#75 Est-ce vraiment "le bon moment" ?
Pour s'interroger sur sa mission par exemple ; Décryptage de la mission de la Banque postale et plein d'autres actus (15')
Chers lectrices, chers lecteurs,
Cette semaine n’est pas comme les autres. Vous aurez remarqué un nouveau logo. Cela fait un petit moment que je le prépare. Je tiens à remercier Amélie, Emma et Erick de Syntagme pour une super collaboration !
Deuxième grande annonce : le podcast de La Machine à sens est désormais lancé. Le teaser est en ligne. Peut-être l’avez-vous passé sur LinkedIn. Mais, ce que vous n’avez peut-être pas encore vu, c’est le premier épisode ! Il est désormais en ligne et accessible sur toutes vos plateformes d’écoute. Vous retrouverez mon entretien avec Bertrand Charles et Fabien Hospital, les co-dirigeants de Consors Intelligence, entreprise à mission spécialisée dans le renseignement d’affaires.
Dans cet entretien, nous avons parlé de leur métier d’enquêteur sans concession (forcément un peu d’Orpéa aussi), de la manière dont ils se sont réorientés sur l’ESG depuis quelques années, comment et pourquoi ils sont devenus entreprises à mission et ce que cela a déjà pu changer dans leur entreprise, leur développement commercial et leur rapport à leurs partenaires. On a également parlé d’interdépendances, de sculpture sociale, d’indignations et de fil à plomb.
L’échange est absolument passionnant. Je le recommande chaudement à toutes les entreprises de services qui peuvent parfois s’interroger sur la manière de se réinventer quand elles ne “sont que des outils pour les entreprises”.
L’épisode est structuré en quatre parties. Si vous l’avez apprécié et plus globalement, si vous souhaitez donner un coup de projecteur sur le podcast et me donner un petit coup de boost, vous pouvez laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast ou sur Spotify (uniquement possible depuis un smartphone).
Merci de votre écoute, de vos retours et de vos étoiles ⭐!
Cette semaine, je m’interroge : l’actualité est anxiogène—comme souvent—mais la guerre en Ukraine lui fait atteindre de nouveaux sommets. Ce conflit est omniprésent dans les médias, dans nos discussions, dans les décisions à prendre, dans les réflexions sur l’avenir. Bref, impossible d’échapper à ce sujet. Il bât en brèche de nombreux acquis ; il rappelle des heures sombres où les termes d’invasion et de nucléaire se tutoyaient.
Et donc, est-ce vraiment le “bon” moment pour réfléchir à des sujets comme l’entreprise à mission, le rôle de l’entreprise, sa culture, ses valeurs ?
Oui ! Paradoxalement.
On peut s’inspirer de la courbe du deuil de Kübler-Ross, très souvent utilisée pour évoquer la conduite du changement.
La phase de sidération liée à l’invasion russe est passée. Ce qui était devenu presque impensable en Europe s’est déroulé sous nos yeux.
Nous sommes désormais dans la phase d’acceptation, à rechercher des pansements à poser, de solutions de court terme : rester en Russie et/ou en Ukraine, trouver des débouchés commerciaux alternatifs, trouver des solutions d’approvisionnement alternatives, gérer les équipes qui sont en Ukraine et en Russie etc. Ce sont autant de problématiques à traiter, sachant qu’elles nécessitent des décisions immédiates bien que toutes les conséquences ne se matérialiseront parfois qu’à plus long terme.
Mais, comme toute crise majeure, cette guerre interroge : quand des pays essaient de réécrire la géographie de l’Europe, quand des millions de personnes doivent fuir leur domicile, quand beaucoup d’autres décident de résister pour leur pays, pour leur dignité, nos existences sont questionnées : et nous, quel est le but de notre existence ? Quelle est notre contribution individuelle dans la société ? Comment notre entreprise, que l’on soit dirigeant, collaborateur, actionnaire ou salarié, participe-t-elle à dessiner un avenir désirable ?
Il s’agit d’une guerre aujourd’hui, d’une pandémie il y a encore quelques heures. Les crises majeures rythment notre quotidien depuis plusieurs années et ne nous leurrons pas : c’est le nouveau normal. Rappelons les dernières lignes de la synthèse aux dirigeants du nouveau rapport du GIEC :
L’accumulation des preuves scientifiques est sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et pour la santé de la planète. Tout délai supplémentaire en faveur d’une action globale concertée et anticipatrice en matière d’adaptation et d’atténuation manquera une brève fenêtre d’opportunité, qui se ferme rapidement, d’assurer un avenir vivable et durable pour tous.
