. La partie “donner à chacun sa chance” ressort finalement assez peu dans les objectifs. Le lien emploi-logement évoqué dans la vidéo ne se traduit pas par des engagements dédiés.
Cet exercice d’analyse se veut pédagogique pour toute entreprise souhaitant devenir société à mission ou en cours de transformation. Je m’évertue à être critique MAIS constructif.
Vous pouvez retrouver toutes les missions déjà analysées ici et mes 16 conseils pour passer société à mission ici.
Et je suis à disposition pour échanger avec l’entreprise analysée.
☝️A VOUS DE VOTER.
Comme chaque semaine, c’est à vous de choisir la mission que vous voulez voir analysée dans la prochaine missive. Quel décryptage de mission vous intéresserait ? Il suffit de cliquer sur votre choix.
🍽️ Foodles (solution de restauration en entreprise)
🚕 Heetch (VTC)
👍UN EXEMPLE A SUIVRE.
Mobidys, startup spécialisée dans les outils d’aide à la lecture, a décidé d’aller un peu plus loin que la loi sur le congé paternité. L’entreprise a décidé d’allonger le congé paternité à 10 semaines, soit l’équivalent du congé maternité après accouchement. Aujourd’hui, le congé paternité est de 28 jours. L’objectif : évitez les discriminations entre hommes et femmes à l’embauche.
😶🌫️VOUS EN ETES OU ?
Le label RSE Positive Workplace a décidé d’ouvrir le cœur du moteur. Ils ont choisi de proposer gratuitement à toutes les organisations (entreprises et associations peuvent candidater) de faire un auto-diagnostic de leur démarche RSE en 20 questions. Lancé il y a deux ans, ce label français a déjà certifié 148 entreprises. Pour faire cet auto-diag, c’est par ici.
Du côté de la politique
🏛️ET DE TROIS.
L’Espagne est le troisième pays européen à créer un dispositif juridique pour faire reconnaître légalement les engagements sociaux et environnementaux des entreprises, après la France et l’Italie. Le statut s’appelle Sociedades de Beneficio e Interés Común (SBIC). L’initiative a été portée par B Lab Spain et Talento para el Futuro.
❓QUI S’OCCUPE DE L’ECONOMIE RESPONSABLE ?
Dans le précédent gouvernement, Olivia Grégoire avait dans son mandat l’économie sociale, solidaire et responsable. Elle s’occupait donc des notions d’impact et des entreprises à mission. Va-t-elle conserver ce portefeuille en tant que chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme ou va-t-il revenir à Marlène Schiappa en tant que secrétaire d’Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire et de la Vie associative ? Etonnant en tout cas que la désignation ait sauté !
🤔 JUSTE COMME CA.
J’ai écouté le discours de politique générale de la Première ministre Elisabeth Borne. Elle a clairement affirmé qu’elle prônait “la radicalité” face à l’urgence écologique. C’est peut-être moi, mais je n’ai pas bien perçu la radicalité dans ses propositions. Surtout, la radicalité implique un principe : le renoncement. Quels sont les renoncements annoncés ? Sortir des énergies fossiles ? Pas très radical, juste une nécessité pour tenir les engagements pris…
Elle a réitéré le fait qu’elle était contre la décroissance et en faveur de l’innovation, notamment parce que sans activité, on ne peut pas financer notre modèle social. Soit! C’est un argument assez convenu, qui, selon moi, est une posture, qui ne cherche ni à comprendre ce qu’est, en vrai, la décroissance (terme malheureux avouons-le), ni que l’innovation (technologique, j’extrapole car elle n’a pas utilisé le terme) ne peut pas être la seule solution.
En revanche, le mot de “sobriété” n’a pas été prononcé.
La citation de la semaine
Passer d’une « sobriété d’urgence » à une sobriété organisée. Tel est l’enjeu auquel nous, dirigeants d’entreprise, avons décidé de collectivement faire face. Pendant longtemps ce mot fut un repoussoir pour de nombreux patrons, aux antipodes de leurs cultures, de leurs enjeux, de leurs préoccupations. Cependant, nous sommes aujourd’hui plus que jamais convaincus que la sobriété n’est pas synonyme de pénurie, de repli ou de déclin, mais qu’elle est la réponse à l’équation la plus cruciale de notre temps qui devrait aujourd’hui être au cœur de toute réflexion politique : comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé ? (Tribune collective de 84 dirigeants d’entreprises publiée dans le Journal du dimanche)
Du côté des idées
👎LES LGBT+ FACE AUX DISCRIMINATIONS.
