#121 Les confusions autour de l'entreprenariat à impact
Pas l'apanage de l'ESS, aussi l'accompagnement comme bonne pratique, l'unité des équipes, l'investissement durable et bien d'autres choses
Chère lectrice, cher lecteur,
Bienvenue dans cette 121e missive ! Rentrons directement dans le vif du sujet avec le sommaire :
💭 Les confusions autour de l’association entre l’entreprenariat à impact et l’ESS
🧳 GreenGo va aider ses hébergeurs à s’améliorer
♾️ La mission comme moyen d’unir ses équipes et de continuellement s’améliorer
🎖️ Le Prix de la Marque Engagée récompensera une entreprise à mission
💰 La Commission européenne ne donne pas une définition unique de “l’investissement durable”
📖 La RSE bien ancrée dans l’esprit des entreprises
🌍 Une utile série de vidéos pédagogiques sur le réchauffement climatique
🧠 Un peu plus de jus de crâne avec les packagings du futur, des chaussures de running éco-conçus et l’optimisme
🎧 Mon son de la semaine : Evgeny Grinko - Morning Chimes.
Bonne lecture à picorer ou à dévorer !
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La notion d’impact dans l’entreprenariat suscite un grand engouement depuis quelques temps, mais c’est devenu une notion un peu fourre-tout. J’en ai déjà parlé. Ce qui est plus gênant, c’est quand certains s’accaparent l’idée ou l’attribuent à tort à certains pans de l’économie. Quelques exemples récents avec l’ESS.
Le Mouvement Impact France connaît sa petite controverse actuellement. L’organisation va renouveler son conseil d’administration. Une seule liste a été constituée emmenée par Julia Faure, fondatrice de LOOM, et Pascal Demurger, DG de la Maif. On peut regretter qu’il n’y ait qu’une liste, mais là n’est pas le sujet de la controverse.
Le cœur du problème se trouve dans le fait que cette liste comprend des entreprises plus grandes, qui ne relèvent ni de l’ESS, ni de “l’économie à impact” et qui parfois ne sont même pas membres du Mouvement, notamment KPMG, la SNCF, L’Occitanie et Doctolib.
Cela en bouscule certains comme Emmanuel de Lutzel, vice-président d’Habitat et Humanisme. Il pose la question : “Le fait qu’une entreprise soit sérieuse dans sa stratégie de responsabilité sociétale en fait-il automatiquement une entreprise à impact ?”. Bastien Sibille, président du mouvement Licoornes, se veut très vigilant sur cette évolution qui interroge la nature du Mouvement, ainsi que son enracinement dans l’ESS.
D’autres, comme Philippe Zaouati, CEO de Mirova, conteste cette vision : “Les niveaux d’engagement d’une entreprise solidaire d’insertion et d’une société à mission ne sont pas identiques. Il y a évidemment des risques de dérive et de mauvaise utilisation de ces concepts. Mais comment imaginer que l’on va faire basculer l’économie sans utiliser tous les leviers disponibles ?”. Pour lui, il faut embrasser plus large “pour polliniser le reste de l’économie”.
Il y a effectivement une vision parmi certains acteurs de l’ESS d’être porteurs d’une forme de vertu supérieure au reste de l’économie, comme si seul leur modèle était bon pour la société. C’est embêtant de penser cela, car c’est présomptueux et discriminant. N’est-ce pas finalement contraire aux principes de l’ESS… ?
Nous n’en sommes plus au stade des guerres de chapelle et des postures de principe. Il y a des éléments très pertinents dans l’ESS qui peuvent, voire doivent, infuser dans l’économie plus traditionnelle et ça ne se fera pas en restant dans un entre-soi. Accessoirement, l’ESS pourrait également évoluer sur certains aspects aussi en acceptant de se mélanger davantage.
En outre, l’impact n’est pas l’apanage de l’ESS, loin s’en faut. Ce n’est pas parce qu’on porte une vocation sociale dans son projet que cela en fait une entreprise à impact, tant qu’il n’est pas piloté, mesuré et amélioré.