Dans un tel contexte, l’interrogation profonde est salutaire. Bien servir ses clients et faire son travail dans de bonnes conditions sont des leviers d’engagement évidents, mais dans une réflexion plus large, ne peut-on pas vouloir que les entreprises participent davantage à façonner cet avenir désirable ?
Quand le monde se dérègle, certains se recroquevillent sur ce qui est connu, ce qui est contrôlable de peur de devoir penser l’impensable. Ils ne franchissent jamais vraiment la phase d’acceptation. D’autres adoptent une attitude plus proactive : ne pas se résigner, trouver des solutions et chercher un cadre engageant pour face aux imprévus et à l’inconnu.
C’est là que le sujet d’entreprise à mission trouve tout son sens. Il requestionne le quotidien, demande à tout le monde de projeter l’entreprise dans l’avenir, engage chacun à se positionner sur son rôle à jouer à son niveau pour participer à cette direction commune. On parle souvent de la mission comme une boussole pour les entreprises, mais dans un contexte volatile, la mission peut également servir de fil à plomb, pour reprendre l’idée de Bertrand Charles dans le podcast, de centre de gravité.
Au sommaire :
🏦 Décryptage de la mission de la Banque Postale
🌡️ La pression s’intensifie sur les acteurs financiers pour agir en faveur du climat
😮 Salesforce annonce une cinquième valeur constitutive
😯 Une filiale d’Engie se prend du gaz en pleine tête
🪴L’Allemagne n’a pas annoncé qu’une augmentation de son budget militaire
❓La raison d’être plus attractive que la mission chez les jeunes ?
🤯PWC sort son nouveau Women in Work Index et ce n’est pas brillant
📕Recension de Ce que gérer veut dire d’Armand Hatchuel
☝️A vous de voter pour le prochain décryptage : LinkUp Factory vs Beezou
🎧 Mon son de la semaine : Feu Chatterton! - “Ecran Total”
Du côté des entreprises
🏦DECRYPTAGE DE LA MISSION DE LA BANQUE POSTALE.
Merci à celles et ceux qui ont voté la semaine dernière. La Banque postale l’emporte largement.
La Banque Postale avait annoncé sa raison d’être en juin dernier en précisant qu’elle travaillait à la définition des objectifs pour devenir entreprise à mission. C’est la même démarche en deux temps que le Groupe La Poste avait suivi dans son passage en société à mission. Passons au décryptage.
La raison d’être :
Parce qu’elle est née avec une vocation citoyenne, La Banque Postale est convaincue qu’il n’y a pas de création de valeur durable sans partage, pas de dynamisme économique sans vitalité des territoires, pas de développement pérenne sans respect des limites planétaires. En proposant des services performants et accessibles, notre mission est de permettre à chacun de s’accomplir et de contribuer, par ses choix d’investissement et d’épargne, d’assurance et de consommation, à construire une société plus attentive à la planète et à tous ceux qui l’habitent. Banquier et assureur engagé, nous voulons œuvrer à cette transition juste, avec tous nos clients et tous nos collaborateurs.
Cette raison d’être dénote de la grande majorité de celles que l’on peut voir, car elle est assez longue. Chaque paragraphe porte une vocation particulière : le premier est un positionnement global ; le second est centré sur l’activité ; et le dernier sert à adresser cette raison d’être à deux parties prenantes bien identifiées. C’est un choix que je trouve plutôt vertueux. C’est une sorte de mini-manifesto qui donne plus de corps à la seule phrase à laquelle la raison d’être se limite très souvent.
L’ensemble est clair, compréhensible et inspirant. Le premier paragraphe est très ingénieux, car il traite des trois volets de l’ESG : le G par le partage de la valeur, le S par la vitalité des territoires et le E par le respect des limites planétaires.
Le second paragraphe permet d’aller plus loin dans la démarche en s’attaquant au cœur d’activité de l’entreprise. C’est le cœur de la mission qui allie une partie commerciale (la satisfaction client) et une partie inspirationnelle (contribuer à construire une société plus attentive à la planète et à tous ceux qui l’habitent). Je trouve utile l’addition du terme “accessibles” qui peut être très impliquant pour la compréhension des produits et l’accès aux services, notamment pour ceux qui sont en ligne, au plus grand nombre.