L’Autre cercle vient de publier son 3e baromètre biennal sur l’inclusion des LGBT+ au travail. Le constat général est qu’en deux ans, la situation s’est aggravée.
Un tiers des LGBT+ a subi une agression au travail (+4 points en deux ans). 20% des LGBT+ estiment que leur orientation sexuelle les a pénalisés dans leur parcours professionnel. Cela les conduit à dissimuler leur orientation dans sept cas sur dix. En gros, on te pose la question à la machine à café dans une discussion informelle : “ah et toi, tu es en couple ?”. Eh bien, tu trouves une pirouette… Surtout, la très grande majorité se rend “invisible” pour ne pas nuire à leur carrière (83%) et pour assurer leur bien-être au travail (67%).
Une question de perception et de sensibilité semble persister entre les LGBT+ et les autres, puisque 55% des premiers ont déjà entendu des expressions LGBT+phobes au travail, contre 34% pour les autres.
Cette tendance globale est moins forte dans les entreprises ayant signé la Charte d’Engagement LGBT+. A explorer pour qui veut se saisir du sujet…
P.S. : je relaie l’information, parce que je la trouve importante. En revanche, je ne me suis appuyé que sur le communiqué de presse. L’accès au baromètre demande beaucoup trop d’informations qui sont injustifiées et intrusives. Dommage pour une démarche qui parle d’inclusion…
🌍 STRATEGIE CLIMAT EN 10 POINTS.
Le projet Net Zero Initiative porté par l’ADEME et de nombreux acteurs dont Carbone 4, Utopies, Reforest’action, la fondation Good Planet, Carbometrix et Sami vient de sortir un document de synthèse fort utile : 10 points pour penser sa stratégie carbone. Quelques exemples : “Pour structurer leur action climat, les entreprises doivent distinguer trois différents types d’action, qui ne sont pas fongibles : la réduction, l’évitement, la séquestration” ou “Si les entreprises souhaitent communiquer sur leur stratégie climat, elles doivent le faire de façon rigoureuse et irréprochable”.
🧠UN PEU PLUS DE JUS DE CRANE.
Sur le plateau de la chaîne B Smart, Pierre Pelouzet (Médiateur des entreprises et Président, Observatoire des achats responsables) évoque le parcours national des achats responsables lancé en octobre dernier.
Article passionnant dans Le Monde sur l’histoire du terme de planification (demandez-moi l’article si vous n’êtes pas abonné.e)
Attention au risque de passer d’une startup à impact à une scaleup en hypercroissance mais plus trop à impact sous la demande des fonds, explique Kate Raworth, bien connue pour son concept de la doughnut economics.
Mon son de la semaine
L’été est parmi nous. Prendre le soleil avec modération, mais pas l’écoute de “Sunburn” de Sylvan Esso. J’adore ce duo. La voix d’Amelia Meath est reconnaissable entre mille d’autant que les mélodies et rythmes electro pop sont toujours un peu déstructurés et inattendus. Ce single est le reflet parfait de cette conciliation pas évidente entre la pop entraînante et l’originalité rythmique.
Si vous êtes arrivé.e jusque là, j’ai un petit service à vous demander : répondre à l’enquête de lectorat.
Vous pouvez également partager le contenu sur les réseaux sociaux ou auprès de collègues. Vous êtes mes meilleurs ambassadeurs !
Vous souhaitez être accompagnés vers la société à mission ?
Si vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement, échanger sur vos réflexions liées à la raison d’être ou la société à mission, vous pouvez me contacter par réponse à cet email si vous me lisez depuis votre boîte, sinon par email si vous lisez depuis votre navigateur. Plus d’infos sur mon site.
Pas de missive la semaine prochaine mais un épisode de podcast en revanche,
Vivien.