Le second élément récent est un article dans BeABoss intitulé “Qu'est-ce que l'entrepreneuriat à impact ?”. L’auteur lie explicitement l’entreprenariat à impact et l’économie sociale et solidaire. C’est une vision restrictive.
Par ailleurs, l’article véhicule une confusion très fréquente. Il suffirait pour se revendiquer de l’entreprenariat à impact de vouloir “créer un impact positif positif sur le monde, en répondant à des enjeux sociaux ou environnementaux”. C’est ce courant des entreprises “impact natives”. Il est très salutaire et indispensable que de très nombreux entrepreneurs créent des business models vertueux, contributifs et positifs pour la société.
Mais ne confondons pas volonté d’impact et réalité d’impact. Ce n’est pas parce qu’on crée des solutions vertueuses qu’elles ont un impact. L’impact se mesure, non pas par le nombre de produits vendus ou le nombre de fois qu’un service a été utilisé, mais par l’utilité sociétale de son produit ou service. Cela nécessite de créer des indicateurs maison (on ne parle pas du nombre de tonnes de CO2 évités en utilisant des matières recyclées plutôt que vierges sur des produits neufs par exemple). C’est plutôt l’Indicateur d’Alignement Humain chez Alenvi ou le nombre de repas sauvés chez TooGoodToGo pour n’en citer que deux.
Bref, quand on parle d’impact, personne n’en a l’exclusivité, pas plus l’ESS que d’autres mouvements, et plus le nombre d’entreprises intéressées par l’impact et sa mesure augmentera et mieux ce sera pour la société.
🧳 GreenGo accompagne ses hébergeurs pour qu’ils s’améliorent
La plateforme d’hébergement éco-responsable GreenGo a décidé de proposer des modules de formation à ses hôtes pour qu’ils progressent dans leurs démarches environnementales.
L’entreprise avait déjà initié pas mal de démarches notamment dans la sélection des hébergeurs, mais elle s’est rendue compte de la difficulté que certains pouvaient avoir à s’améliorer. D’où des formations en ligne pour les accompagner dans les démarches, les bons gestes, les prix etc.
C’est une démarche bienvenue. Je le dis souvent : une entreprise ne peut pas changer les choses seule. Elle a besoin d’embarquer son écosystème. Cela peut passer par des chartes, des modifications dans les produits ou services, mais cela inclut souvent de prendre le temps de former, d’accompagner, de répondre aux questions. Sur le papier, cela peut sembler du temps perdu, mais c’est un investissement payant pour respecter ses engagements vis-à-vis de ses parties prenantes, à commencer par ses équipes, mais également ses clients, ses actionnaires et d’autres plus éloignées a priori de l’organisation.
♾️ La mission comme moyen d’unir une équipe et d’ouvrir de nouvelles portes
Le sujet de l’entreprise à mission intéresse pas mal les experts comptables (si j’utilise comme indicateur le nombre de mémorialistes experts comptables qui me contactent sur la question). Dans un récent épisode du podcast de La Machine à sens, je suis retourné prendre des nouvelles d’Octavie Véricel, associée-fondatrice de Quovive, cabinet basé à Lyon.
Elle explique comment la mission a infusé dans son cabinet de 8 collaboratrices. Cela les a unies et leur a permis d’ouvrir de nouvelles portes. J’aime beaucoup quand Octavie dit : “Quand on s’est lancé, on s’est dit que la société à mission, c’était fait pour nous, parce qu’on l’est déjà. En démarrant, on se rend compte que non, tout est à faire. Après une année, on se dit qu’on a déjà beaucoup fait, qu’est-ce qu’il reste ? Et non l’année suivante, on en a encore.”
Ce travail sur la mission a permis à Octavie et son équipe de réaliser que la mission ouvrait des réflexions sur le cabinet dans 10 ans. N’est-ce pas formidable !