Il y a toutefois un aspect assez étonnant : la formulation laisse penser que c’est aux clients de contribuer à construire, en gros de faire les bons choix… pas à l’entreprise de l’orienter dans cette direction et de construire un business model vertueux. Il y a une forme de déresponsabilisation contradictoire avec l’esprit de la loi.
La dernière phrase vient corriger un peu ce travers en indiquant que la banque veut œuvrer à cette “transition juste” avec ses clients et ses collaborateurs. Mais, cela laisse un goût mi-figue mi-raisin.
Les objectifs
Transformer notre modèle de bancassurance par la culture de l’impact environnemental, social et territorial
Développer et promouvoir dans notre offre de bancassurance des produits et services répondant aux enjeux environnementaux, sociaux et territoriaux
Faire progresser les meilleurs standards et les pratiques règlementaires dans le secteur de la banque et de l’assurance par l’exemple de notre action
Je ne recopie que les têtes d’objectifs par souci de concision mais le communiqué de presse les détaille davantage.
Je reconnais être assez bluffé ! Ces objectifs sont puissants et véritablement transformatifs.
Le premier porte sur la mesure d’impact, non seulement dans la gouvernance, les offres, le management, mais en s’entourant de partenaires capables de les aiguiller dans cette démarche. Il est certain que les secteurs de la banque et de l’assurance vont être de plus en plus concernés par la mesure de leurs actions.
Le second porte sur l’intégration au cœur du modèle d’activité de la banque tous les aspects de la RSE—engagements forts. Il est intéressant de noter que la banque ne se limite pas aux enjeux climatiques pour intégrer également la biodiversité. C’est notable, car ce n’est pas un engagement que beaucoup d’entreprises veulent prendre aujourd’hui faute de référentiel de mesures clair.
Je trouve le troisième extrêmement important. C’est pleinement la posture qu’une entreprise rôle modèle doit adopter : participer à changer les mentalités et les pratiques dans son secteur. Il s’agit ici d’être exemplaire en interne, mais également vis-à-vis des autres acteurs financiers en prenant “des engagements pionniers”.
Au global
C’est une mission engageante, puissante et qui met La Banque Postale sur les rails de l’amélioration continue. C’est une démarche de transformation globale, qui mettra du temps avant d’aboutir pleinement. Mais c’est l’objectif d’une mission : de projeter l’entreprise dans le futur pour qu’elle adapte son modèle d’activité, mais également qu’elle affirme ses contributions pour résoudre des enjeux sociaux et environnementaux.
Cet exercice d’analyse se veut pédagogique pour toute entreprise souhaitant devenir société à mission ou en cours de transformation. Je m’évertue à être critique MAIS constructif. Vous pouvez me contacter si vous souhaitez engager une démarche de construction ou d’évaluation de votre mission.
Vous pouvez retrouver les 44 missions déjà analysées ici et mes 16 conseils pour passer société à mission ici.
☝️A VOUS DE VOTER.
Comme chaque semaine, c’est à vous de choisir la mission que vous voulez voir analysée dans la prochaine missive. Quel décryptage de mission vous intéresserait ? Il suffit de cliquer sur votre choix.
🌍 LinkUp Factory (cabinet de conseil en RSE)
🐝 Beezou (producteur de miel)
🌡️ LA PRESSION S’INTENSIFIE.
Les grandes banques risquent de connaître une intensification progressive de la part de leurs actionnaires les plus écolo-militants. Deux exemples avec Crédit Suisse et Standard Chartered. Dans une résolution d’actionnaires, onze investisseurs institutionnels ont en effet demandé à la banque suisse de clarifier un échéancier pour réduire son exposition au gaz, au charbon et au pétrole en lien avec l’objectif de +1,5°C. La résolution veut plus qu’un accord de principe, ce que la banque a déjà fait, puisqu’elle propose un reporting spécifique annuel sur ces enjeux. L’objectif pour les investisseurs serait de restaurer l’image de Crédit Suisse écornée par plusieurs scandales et qui restent un des principaux financeurs de projets liés aux énergies carbonées.
La banque britannique subit une pression similaire même si moins intensive de la part de quelques-uns de ces actionnaires. Pas certain que ces résolutions aboutissent, mais elles traduisent un changement progressif de dynamique, qui va forcément s’accélérer.
😯L’ESSENTIEL, C’EST LA SUITE.
Salesforce a annoncé il y a quelques semaines qu’ils ajoutaient une cinquième valeur à leur arc. Sustainability fait donc son entrée aux côtés de trust, customer success, innovation, et equality.
Un gros effet d’annonce ? Certains pourraient penser que c’est pour faire bonne impression, se donner une bonne image auprès de candidats potentiels quand on connait la tension en matière de recrutement, d’envoyer un message à la concurrence. En partie, mais gageons que c’est assez rare pour une entreprise de communiquer sur l’évolution de ses valeurs.
Cette annonce publique est également le reflet d’une appropriation du sujet de la durabilité par l’entreprise. Salesforce est connue pour faire de ses valeurs un élément constitutif dans ses prises de décision.
L’annoncer publiquement, c’est aussi s’ouvrir à la critique, à l’opposabilité par des parties prenantes externes. Mais, c’est également annoncer un cap. Salesforce ne cherche pas à montrer qu’ils sont exemplaires, mais qu’ils se fixent un cap pour le devenir : qu’ils se mettent dans une démarche d’amélioration continue. Il n’y a plus qu’à, comme on dit.
😮OH LA FUMEE…
Un peu d’embarras s’installe chez Engie et plus particulièrement chez une de ses filiales Storengy, qui stocke le gaz. Une enquête de RMC révèle que l’entreprise aurait un recours un peu trop facile à la mise à l’évent, autrement dit le renvoi de gaz dans l’atmosphère, et ici du méthane, dont on connait l’impact nocif sur le réchauffement climatique.
Cette pratique est réalisée pour des raisons de sécurité sur des opérations de maintenance. Le souci est que ce gaz pourrait être capturé, ce qui est très rarement le cas, souvent pour des questions de temps et d’argent. Vu le positionnement d’Engie, pas facile de justifier ces raccourcis…
La citation de la semaine
Serait-ce positif que toutes les entreprises soient à mission dans 10 ans ?
Si toutes les entreprises étaient à mission avec le dispositif de suivi et d’évaluation de leurs performances environnementales, avec un reporting de même nature que celui qui est fait dans le domaine financier, appliqué à l’extra financier, ce serait très bien. S’il n’y a pas de cadre de référence, de langage commun, forcément ça partira dans tous les sens. Il y aurait, à ce moment-là, un galvaudage et un dévoiement du terme de mission. (Entretien de Thierry Sibieude, professeur à l’ESSEC, dans Carenews)
Du côté de la politique
🪴PAS QUE POUR L’ARMEE.
Il y a eu beaucoup d’attention portée sur la décision allemande d’investir un total de 100 milliards d’euros au budget de défense. Un geste conséquent—dans mon ancienne vie, j’aurais passé mon temps à analyser cette annonce. Mais, on a un peu moins entendu parler des 200 milliards d’euros que l’Allemagne va consacrer aux enjeux climatiques.
Une partie va venir remplacer le manque à gagner lié à la suppression de la surtaxe EEG, qui pèse sur le coût de l’électricité pour les usagers. Mais, 90 milliards devraient être réservés au fonds pour le climat et la transformation. C’est un rééquilibrage pour les Verts qui n’avaient pas bien accueilli les dépenses supplémentaires dans le budget de Défense. Mais, c’est également une réponse aux nombreuses critiques, dont la Cour constitutionnelle elle-même, qui accusent le gouvernement allemand de laisser les efforts de décarbonation aux futures générations.
Du côté des idées
❓RAISON D’ETRE > MISSION ?
Dans un article de Challenges, Véronique Pierré explique que la raison d’être est un outil plus probant que la société à mission vis-à-vis des jeunes recrues diplômées. C’est surtout lié à l’ignorance du dispositif. Le terme de raison d’être est davantage connu.
En tout cas, il ressort de cet article que ces outils juridiques sont particulièrement à propos pour les jeunes en recherche de sens—ce qui n’est pas le cas de tous les étudiants. Mais, également qu’ils restent trop peu connus.
🤯30 ANS !