Vous pouvez retrouver l’épisode sur toutes les plateformes d’écoute ici. Je pense que le cas de Quovive peut s’appliquer à n’importe quelle TPE surtout dans ce type de métiers : experts comptables, avocats, consultants, communicants etc.
🎖️ Participez au Prix de l’Entreprise à mission lors du salon Produrable
Comme tous les ans, lors du salon Produrable, rendez-vous incontournable de la rentrée sur la RSE, les organisateurs et LinkUp organisent le Grand Prix de la marque engagée.
Plusieurs catégories sont ouvertes, dont celles de l’Entreprise à mission. Je vous encourage à y réfléchir pour participer, mais pas trop longtemps. Les candidatures seront clôturées le 9 mai.
Toutes les infos sont disponibles ici.
💰 L’investissement durable, c’est à chacun de le définir
La Commission européenne vient de rendre sa réponse sur la définition de “l’investissement durable” dans le cadre de la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), réglementation clé pour les fonds d’investissement.
La réponse : à chacun de le définir, de communiquer et d’appuyer la définition d’outils et de méthodologies précis. Si certains pourraient regretter le manque d’harmonisation, cette décision a été plutôt bien accueillie par les gestionnaires, car cela renvoie à chacun ses responsabilités.
Il faudra toutefois être encore une fois vigilant sur la transparence des méthodologies utilisées et la clarté dans la manière dont les éléments sont présentés…
Une série pédagogique sur le changement climatique
Beaucoup d’entre vous ont probablement vu ou entendu parler de la série de vidéos “Dessine moi l’éco” avec l’agence Sydo. Cela avait connu un très beau succès. L’équipe rempile avec Time for the Planet (tout fraîchement rebaptisé Team for the Planet) et l’association “C’est vrai ça ?” sur le changement climatique.
Reprenant les codes et le format de “Dessine moi l’éco”, ces vidéos viseront à démêler le vrai du faux sur la question. La première porte autour de la question “le changement climatique, c’est naturel ?”.
📖 La RSE, bien ancrée dans l’esprit en entreprise
La RSE est désormais un incontournable pour beaucoup d’entreprises, mais les actions sont trop souvent insuffisantes. Selon une étude du IBM Center for Business Value, 76% des dirigeants estiment que la RSE (ESG dans l’étude) est centrale dans leur stratégie. 72% la considèrent même comme génératrice de revenues davantage que comme un centre de coûts.
Mais, dans les faits, le passage à l’action ou l’accélération n’est pas satisfaisante. Les deux principales raisons pour les répondants sont le manque de données pertinentes en interne (41%) et les barrières réglementaires (39%).
L’étude montre également que les entreprises en maîtrise sur les sujets de RSE ont des résultats économiques supérieurs de l’ordre de 10% de CA en plus par rapport aux entreprises en retard. A cela s’ajoutent d’autres éléments positifs sur un meilleur engagement vis-à-vis des clients et des talents, ainsi que pour favoriser l’innovation.
🧠 Un peu plus de jus de crâne
A quoi ressembleront nos emballages maintenant que la vaisselle jetable a été interdite ? L’Usine Nouvelle était au salon Sandwich & Snack Show pour scruter les innovations en matière de réemploi.
Si, comme moi, vous êtes frustrés quand vous cherchez des chaussures de course éco-conçus, l’histoire de la nouvelle paire de la marque suisse On expliquée dans Fast Company vous éclairera sur les défis à relever.
Episode passionnant du podcast de Pauline Laigneau avec Philippe Gabilliet sur l’optimisme. Ca décoiffe et ça casse pas mal d’idées reçues ou souvent véhiculées.
J’aime les morceaux parfaits que l’on aime écouter en se baladant dans la rue sans but. C’est exactement ce que j’ai ressenti en écoutant “Morning Chimes” d’Evgeny Grinko. Cette balade au piano est poétique et enchanteresse.
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A mercredi pour le prochain décryptage,
Vivien.
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