Selon PwC qui vient de publier son dernier Women in Work Index, il faudra 30 ans dans les pays de l’OCDE pour combler l’écart entre les taux d’emploi des femmes et des hommes si l’on suit la trajectoire actuelle. Plus dramatique encore, il faudra 63 ans pour en finir en finir avec les écarts salariaux entre femmes et hommes. Concrètement, très peu d’entre nous seront encore en vie pour le voir. Peut-on trouver cela acceptable ??
Suite à la pandémie, l’Index a connu sa première baisse depuis longtemps. En effet, de nombreuses femmes sont sorties du marché du travail, soit en raison de licenciement ou pour gérer les affaires familiales. “L’amende de la maternité” a en effet été amplifiée avec la pandémie et le rôle accru des mères dans les tâches domestiques et familiales.
Le rapport évoque en outre un enjeu peu couvert jusqu’à présent : la TEE est-elle favorable à l’emploi des femmes ? On entend toujours parler des millions d’emplois que cette transition va créer. En revanche, on souligne beaucoup moins le fait que beaucoup d’entre eux seront dans des secteurs où les femmes sont aujourd’hui sous-représentées, notamment dans l’énergie et l’industrie.
Sur les 33 pays analysés, la France occupe la 23e place. On peut se féliciter qu’elle ait gagné une place ; mais ce n’est pas glorieux.
📕RECENSION. ARMAND HATCHUEL, CE QUE GERER VEUT DIRE. VOYAGE A TRAVERS LES DERIVES ET LES REINVENTIONS DE L’ENTREPRISE CONTEMPORAINE, MA EDITIONS.
Armand Hatchuel est une figure incontournable des sciences de gestion en France et le père spirituel de la société à mission. Dans Ce que gérer veut dire, il nous replonge dans 16 ans de chroniques pour Le Monde publiées entre 2004 et 2020. C’est un moyen captivant de se replonger dans l’actualité économique de ces deux décennies vue au travers du filtre d’un universitaire chevronné. C’est un moyen également de rentrer dans la pensée d’Armand Hatchuel, qui expose de nombreuses idées sur l’histoire de l’entreprise, son rôle, son évolution.
La philosophie de l’auteur repose sur un élément fondamental : l’entreprise évolue et son histoire ne s’arrête pas à une logique marchande et financière. Comme il le rappelle à longueur de chroniques, l’entreprise moderne, celle qu’on connait, ne date que de la fin du XIXe siècle.
Dans ses chroniques, Armand Hatchuel revient sur un autre élément constitutif de sa pensée : l’entreprise comme source de création collective. En effet, moult chroniques reviennent sur ce phénomène d’innovation systématique qui est finalement récent et s’est accéléré ces dernières années, depuis qu’on parle d’innovation disruptive aussi fréquemment. Il dédie un chapitre à ses chroniques sur l’industriation, c’est-à-dire l’ensemble des activités interdépendantes de toutes natures qui permettent à un lieu de production d’émerger—on pourrait parler de création d’écosystèmes en faveur de l’industrialisation ou dans le cas de la France la réindustrialisation.
Il est difficile de résumer cet ouvrage. En 16 ans, Armand Hatchuel a abordé d’innombrables sujets, sur le management, sur “l’irresponsabilité de l’entreprise actionnariale”, sur l’émergence de la RSE et de la mission ou encore sur le rôle du dirigeant. Essayant de produire un édito hebdo de qualité, maintenir un niveau de qualité sur autant d’années est une prouesse !
Ce que gérer veut dire se déguste par bout, car il n’est pas organisé de manière chronologique. Chaque chapitre est thématique, mais on peut presque prendre des chroniques de manière indépendante. C’est probablement la meilleure manière de rentrer dans cet ouvrage sinon aussi dense et multi-thématique.
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage ici ou dans votre librairie préférée.
Mon son de la semaine
J’aime beaucoup l’environnement poétique de Feu Chatterton! doublé d’une identité musicale bien marquée. Leur dernier album est un joli bijou. “Ecran Total” est probablement le morceau que j’écoute le plus souvent. Hypnotique et irascible en même temps !
Si vous êtes arrivé.e jusque là, j’ai un petit service à vous demander : cliquez sur ❤ si vous appréciez la missive. Cela m’encourage et permet de savoir les sujets qui vous intéressent.
Vous pouvez également partager le contenu sur les réseaux sociaux ou auprès de collègues. Vous êtes mes meilleurs ambassadeurs !
Vous souhaitez devenir société à mission ?
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A jeudi prochain - pour de vrai cette fois-ci,
Vivien.